la géognosie positive, ou comme spéculation de haute philosophie,
recherchant les modifications successives de la nature organique. Dans
aucun cas on ne peut en faire ni une science distincte, puisque les faits
quelle embrasse appartiennent, soit à la botanique, Soit à la zoologie;
ni la base de la géognosie, puisque les caractères palæonthologiques,
malgré leur utilité, seront toujours aussi accessoires dans la science des
formations que la connaissance du gisement doit l’être dans l’étude de
la Flore et de la Faune antiques : vérité sur laquelle on ne saurait trop
appuyer dans un moment ou, entraîné par le haut intérêt qu’offre la
palæonthologie, on paraît disposé a abandonner les véritables fonde-
mens des découvertes géologiques.1
A la vue d’un spectacle, aussi imposant que celui des variations que
l’organisation a subies sur la terre, il était difficile que l’esprit de système
ne reprît pas son essor. Cette nouvelle carrière d’observations était
à peine ouverte, qu’on s’empressa, sans égard pour la petite portion
du globe encore étudiée, pour le petit nombre de faits observés, pour
la difficulté et souvent l’impossibilité de la détermination Rigoureuse
des fossiles, pour les circonstances qui avaient pu les exclure déVcertains
dépôts, les entasser dans d’autres, faire varier les espèces et5 même les
genres suivant les influences auxquelles étaient soumises des diverses
localités, qu’on s’empressa, disons-nous, d’attacher son nom à des géné-
ralisations qu’il n’était pas encore permis d’entrevoir.
On assujettit la création à des lois de modifications successives ou
de renouvellement complet à certaines périodes ; on fixa l’existence de
certains genres dans des limites étroites, qu’il ne leur étaitq)as;permis de
dépasser, etc. On ne se borna pas à ébaucher des théories qui, quoique
prématurées, auraient pu stimuler l’observation; on retomba entièrement
dans l’esprit de système, en voulant remonter aux causes qui,
dans l’atmosphère ou dans l’intérieur du globe, avaient-produit ces
variations.
i . Nous citerons ici, à l’appui de ce que nous venons de dire, cette .singulière définition de la
géognosie, que nous lisons dans un ouvrage (Tailleurs justement estimé : «La géognosie est la
« science qui traite des cbangemens sufvenus dans les régnes organiques et inorganiques, à la
« surface du globe. » (L y t ll, Principhs o f geology. )
On doit distinguer desees systèmes, les recherches théoriques de M.
Cordier- sur la chaleur centrale, et celles de M^Deshayes sur les fossiles
du terrain tertiaire; restreintes aux limites de l’observation, elles nous
paraissent, quoique susceptibles d’être modifiées dans les rapports
numériques, offrir un modèle de ces théories limitées qui hâtent la
marche de la science, sans jamais l’égarer.1
lüétude des fossiles rendit à la géognosie le service important de
faciliter les rapprochemens entre des terrains éloignés, et en outre de
faire reconnaître l’identité entre des formations, ayant conservé leur
position et leurs caractères originaires,let les parties de ces formations
que les agens intérieurs du globe avaient déplacées et dénaturées.
Il en résulta la démonstration la plus évidente de cette vérité, entrevue
parles anciens, que i’écorce terrestre avait été brisée et soulevée, et
que ce phénomène s’était étendu dans certains cas aux couches même
les plus récentes.
Les grandes inégalités de la surface terrestre rie furent^plus que le
résultat de ces catastr ophes, et toutes ces prétendues lois auxquelles on
avait voulu soumettre l’orographie, ces axiomes de géographie physique
donnés comme le résultat de l’observation et qui n’étaient dans le fond
que des inductions systématiques, durent disparaître-pour toujours.
Du moment que l’on eut reconnu que les couches très-ii\clinées avaient
été redressées et que les inégalités de la surface du globe étaient le résultat
de fractures et de soulèvemeas, la détermination de leur époque
ou de leur âge relatif se trouva fixée entre l’âge du terrain le plus
récent qu’ils eussent affecté et celui du terrain le plus ancien qui n’en
av^it pas éprouvé l’influence.
M. de;;Buch et surtout M. de Boue, firent, les premiers, l’application
de cè principe aux parties les mieux connues de l’Europe ; mais il
appartient à M. Elie de Beaumont d’avoir résumé en une théorie générale
leurs observations, et celles qui lui sont propres : théorie hardie,
sans aucun doute, dont les détails n’ont pas été à l’abri de la critique,
i . Nous'pouvons dire dès à présen t que les nombreux fossiles du terrain, subapennin que-nous
avons recueillis eu Morée, ont apporte de nouvelles ’’preuves en faveur des lois établies par
M; Desbajes. «