Ion galion et la réunion des cavités situées sur une ligne de plus grande pente. On
peut affirmer, en outre, que le voisinage de la mer est une circonstance nécessaire,
puisque le phénomène en action ne se présente nulle part dans l’intérieur des
terres, pas même dans le voisinage des eaux douces ni sur les hautes cimes neigeuses,
et que de plus sa sphère d’action, bien apparente sur le littoral, ne s’étend pas à
plus de 4o mètres au-dessus du niveau de la mer et i 5oo à 2000 mètres du rivage.
On ne peut guère douter, d’après ces circonstances, que Y aura marina (ou les
particules du flot emportées par le vent) ne soit la cause première du phénomène;
qu’elle agit mécaniquement par imbibition et cristallisation, à la manière des solutions
salines concentrées sur les Roches dites gélives, et en outre hygrométrique-
■ment, en fixant l’humidité dans les parties qu’elle pénètre. Le Calcaire se trouve
ainsi désagrégé par la cristallisation du Muriate de soude et l’évaporation de. l’eau
d’imbibition.
Cet effet doit sans doute être moindre que s’il était produit par des Sels, qui
absorbent, comme le Sulfate de soude, beaucoup d’eau de cristallisation; mais il
n’est pas sans: résultat. Les cavités se forment ainsi sur toutes les surfaces, et ensuite
les eaux pluviales et de rosée créent les sillons, en se dirigeant suivant les lignes
de plus grande pente et entraînant les parties désagrégées.
Nous expliquions ainsi ce .phénomène d’une manière toute mécanique, ne
croyant pas que la réaction du Muriate de Soude sur le Carbonate dé Chaux, proposée
par Bertholet pour expliquer la formation des lacs deNatron, fût généralement
admise ; mais un de nos plus savans chimistes et voyageurs, M. Boussingault,
nous ayant appris que cette réaction était constante dans certaines circonstances
de concentration et de température, nous n’hésitons pas à admettre cetté cause du
phénomène, qui explique encore mieux et la concentration du Fer et de la Silice
par suite de la production dé^Sels solubles, et les teintes ocreuses qui s’étendent
sur tous le&.rivages à la surface des Calcaires corrodés.
Nous ne croyons pas qu’après ce qui vient d’être dit on puisse supposer que la
corrosion de ces Roches littorales date d’une époque antérieure'a la nôtre; de ces
temps où, suivant.quelques géognostes, « des pluies acides lavèrent la surface des
« rochers, où des torrens d’eau acide, s’élançant du sein de la terre, dissolvaient
« tout sur leur passage, donnaient naissance au diluvium de la vallée du Rhin et
« creusaient des vallées.#
Au reste, l’examen des monumens historiques réfuterait cette objection. Partout
dans la Grèce les monumens antiques situés dans la sphère de Y aura.marina
portent les mêmes traces ^érosion. Nous citerons comme le fait le plus remarquable
de ce genre un petit temple situé sur un cap à la partie méridionale de Salamine:
sa construction appartient au style hellénique le plus ancien, et ses matériaux sont
un Calcaire bréchoïde, formé de Tuf eide Marbre blanc; les surfaces sont tellement
corrodées, qu’il est difficile de reconnaître les arêtes et les joints de séparation
des blocs. Il en est de même d’un temple que nous avons vu avec M. le colonel
Bory près le cap Matapan, à l’ancien port de Psamathus. Nous citeron's encore
Arcadia, située à peu près à la limite de cette action, lieu où elle se montre- empreinte
sur les rochers base de la citadelle^sur les constructions cyclojïéennes, et enfin
sur le château du moyen âge qui les surmonte. Dans ces trois positions la grandeur
des sillons croît avec l’âge des surfaces à découvert.
Tirynthe, située à 2000 mètres de la mer et à 2,5 mètres au-dessus de son niveau,
paraît très-rapprochée de la limite à laquelle l’action marine peut s’exercer d’une
manière sensible. Cependant on voit sur la surfaç^de ses remparts élevés depuis
.3200. ans , quelques petites cavités nues et beaucoup d’autrês recouvertes de matières
vertes ou de Lichens, comme si la mer en avait été jadis plus.rapprochée.
Nous allons voir ces mêmes sillons.se retrouver dans la Morée vèrs la limite de
tous les riyages anciens; depuis long-temps ils avaient été observés par de Saussure
et par M. Brongniart dans diverses parties de l’Italie et des Apennins plus ou moins
éloignées de la mer, mais sans qu’on -eût reconnu leur relation avecles actions
érosivès du littoral.
Cet ordrie de phénomènes, malgré la petitesse de ses effets, nous semble favorable
à l’appréciation du teinps, en ce que la cause- étant simple et constante, les effets
doivent être sensiblement proportionnels au temps; tandis que les autres chronomètres
géognostiques, tels que l’épaisseur des dépôts marins ou d’attefrissement,
dépendent de causes " variées et variables en intensité.
Tout ce que nous venons de dire dans ce paragraphe ne s’appliquait qu’aux
Marbres et au Calcaire compacte; les mêmes actions produisent des effets beaucoup
plus puissans, mais dont les caractères sont tout-a-fait diifférens , sur les bancs
solides du Calcaire tertiaire : sa porosité et sa désagrégation facile nè^ permettent
d’y reconnaître ni les petites cavités ni les sillons; il se creuse irrégulièrement ou
s’enlève par plaques à la surface des'monumens; mais comme l’action des autres
agens atmosphériques le détruit rapidement, il est difficile de reconnaître ce qui
appartient exclusivement à l’action de Y aura marina. Ainsi à Égine le temple de
Jupiter Panhellénien, construit en Calcaire compacté et en Calcaire tertiaire, est,
par son élévation1, à l’abri de toute action de cette nature sur la première de ces
1. Quand nous avons fixé à 15oo ou 2000 mètres la distance à laquelle s’arrête l’action de
l’aura marina, nous n’avons entendu parler que de la zone où toute végétation est détruite; car
cette action s’étend à une distance infiniment plus grande; on peut même dire quella totalité de
la surface du Péloponèse y est sdutnisq. Sir Humphiy Davy a observé, à seize fieues de la°mer,
des flocons d’écume provenant de la mer. On cite à la suite d’une tempête des eaux de pluie qui,
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