Tous ces Calcaires ont en général un aspect bleu foncé ou gris noirâtre, et sont
compactes ou subsaccharoïdes; ils ressemblent beaucoup, dans ce. dernier cas, aux
Calcaires bleus et noirs de transition de la Belgique et du» nord de la France; polis,
ils sdntÿ'comme ceux-ci, généralement d’un très-beau noir; et ceux qui renferment
beaucoup de Nummulithes et de petits débris fossiles, comme au Maenale, au
Saïta, au Ziria et au Parthénius, ressembleraient tout-à-fait au Marbre Granitelle
des Ecaussines,près de Mons en Belgique; ils forment une nombreuse suite d’assises
assez régulières, ne dépassant guère un mètre de puissance.
Les fossiles problématiques, que nous avons rencontrés dans ces Calcaires près
de Guiosa, ayant été l’objet d’un examen très-attentif de la part de M. Deshayes,
ce savantt zoologiste les a-reconnus pour appartenir à des restes de Radiolithes
(Radiolithes problematicus Desh., voyez 3.“ série, Pl. XXV, fig. 28) dont la partie-
interne a été dissoute et la partie corticale seule est restée : phénomène qui se
remarque souvent dans certaines espèces de coquilles, mais qui paraît être général
pour tous ceux de la formation crayeuse. Ces restes de Radiolithes ressemblent à
un cône alongé,' formé par une suite d’anneaux qui paraissent autant d’articulations
; mais ces anneaux ne sont autre chose que les accroissemens successifs
qu’a éprouvés la^coquillè, à mesure que l’animal vieillissait. Cette observation est
importante, en ce qu’elle confirme les rapports que, d’après les caractères miné-
ralôgiques et les circonstances de gisement, nous avions déjà établis, non sans
quelques doutes (car nous n’avions pu suivre la continuité de formation avec les
localités voisines), entre ces Calcaires à fossiles problématiques et ceux à Nummü-
lithes du Saïta, du Ziria, des environs de Tripolitsa et du Parthénius, qui contiennent,
avec des Nummulithes, des fragmens d’Hippurites et autres fossiles.
Les environs de Tripolitsa .présêntent un Calcaire marneux compacte^^’un bleu
clair et blanchâtre, à fossiles abondans, convertis en Spath calcaire d’un beau noir
de jais, qui paraît appartenir au Système des Calcaires bleus, mais dont nous n’avons-
pu bien saisir les rapports de gisement. U ressemble assez bien à un Calcaire d’eau-
douce, et renferme de- nombreuses coquilles “spirées, indéterminables^dont les
unes pourraient être de grandes Mélanies, et les autres des Paludines mélangées
avec beaucoup de Madrépores (voyez 2/ série, Pl. X, fig. 2 et 3). Ce Calcaire est
intéressant, à cause de l’analogie de position qu’il paraît présenter avec un Calcaire
marneux noir, à Huîtres, Paludines et Mélanies, des enyirons de la Grasse, dont
l’identité de composition est presque complète. Nous-avons comparé les échantillons
des deux localités , et sans les différences de co'uleurs il serait assez difficile
d’en faire la distinction. M. Dufrénoy,-dans son travail sur la Craie du midi de lit
France, place le Calcaire de la Grasse avec les Grès ferrugineux, friables, à rognons
calcaires de grosseur variable, qui forment la base de la montagne d’Angoulême,
et qui renferment, avec des Gryphées colombes, aussi.des Paludines, tout-a-fait
à la partie inférieure du Système crayeux. ■
Cette circonstance du mélange des coquilles, marines avec dés:-coquilles d’eau
douce , a permis à M. Dufrénoy d’établir un rapprochement entre cette formation
de Grès et de Calcaire du midi de la France, et le groupe Veldien ou l’Iron-Sand
des Anglais; quoique dans la Grande-Bretagne tous les fossiles soient presque
entièrement d’eau douce : c’est à cette formation qu’appartient le Purbeck-Stone
calcaire d’eau douce, qui fournit d’excellentes pierres de construction, et qui a la
plus grande analogie avec les Calcaires delà Grasse et de Tripolitsa. Nous n’oserions
cependant établir le même rapprochement entre cette formation de l’Angleterre
et le Calcaire à fossiles marins et d’eau douce de la- Morée; car le mélange des fossiles
dans cette formation Veldienne, tantôt entièrement d’eau douce, comme en Angleterre,
tantôt en partie marirfe et en partie d’eau douce, comme dans le midi de la
France, ne peut être dû qu’à des circonstances locales : ce sont des dépôts d’embouchures,
qu’il serait bien extraordinaire de voir se reproduire avec, les mêmes
circonstances dans des localités si éloignées. Aussi aVOns-nous plutôt cherché à faire
ressortir l’analogie des caractères que présentent les Calcaires de la Morée avec ceux
des diverses localités que nous venons dè citer, qu’à établir entre eux un parallélisme
qui pourrait bien ne pas exister, quoique la chose ne soit cependant pas impossible.
Une circonstance qui semble indiquer une origine un peu différente entre les
Calcaires à corps marins et d’eau douce de Tripolitsa, et les Calcaires noirs à
Nummulithes et Hippurites de la même localité, c’est que les fossiles des premiers
sont convertis en Spath calcaire noir, qui tranche sur la pâte blanchâtre de là,Roche;
tandis que les Nummulithes, les Hippurites et autres fossiles des Calcaires bleus et
noirs, onj, .été convertis en Spath calcaire blanc; en sorte que l’on peut dire qu’il
y a eu là deux modes de fossihsation bien distincts, à moins que l’on n’attribue
cette dissemblance à la nature des coquilles; mais il est probable que cela tient
plutôt aux circonstances différentes dans lesquelles elles se sont trouvées. Ces Calcaires
à coquilles d’eau douce de «Tripolitsa donneraient,, comme on peut s’en
assurer par l’inspection de nos dessins, un Marbre demi-deuil de la plus grande,
beauté.
Les Calcaires bleus de la partie orientale de la plaine de Tripolitsa nous ont
paru dans des circonstances de. gisement parfaitement identiques avec ceux, du
Saïta et du lac Phonia: ils y forment toute la chaîne qui, dirigée du S. S. K au
N. N. O., s’étend depuis le village de Hâgiorgitika jusqu’au débouché de la plaine
de Mantinée; vers la partie méridionale ils se prolongent sous, la plaine jusque
vers le gouffre*ou katavothron qui reçoit les eaux du Saranda-Potamos, se relèvent
ensuite et forment tout le massif du Saint-Élie de Berzova, qui domine 1 ancienne
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