Les filons de Fer oligiste que nous avons vus traverser les deux Groupes precé-
dens, pénètrent aussi dans le Groupe entritique. Nous les avons observés en plusieurs
lieux, notamment aux environs du village de Stephania, ou ils paraissent, d après
la quantité de Scories que l’on rencontre dans le sol alluvial, avoir été exploités
dans l’antiquité. Nous reviendrons sur ce sujet à la fin de ce chapitre, en traitant
des substances accidentelles.
Avant de quitter ce gisement si intéressant des collines du bassin inférieur de
l’Eurotas, nous résumérons ainsi nos observations. La succession des Roches que
nous venons de décrire, se réduit à quatre Groupes*principaux.
Le premier Groupe ne nous offre que des Brèches et quelques Poudingues,
formés de Marbres divers, de Calcaires subsaccharoïdes et de Calschistes. Celui de
nous (M. Virlet) qui a étudié avec soin la position de ce groupe, a observé qu’il
occupait manifestement la partie inférieure du Système; ce qui doit, sans doute,
s’expliquer par une disposition en éventail et un renversement produit par l’apparition
du Terrain entritique.
Le second Groupe, formé de Roches schisteuses, se lie au précédent, soit
que la cause de cette liaisdn provienne d’une cémentation contemporaine de 1 apparition
des Roches entritiques, ou de la postériorité du dépôt schisteux, formé en
partie des débris du Groupe précédent.
Le troisième se compose à peu près des mêmes élémens; mais il a été formé en
partie par voie dl cristallisation et en partie par voie d’agrégation mécanique. Il est
au premier ce que certains Grès rouges sont au Porphyre rouge, et certains agglo-r
mérats trachytiques au Trachyte, avec cette différence cependant, que dans ceux-ci,
en général, la force de cristallisation, due sans doute à l’action de la chaleur,
paraît s’être transmise aux agglomérats ayee beaucoup moins d’intensité que dans le
Groupe entritique,
Le quatrième, composé uniquement de Roches feldspathiques et magnésiennes,
massives et d’origine plutonique, a pour type le Prasophyre ou Porphyre vert
antique. (Voyez Pl. XV, fig. 3.)
Les marais de l’Hélos séparent le Terrain porphyrique de Stéphania des plaines
de Brinico et de Bézani, dont le sol est formé de Porphyre à base d’Aphanite, de
Mimophyres et surtout de Spilites. Un peu plus loin, en se rapprochant du cap
Xili, on voit les lits des torrens rouler des blocs d’un Porphyre qui ne diffère
du Recèdent que par la couleur un peu brune tirant au violâtre de sa pâte (voyez
Pl. XV, fig. 4). Le gisement de la Roche en place ne doit pas être éloigné; car on
marche dlja sur les tranches des diverses Roches entritiques et magnésiennes que
nous avons décrites,*Les masses non stratifiées courent comme les couches des
Schistes violets et verts, au milieu desquelles elles sont enclavées. Leur direction
TERRAINS PRIMORDIAUX DE LA MORÉE. 4 4 7
est exactement celle des Roches de Stéphania, N. N. O. - S. S. E., comme si elles
n’étaient que le prolongement des mêmes bancs, interrompus par le marais et le
golfe d’Hélos.
Le plateau sur lequel était construite la ville d’Asopus est formé par la tranche
des couches de Schistes anciens et des bancs du groupe entritique qui s’élèvent
verticalement et s’arrêtent de la manière la plus surprenante; On les dirait coupés
pour former une surface horizontale, qui s’étend fort au loin vers Monembasie,
et que le Terrain tertiaire recouvre, de distance en distance, en couches horizontales.
Du côté de la mer, le rivage forme une pente abrupte, où toutes les, couches
viennent aboutir dans une position verticale. C’est un gisement a recommander
aux voyageurs que les ruines d’Hélos, d’Asopus et de Cyparissia attireront dans
ces lieux; ils y trouveront l’occasion la plus facile d’observer un fait géologique
important, et qui, par la présence d’une Roche célèbre dans lantiquité, auij&pour
eux un nouvel intérêt.
Si l’on continue, à suivre vers le nord-est la base du mont Courcoula, qui s’élève
isolé comme une pyramide entre les plaines de l’Hélosgjjjet celle de Katavothron,
connue des anciens sous le nom de Leucé, les Roches feldspathiques, cachées sous
les alluvions de la plaine, reparaissent dans la vallée qui conduit au nord vers
Apidia et dans le bassin fermé, situé à l’est de ce village. Ce sont principalement
des Amygdaloïdes à pâte de Pétrosilex amphiboleux et noyaux bleus, dont nous
ignorons la nature ; d’autres à pâte d’Aphanite brune et noyaux calcaires. Des filons
d’Épidote et de Fer oligiste traversent ce terrain. Ce joli bassin calcaire est entouré
de Marbres grisâtres, dans lesquels on aperçoit quelques empreintes de fossiles, entre
autres des Dicérates? Il est remarquable de voir les Spilites, qui s’étendent en nappes
dans les plaines autour de la montagne de Courcoula, s’élever jusqu’a la hauteur de
six cents mètres dans une gorge qui coupe son sommet dans la direction de l’est
à l’ouest; elles sont accompagnées des mêmes Schistes verts et violets, et ceux-ci
des Calschistes que l’on rencontre également dans la plaine. Ces Roches n’occupent
que le fond de la gorge et rejettent au nord et au sud des crêtes de Calcaires
bleus, en partie convertis en Marbres blancs, qui s’élèvent à près de mille mètres.
On dirait que pendant que les Roches entritiques détruisaient le Calcaire de la
plaine et s’épanchaient sans obstacle, elles soulevaient à une grande hauteur les
masses plus compactes qu’elles ne pouvaient pénétrer et détruire.
Ce Terrain sç prolonge vers l’est jusqu’auprès d’Épidaure-Liméra, ruine qù’on
appelle aujourd’hui le vieux Monembasie, dans la vaste dépression qui, coupant la
chaîne Monembasique de l’est à l’ouest, s’étend du golfe de Laconie au golfe Argotique,
et il est à remarquer qu’au çol entre Théodoros et Sikia . des Serpentines