Mîj©s , que les Romains prononçaient et écrivaient Melos, et qui provient, à ce
que prétend Festus, du nom d’un capitaine phénicien qui fit la conquête de l’île
et y- fit construire üne ville.
D’autres Silex très-Variés se trouvent encore à Milo; tous sont le résultat de
transmutations chimiques. Il semble souvent qu’on và prendre la nature s.ur le fait :
on observe en effet en beaucoup de points des Roches conglomérées qui ne sont
qu’en partie siliçifiées ‘et conservent en partie leur structure première; de certains
Trass ou Alunites. blanches sont ainsi à moitié porcelanisés et à moitié encore à
l’état terreux : ce sont comme des Quartz nectiques qui envelopperaient des noyaux
ou rognons,de Jaspe blanc, tantôt mat, tantôt résinoïde ou ressemblant à de la
Porcelaine. On trouve d’autres variétés de Jaspes, gris cendrés, sanguins, etc.; des
Silex améthystes, rouges, laiteux, blancs,"gris, etc.; le Quartz agate calcédonieux
ou opalin n’y est pas rare. Les couleurs tiennent au mélange des substances qui composaient
les Roches avant leur transformation. Enfin, nous avons encore observé
un conglomérat en-partie silicifié, passant au Porphyre? siliceux verdâtre, où des
cristaux de Feldspath vitreux commençaient à se former.
La Pierre ponce'(^ xiaaqçtç des anciens, 77 èhctCpçozrerçcc des- Grecs modernes
et lePumex des Latins), se trouve quelquefois très - abondamment répandue dans
certains conglomérats, principalement du côté d’Apollonia, où on en voit de très-
gros morceaux ; il s’en trouve des'fragmens d’une,espèce très-légère, très-spongieuse,
d’une assez grande blanchçur, et cependant beaucoup plus consistante que celle
dont il a été question dans notre description du Néo.-Kaymméni de Santorin* on
reconnaît dans sa masse quelques lames de Mica..noir et de petits cristaux de
Feldspath vitreux; il y en a aussi de beàùcoup plus-grises et plus denses. •:
Théophraste en citant les Pierres ponces de Milo, qui passaient dans l’antiquité
pour être les meilleures et les plus propres à âdoücir la peau, dit qu’elles étaient
très-légères. Les anciens semblent avoir connu Ils transmutations chimiques que
certaines Roches peuvent éprouver; le mémeauteur ajoute que les Pierres ponces
de Mélos s’engendrent dans d’âutres' pierres et se forment de la même manière
que 1S Pierre de Lipari, qu’il dit devenir toute poreuse , en jse brûlant et ressembler
à la Pierre ponce, changeant tout à la fois et sa couleur noire et sa densité. La
Piçrre de Lipari était sans doute 1-Obsidienne perlée, car elle se trouvait au milieu
des Pierres ponces, en fragmens détachés et. dans des espèces de*cellùles. On voit,
d’après un passage de Pline le jeune2, .pù il dit : a Homo complus et p um ica tu sque
chez les anciens, comme chez les modernes, les hommes et les femmes en faisaient
1. Pages 5o et 7 7 , trad.de^Hill.
2, Lib. I I , episl. 11, S* 23-
usage pour adoucir la peau. Grosse1 remarque aussi que les jeunes gens s’enlevaient
le poil follet du menton avec la Pierre ponce, et que les marchands d’esclaves faisaient
faire la même opération à ceux qu’ils voulaient vendre pour moins âgés qu ils
ne l’étaient. Elle servait encore, suivant Catulle, Pline3, Martial?, et Dioscorideé,
pour polir le vélin : ces deux derniers auteurs, après avoir donné des détails sur
les usages auxquels on l’employait dans la médecine, disent que les anciens en
faisaient encore une poudre pour nettoyer les dents.
• Le Soufre (ro Séùv des Grecs anciens, ro BeiceQt des modernes), qui paraît
résulter, suivant M. Boussingault, de la combustion lente du gaz acide hydrosulfu-
rique, se trouve en masses et petits filons aux environs de la montagne de Kalamo ,
à la Soufrière, où il recouvre les parois de la grotte en masses cristallisées ou en
aiguilles, quelquefois mélangées de Gypse et d’Alun. On le trouve également dans
le quartier appelé Rheuma, au milieu des Pierres meulières, qui ne sont autre chose
que des Alunites silicifëres, à un état d’altération un peu plus complet que la Brèche
siliceuse du Mont-Dore, où le Soufre existe aussi mélangé. Dioscoride5 et Pline6
citent le Soufre de Mélos comme étant de la meilleure qualité et ayant une légère
teinte verdâtre qui le faisait., préférer par les anciens à celui d’Italie.
La température élevée du sol volcanisé de Milo annonce qu’il est encore travaillé
par les feux souterrains; plusieurs points sont brûlans à la surface, mais c’est
surtout dans les cavités un peu profondes qu’on s’aperçoit des anomalies qu’il
présente à la loi d’açcroissement de température, d’après la théorie de la cKaleur
centrale. Des deux anciennes carrières d’Alun que nous avons pu visiter, l’une a
fait monter le thermomètre centigrade à 35° et l’autre à 38°, bien qu’elles soient
peu profondes et à peu près au même niveau. Il est à remarquer que la température
d’une de ces grottes n’a pas sensiblement varié depuis long-temps, puisqu’Qlivier,
qui la visita vers l’année 1794» a trouvé sa température égale à 3o° Réaumur, 37°,5
centigrades. La grotte des Corsaires (rôov xovçccéçeov), située au pied du Saint-Elie,
ainsi appelée parce que du temps que les corsaires occupaient l’île, ils y firent
disposer plusieurs chambres où ils allaient, comme dans une étuve, suer pendant
quelques jours pour se guérir de maladies syphilitiques, présente aussi une température
fort élevée dans son intérieur; c’est une grotte naturelle, d’où il se dégage
de la vapeur d’eau qui ramollit la peau et facilite les sécrétions. •
1 . Tome I I , page 288.
. 2. Lib. XXXVI, cap. ai. 3, Lib. V, Epigr. 118. 4* Lib. V, cap. 116. * 5. Lib. V, cap. 124.
6. Lib.’ XXXV, cap.%5. - ■ é "■ r
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