qui est en pente douce et dans le Sens du plan des couches, que ces filonS-coupent
perpendiculairement. Une remarque assez curieuse, c’est que la Baryte paraît s’être
beaucoup plus développée à travers les couches du Grès, que dans le Granité, où
elle se trouve bien plus mélangée avec le Fer, et seulement disséminée dans les cavités
du filon, rempli, pour ainsi dire, alors par le Fer seul, ce qui semblerait indiquer
que le Granité a plus favorisé la sublimation du Fer que celle de la Baryte, et que le
contraire aurait eu lieu dans les Grès. Sans recourir aux causes qui ont pu déterminer
ces différences de condensation: des deux substances, selon les Roches qu’elles avaient
à traverser, nous remarquerons que ce Tait s’accorde très-bien avec ce que l’on a
observé depuis long-temps dans beaucoup d’autres filons métalliques, qui sont plus
ou moins riches, selon la nature des bancs du terrain qu’ils traversent.
Le Fer qui nous occupe forme donc sur la montagne de Mavrospilia une
véritable calqtte qui enveloppe son sommet (voye^la coupe de cette montagne,
planche IX, figure 5,*2.* série); il a pénétré dans toutes les fissures et a recouvert,
du côté le plus abrupte, chacune,des tranches des couches, de telle sorte
que celles-ci paraissent comme autant de bancs de Fer massif; mais en les brisant
l’on reconnaît que ce ii’est qu’un enduit superficiel de deux à six pouces d’épaisseur
tout au plus. Le Grès, qui en a été plus ou moins pénétré, est devenu
rouge, comme s’il avait pasgé au feu;,quand les bancs sont épais, ce n’est seulement
que la Surface, jusqu%troisvOu quatre pouces-de profondeur, qui est ainsi
colorée; l’intérieur- ayant conservé sa couleur primitive,gris jaunâtre. Cette croûte
de Fer contient souvent des fragmens de Quartz, débris du Grès qui ont été enveloppés,
ou empâtés, lorsqu’il s’est déposé à la surface. Dans quelques endroits il
présente des parties mamelonnées qui sont comme autant de boursouflures , ou bien
il forme de petites géodes, qui prèsque toujours^enferment des cristaux de Baryte
sulfatée, laquelle a pénétré aussi quelquefois dans le Grès et l’a rempli de petites
lames brillantes, qui lui donnent alors une apparence cristalline.*
La' présence de ce gisement de Fer dans lé voisinage et même au-dessus des
Pegmatites décomposées, est à remarquer, en ce qu’elle tendrait à faire généraliser
une observation déjà faite par M. Brongniart, que les Kaolins, ou pou r parler d’une
manière plus géologique, les Pegmatites décomposées, seraient toujours placées dans
le voisinage de gîtes métalliques; en sorte que la décomposition de ces Roches pourrait
très-bien être attribuée au phénomène qui a produit les substances métalliques
avoisinantes; fait qui viendrait à l’appui de la nouvelle^théorie de la modification
des Roches postérieurement à leur formation. Aux environs de Limoges et en
Bretagne; comme à Mycone, les Kaolins sont dans le voisinage de gîtes métallifères,
et il est très-probable qu’il en sera de même en Portugal et en Chine, lorsque les
gisemens de Kaolin de ces contrées auront été étudiés.
La formation de Grès repose sur un Calcaire bleu et noir, très-fétide, qu’on
voit percer au pied du Mavrospilia; il est un peu grenu et affecte les mêmes accidens
que le Calcaire gris compacte, dont nous avons parlé plus haut; et bien que de
couleur différente, il est probable que l’un et l’autre appartiennent a la même
formation; cependant ils ne nous ont offert aucun débris de corps organisés, à
l’aide desquels nous eussions pu établir leur contemporanéité : notre opinion n’est
donc fondée que sur le voisinage des deux localités, et parce qu’ils ont été modifiés
de la même manière.
Dans la partie sud-ouest de l’île, et vis-à-vis Délos, se trouve une seconde
presqu’île, qu’on appelle Anavolousa; elle est en grande partie granitique et n’est
rattachée que par un petit isthme formé de sable. Dans la partie supérieure de
cette presqu’île, vers le sommet de la montagne, on trouve un’troisième Calcaire
blanc, saccaroïde, assez semblable, quant au grain et à la couleur, à celui de Paros;
mais dont nous n’avons pu, dans l’obscurité de la nuit qui nous avait surpris, saisir
les rapports avec les Roches granitoïdes-
Le banc de sable qui forme l’isthme sépare deux mouillages, l’un au nord, voisin
de la ville, l’autre au sud, qu’on appelle Port-Amos ou Korphos; ce banc semble
se continuer sur les flancs de la montagne, qu’il unit à Mycone, par un Grès
grossier à peine agrégé, zoné plutôt que stratifié, et formé exactement des mêmes
élémens ou débris que le sable, tellement que, si celui-ci, à l’aide de quelque
ciment, venait à s’agglutiner, on ne pourrait en faire la différence. L’un et l’autre
contiennent des fragmens plus ou moins roulés des coquilles vivantes dans les
parages voisins, et conservant encore dans le Grès comme dans le sable, où chaque
jour, rejetées par les gros temps, elles viennent s’accumuler, une partie de leurs
couleurs. Aussi ce Grès nous a paru appartenir évidemment à l’époque actuelle; il
est absolument identique avec d’autres Grès que nous avons vu se former sur
plusieurs points des rivages de la Grèce, notamment aux environs de Marathonisi
et d’Arcadia. Dès l’année 1801, M. Bory de Saint-Vincent avait signalé et décrit
un fait de ce genre dans l’île de Mascareigne (Voyage dans quatre îles des mers
d’Afrique, tome III, page i 85). Le Grès d’Anavolousa est incliné de 20 à 25
degrés, et s’élève de l’isthme sur les flancs de la presqu’île à 5o ou 60 mètres
au-dessus du niveau de la mer1. En examinant ce terrain si récemment soulevé,
1. Voyez la coupe générale de Mycone (planche IX , fig. 3 , 2 .' série); cette coupe est faite
suivant une ligne brisée en un point placé vers le centre de l’ile , et indiqué sur la coupe par
une espèce de girouette, qui indique que d’un côté elle se dirige vers le N. N. E. jusqu’au port
Panormôs et la montagne de Mavrospilia, et de l’autre vers le S. O . , en passant par l’isthme et
la presqu’île d'Anavolousa, de manière à faire voir le Grès récent qui la recouvre en partie.
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