il se séjrait encore manifesté à la fin du mois de Mai de l’année i 5o8 de nouvelles
éruptions, qui furent précédées de commotions; mais il n’èst.pas dit que ces?phé-
n©mènes- volcaniques aient contribué à l’accroissement de l’île. SqivaritRaspe1, il
n’y aurait eu qu’un tremblement de terre qui aurait séparé Thérasia en deux parties;
mais Thérasia, depui^sa séparation de Santorin, n’a jamais, à ce qu’il paraît, formé
qu’une seule île.
Depuis cette époque, Hiéra n’a plus subi de bouleversement ; son sol est en grande
partie dp à des soulèvemens de Laves consolidées au fond de la.mer; la plupart des
éruptions qui l’ont accrue n’ont-été que sous-marines : du moins il ne paraît pas qu’il
y ait jamais eu de cône d’éruption qui se soit élevé au-dessus desteaux et ait établi
une communication directe de l’intérieur du volcan avec l'atmosphère; il n’en reste1
aucune Imge dans l’île; on y remarque seulement des fentes qui résultent des mou-
vemens du sol. Un jésuite, ayant visité l’île peu après l’éruption de i65o, observa
que l’une de ces fentes, dont la profondeur était considérable, avait alors1 plus de
huit pieds de large .et s’étendait dans toute la longueur de l’île. Rien, d’ailleurs dans
les différentes relations qui nous ont été transmises sur les éruptions dont nous
venons de parler, ne permet dé préjuger qu’il y ait eu quelque cône d’éruption avec
cratère, comme à la Petite- ou à la NouveUe-Kayminéni. Quoi qu’il en soit, l’inspection
de sa surface indique une originelrpeù près analogue à celle de ces dernières :
elle a été formée en grande partie par l’exhaussement successif de Laves consolidées
et pan le ^encours des matières incohérentes vomies par le volcan, lesquelles ont
donné heu à la formation des conglomérats ponceux, des Cinérites et des-Pépérinos
qu’on-y observe. Les habitant de Santorin prétendent que les eaux de la Calangue,
où l’on mouille vers la partie méridionale de l’îlot, ainsi que celles du petit port
dit Vulcano à Néo-Kaymméni, deviennent rouges quand le vent du sud-est souffle.
Nous avons en effet observé que le fond de la mer y est chargé d’pxide de Fer, au
point que les amarres des*bâtimens en sont bientôt couvertes: il est consé.quemment
possible que la mer âgitée soulève parfois?ce fond ferrugineux, qui communique
alors à l’eau une teinte rougeâtre; mais nous n’avons observé ni de ces dégagemens
de gaz ni de ces bouillonnemens qu’on' nous avait assuré y avoir quelquefois lieu;
d’ailleurs l’eau n’y était pas, lorsque nous visitâmes les lieux, à une température
plus élevée qu’autre part.
Aux Roches que nous avons déjà signalées comme constituant une partie du
sol,de Palæp-Kaymméni, nous devons ajouter les deux variétés suivantes, qui nous
frappèrent par leur masse et qui existent près du port San-Nicolo.
i.° .Obsidienne porhpyroïde noire, smalloïde, passant au Tracbyte; elle a une
structure rqjjanée due à des zones violâtres à texture trachytique.
j . Insularum hist. nat. , cap. I I , 5.
2.° Porphyre trachytique d’un gris-bleù clair, à très-petits cristaux de Feldspath
vitreux et pâte un peu lithoide, à structure imparfaitement schisteuse, présentant
des surfaces de feuillets violâtres ou blanchâtres, à grains de Trachyte. Ce Porphyre
renferme une proportion assez notable de muriate de Soi&de, erigforie qu applique
sur la langue on lui trouve le goût du Sel marin. La surface cPun gros bloc de cette
Roche nous a offert un fait É&ez curieux : elle était entièrement remplie de' cavités
irrégulières de deux à quatre pouces de profondèur, très-rugueuses et caverneuses,
ressemblant souvenj aux ca'vités de.certains L i i^ o #m e s ; cet état nous;a paru
résulter dU moulage de la Lave contre un corps vertical, qui a ensuite été
dissous, la disposition'des cavités ne permettant pas de supposer que les deux
? corps aient pu se dégager l’un de l’autre sans laisser des morceaux enlacés; et elles
sont si bizarres qu’il n’est pas possible de se figurer l’espèce de corps au moulage
duquel elles paraissent dues.
MiKRO-KiYMMÉNi ou Petite-Brûlée. Jle fut e n ^ S que ce nouvel écueil volcanique
sè forma au milieu du golfe de Santorin, à peu près vers la «<ntS.de la
distance qui- sépare Palæo-Kaymménî du port de Thira. Maigre son; origine si
récente, la relation des phénomènes qui accompagnèrent sa naissance n’a pas été
conservée, et le père RichardJ^qui nôùs'à transmis la date de cet événement, se
borna à dire qu’à l’époque où Ü. se trouvait à Santorin, bon nombre de vieillards se
rappelaient encoré d’avoir vu apparaître cette petite île au milieu des flammes, du
tonnerre et des éclairsï Nous avons reconnu au premier coup d’oeil qu’ellef^st due
en partie au soulèvement de Laves déjà consolidées % en partie auxTéjecâëns de
matières incohérentes qui se sont élevées eb'un petit cône d’éruption, encore très-
bien conservé et terminé par un cratère (voyez la carte particulière des Kaymméni
par M. Bory de Saint-Vincent, Pl. V de la î.” série). On peut facilement pénétrer
dans le cratère par le côté du nord, à travers les masses énormes d’Obsidienne
porphyroïde noire qui en obstruent ¡’échancrure et ne permettent pas de pouvoir
juger de sa profondeur totale; les autres côtés du cratère, entièrement composés de
matières incohérentes, de cendres et fle-Ràpîllis, sont dun accès plus difficile; il
n’a guère que quarante à cinquante pieds d’élévation, ,â'-'-peine le cinquième de la
hauteur du cratère de Néo-Kaymméni. Il a été autrefois un peu plus élevé qu’aujourd’hui;
car, pendant que la Nouvelle-Kaymméni s’élevait et se formait, la Petite
s’affaissa notablement, et de telle sorte que des magasins qui avaient été construits
à la base du cône, à cinq ou six pieds au-dessus du niveau de la mer,' se trouvèrent
ensuite au-dessous, de manière que les bateaux pouvaient y entrer et y rester a flot.
i . Relation dé l’ile de Santerinij Paris, i&5 7 , in-12.