les Grès avaient été disloqués, ce qui n’a- pas eu lieù, du moins dans la région
qui nous occupe, et puis nous n’aurions p,as pu observer ces passages horizontaux
du Porphyre aU Jaspe,, et de celui-ci à l’Àrkose, qui nous ont surtout frappé,, et
qui constatent, mieux que toute autre preuve, la vérité de ces transformations.
Nous reviendrons ailleurs sur ce fait important, en donnant la description de
cqUe île Intéressante, qui se compose en outre de Terrains schisteux, anciens et
tertiaires, de Trachytes et conglomérats trachytiques.
. Enfin, nous avons lu avec beaucoup d,’attention tout ce que M. Beudant a dit
dans son grand ouvrage sur la Hongrie, deS'Pierres, meulières (Mühlstein-Porphyr)
qui y sont exploitées aux environs’de Koéhigsberg, de Schemnitz,' de-Tokai, etc.,
qu’il a désignées par le nom de Porphyres molaires; et nous nous sommes convaincu,
d’après les descriptions détaillées qu’il donne de la Roche qui les fournit,
les circonstances géologiques qui la caractérisent, et les rapports qui existent entre
elle et les conglomérats trachytiques et ponCèux, si abondans dans cette province
en grande partie trachytique, qu’il y a l’identité la plus parfaite entre les Roches
meulières de la Hongrie et celles dela-Grèce; tous les caractères, jusqu’à la présence
des filons d’Agate, d’Améthyste, etc., dont elles sont traversées dans les deux contrées,
sont dans un rapport tellement frappant de ressemblance, qUe les descriptions
de-sM> Beudant pourraient s’appliquer en grande partie aux Roches dé Milo et
dë'Cimolis. Aussi.nous ne mettons point en doute que les Porphyres molaires de la
Hongrie n’aient la même origine que les.Silex meulières de ces deux îles, et que là, '
comme ici, ces Roches ne résultent de la ^transmutation des conglomérats ponceux
par l’action du feu et des fluides élastiques; cela admis, nous'sommes porté
à.conclure que l’Alunite, dont on connaît en Hongrie plusieurs gisemens exploités,
y est bien plus répandue, qu’on ne l’a cru jusqu’ici, puisque le Porphyre molaire
lui-même doit être une Roche alunifère. Si M. Beudant n’a pas été amené à tirer
de ses recherches les mêmes conséquences que nous, cela tient sans doute en partie
aux difficultés qu’il a toujours éprouvées d’observer les passages horizontaux, qu’il
ne soupçonnait probablement pas alors dévoir exister, et en partie à ce qu’à-l’époque
où il a publié son ouvrage, si remarquable d’ailleurs à tant d’égards, les idées en
géologie étaient bien différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. En étudiant sous le
point de vue nouveau, par lequehnous venons d’erivisager certaines Roches'dites
ignées, il est très-probable qu’,on’parviendra* à recônnaître que beaucoup d’autres
Roches ignées ont dû avoir la même origine, et qu’on n’aura plus besoin,de les
supposer toutes venues des profondeurs de la terre pour expliquer leur existence
dans tel ou tel terrain. ’Notre hypothèse nous paraît devoir appuyer celle de la
dolomisation des Calcaires-, et même être appuyée par celle-ci ; car pour nous,
les Silex meulières de la Grèce , les Porphyres molaires de la Hongrie, et ce qu’on
appelle les Brèches siliceuses du Mont-Dore, aussi bien que certaines Dolomies, ne
sont que des Roches de transmutation chimique. -
Il nous reste maintenant à parler de la Cirnolilhe ou Terre cimolée (y.ipcüXÎx,
terra sigillala), qui tire son..nom de. celui de l’île où elle fut d’abord découverte
et où elle a ‘été exploitée dès la plus haute antiquité; car elle était très en usage
du temps de Théophraste et de Dioscoride. Cette Terre abondamment répandue
dans l’île est une Argile d’un blanc bleuâtre, onctueuse et molle, résultant de l’altération
d’une Argile très-probablement un peu marneuse, par les mêmes actions
chimiques qui ont modifié le sol de Cimolis, comme celui de Milo, où cette Terre
se rencontre également.
Jusqùici on n’était pas encore bien fixé sur la nature et la position géologique
de la Terre cimolée; les uns, anciennement, la regardaient comme une Argile ordi-r
naire, les autres comme delà Craie; Obvier est venu compliquer les opinions, en
la donnant comme un Porphyre décomposé. M. Hill, dans sa traduction de Théophraste
1, est le seul qui l’ait à peu près hien caractérisée, quoiqu’il la regardât
comme une Marne blanche. En l’examinant avec quelque attention, on ne peut
avoir aucun doute sur son origine arénacée; elle présente encore des grains de
Quartz et d’autres: fragmens qui n’ont été qu’en partie altérés. Elle est en outré
remplie de petits cristaux de Gypse; souvent elle en est comme pétrie; d’autres fois
c’est en. beaux cristaux trapézoïdaux que cette substance se présente; elle contient
•en même temps de petites macles de Pyrite de Fer, que l’on retrouve en quantité au
fond des auges qui servent au lavage. Les -Gypses paraissent bien évidemment de
formation postérieure à celle de la Roche, et résulter des mêmes actions chimiques
qui l’ont modifiée; en se décomposant, les Pyrites communiquent à la Cirnolilhe
une odeur toute particulière; lorsqu’elle est sèche, elle happe à la langue, comme
toutes les Roches qui ont passé au feu.
Elle est composée principalement de Silice et d’un cinquième environ d’Alumine,
quelquefois d’un peu de Chaux-, d’une très-petite quantité d’Oxide de Fer,
d’une certaine proportion d’eau; elle contient en outre une petite proportion de
Muriate de Soude, qui va quèlquefois jusqu’à cinq pour cent. Ces données résultent
d’analyses faites par M. Vauquelin, dont nous .n’avons pas cru devoir rapporter
les nombres, qui diffèrent et doivent nécessairement, dans une Roche semblable,
varier avec chaque échantillon; elle appartient à la formation subapennine et paraît
correspondre à l’Argile bleue, qui forme, en Morée comme en Italie, sa partie inférieure.
Des Porphyres eussent aussi bien donné lieu que toutes les Roches à élémens
feldspathiques qui sont, au-dessus et au-dessous, en contact avec la Terre cimolée;
à des transmutations alunifères ; mais comme dans cette Terre l’une dès bases de
i. Traité des pierres; page 204; Paris, 17.54, in-12.