Calcaires saccaroïdes, qui donneraient encore de très-beaux Marbres, puisqu’ils
lurent exploités dans l'antiquité, où ils étaient assez renommés. Parmi ces Marbres
on en trouve de bleus turqulns rubannés et diaprés de blanc, puis de saccaroïdes;
à très-gros grains d’un beau blanc mat, nacrés et très-translucides ; puis enfin, près
le point de contact avec le Micaschiste, des Calcaires mélangés de Mica, d’un gris
sale, mais saccaroïdes; il existe aussi des bancs d’alternance qui deviennent de
plus en plus compactes,ù mesure qu’ils sont plus mélangés : fait que nous avons
déjà signalé en parlant des Marbres de Tine. Ces Calcaires sont tous plus ou moins
magnésiens. La grotte de Jupiter, beaucoup plus vaste, mais plus accessible que
celle d’Antiparos 1, est située à environ trois cents mètres au-dessous du sommet
du mont Dia, sur le côté abrupte qui regarde le nord-ouest, et dans les Calcaires
grenus dont on vient de parler; elle présente un phénomène intéressant à constater,
en ce que, comme celle d’Antiparos, elle existe au milieu des Calcaires primor-
diaux; et en ce que, comme l’indique la vue’ de l’entrée de cette grotte, elle semble
être le résultat de la flexion ou du brisement des couchés calcaires, fait qui viendrait
confirmer la nouvelle théorie, que nous donnerons plus loin, de la formation des
cavernes, en décrivant la grotte de Thermia, entièrement creusée dans les Micaschistes
et les Schistes argileux anciens.
On trouve à Naxie à peu près la même série de Roches' qu’à Mycone. Sur le
mont Coronée, dont la crête est aussi calcaire, on reconnaît, au-dessus du Granité,
des Gneiss passant aux Micaschistes, et mélangés de bandes et filons de Pegmatite;
puis de la Protoginè, passant à une Roche verdâtre de Pétrosilex, renfermant des
graips de Quartz et quelques cristaux de Pyrite de Fer, qui lui donnent, dans les
parties où elle est décomposée, tout-à-fait l’aspect d’une Roche d'agrégation méca-
nique. On a pu également voir dans la Relation que, par suite d’un tremblement de
terre récent, il y a eu dans ce Terrain près d’un couvent de religieuses grecques,
situé au nord-est de la ville, un glissement très-considérable d’une partie de h
montagne sur l’autre; accident qui coupa en deux une petite chapelle, qui se trouvait
adossée à la montagne, précisément dans la ligne où la fracture eut lieu.
On rencontre aussi dans cette montagne, comme à Mycone, des Pegmatites
décomposées; il serait intéressant de constater si, comme dans cette île, leur altération
ne se lie pas à quelque gisement de fer ou de toute autre substance métallique;
peut-être est-elle due à la présence et au voisinage de l'Émeri] ou du Fer
oligiste ?
Le principal gisement de l’Émeril existe près de la Calamitzia, au-dessous de
i . Voyez dans la Relation la description qu'en donne M. le colonel Boiy de Saint-Vincent
qui l'a visitée, et l’intéressante vue qu’en a dessinée M. de Vaudrimey (2.'série, planche XXXIX)!
Péràto, dans les anciennes terres des Jésuites, appartenant aujourd’hui aux Lazaristes
français. On recueille principalement cette substance en labourant; car on ne 1 exploite
pas, et les bâtimens qui en viennent prendre des chargemens s en servent en
guise de lest. On arrive de la ville à cet endroit en se dirigeant vers l’orient. La
route se fait en partie sur le Granité et en partie sur le Gneiss.
Partout où nous avons rencontré l’Émeril au milieu des Micaschistes et des
Gneiss, bien que nous n’ayons pas été assez heureux pour reconnaître positivement
s’il était en filons ou s’il était en amas intercalés au milieu des couches; cependant
comme toutes les parties des Roches en contact avec lui paraissaient toujours avoir
été plus ou moins modifiées et étaient souvent mélangées à la fois d’Émeril et de
Fer oligiste, et quelquefois même de Fer. oxidé résinoïde, nous n’avions jamais
douté un instant qu’il ne fut véritablement une substance de filons; mais sa présence
au milieu des Calcaires grenus, constatée, par M. Fontanier, aujourd’hui
consul de France à Trébisonde, ne peut laisser aucun doute à cet égard. Quoique
jusqu’à ce jour le Corindon n’ait pas encore été, que nous sachions, reconnu dans
les filons, cé n’est pas une raison pour Croire qu’il ne puisse s’y rencontrer;
d’ailleurs l’Émeril n’est plus, à proprement parler, un véritable Corindon; son
mélange avec une plus ou moins grande quantité de Fer oligiste, et peut-être
même sa combinaison avec ce Fer, doit l’en faire tout-à-fait distinguer, car le Fer
oligiste est essentiellement une substance de filons.
N’ayant pu visiter nous-même le gisement de l’Émeril au milieu des Calcaires,
circonstance dont nous n’avons pas eu connaissance lors de notre séjour à Naxie,
nous en emprunterons la description à la Relation de M. Fontanier1, qui le visita
dans un voyage qu’il fit autour de l’île, accompagné de M. Dumont, savant
philhellène français, attaché depuis fort long-temps au corps régulier grec en
qualité de médecin principal, et de la bouche duquel nous avons pu nous faire
répéter les mêmes détails.
Le lendemain, dit M. Fontanier, « nous allâmes visiter les mines d’Émeril. Ces
« mines se trouvent interposées entre des couches de Calcaire primitif. La transi-
« tion n’est pas brusque, mais progressive. Les couches de Calcairè sont inclinées
«.'de 40° vers le nord. Leur épaisseur, dans le lieu où se trouve l’Émeril, est de
« deux pieds; elle est de dix à quinze vers le sommet de la montagne. Il y a deux
« filons d’Émeril qui remplacent deux couches calcaires. Nous parvînmes enfin
« au village où le consul de France avait sa maison de campagne. Nous y passâmes
« la nuit; puis nous vînmes à la Calamitzia, où se trouvent les propriétés du
1. Voyages én Orient, entrepris par ordre du Gouvernement français, par Y. Fontanier; 1 vol.
in-8.° Paris 1829.