Ovide (lib. X V , y. ngS/fait dire par Pythagore à Numa que près de Trézène, où
régna Pitthée, s’élève, en un lieu qui fut jadis tout uni, une hauteur aride dont
la naissance ¿ut un prodige. L'a relation du poète, toute allégorique qu’elle est,
indique positivement que la colline se forma de matières liquides qui se durcirent
après les yonpssemens du volcan dont eüe fut le résultat»
Strabon (lib. I , p. 5g), un peu plus précis qu’Ovide, dit, en parlant les mêmes
lieux, qu’au milieu d’une plaine unie*e forma une montagne de sept stades, ou
moins d’un mijle de hauteur, et que cette montagne s’éleva à la suite de violentes
secousses occasionées par,l’éruption d’un volcan, dont la lave vomie fit bouillonner
la mer a cinq stades a la ronde^t la troubla même sur un rayon de vingt ; il s!y
forma dénormes rochers, que Strabon compare à des tours. La montagne fut
pendant quelque temps inaccessible, à cause de sa grande chaleur et des vapeurs
méphitiques qui s’en dégageaient.
Nous avons déjà émargé des raisons de supposer que ce* soulèvement de montagne,
dont parlent les auteurs de l’antiquité, ne fut qu’un accroissement du
massif de Méthana, et qu,e ce phénomène eut l ie ! vers la pointe occidentale de la
presqu île, en un endroit peu élevé auparavant, que l’on désigne encore aujourd’hui
par le nom de Kaymméni-Pétra (les pierres brûlées), parce que les Trachytes y sont
noirs, scoriacés, et ressemblent un peu au Porphyre trachytique, smalloide, noir,
des Kaymmén^ de/ Santorin. Nous remarquerons aussi que la hauteur de sept stades
(875 pas géométriques) que Strabon assigne à la,nouvelle montagne, ecst à peu près
celle à laquelle atteint le point culminant de Méthana.
Ce phénomène, rapporté par Ovide et Strabon, ne fut pas le dernier qui manifesta
la présence d’un volcan,-aujourd’hui totalement éteint; plus tard, Pausanias
(tom. I.“, chap. 34, pag. 565, de la traduction de Clavier),, dit qu’à.trente stades
de la ville de Méthana, sont les bains chauds, dont l’eau, assuraif-on de son temps,
n apparut que sous le règne d’Antigone, fils de Démétrius, roi dé Macédoine^ Cette
eau ne se fit pas jour' tout à coup : on aperçut d’abord un grand feu qui , après
avoir/ait en quelque sorte boursoufler la terre, s’éteignit peu à peu, et on vit lui
succéder une source d’eau chaude extrêmement salée. Cette source, située à trente
stades de là ville, est probablement la-même que celle qui aujourd’hui existe près
du village de Vromo-Limni, situé dans la partie orientale de la presqu’île, en face
de la pointe nprd de l’île de Poros, à peu près?à la distance qu’assigne Pausanias : il
s’est long-temps dégagé dans cet endroit des vapeur? fétides et sulfureuses, qui ont
valu à un petit parais voisin son nom de VrOmo-Limni o ïi lac puant. Il existe bien
encore dans la partie septentrionale delà presqu’île une autre source thermale sulfureuse
très-chaude, qu’on désigne aussi sous lenbqi de Vroma (¡8giïpc, puanteur);
mais celle-là se trouverait à au moins quatre-vingts ou cent stades de l’ancienne
Méthana. Elle est située entre le petit monastère de Hagios-Théodoros etKounoupitsa,
à environ trois quarts de lieue à l’est de ce village, en face de la petite île d Ankistrie.
Cette source est maintenant baignée par la mer* avec laquelle ses eatfx se confondent,
dé* telle sorte qu’il ne nous a pas été permis de déterminer sa température
d’une manière rigoureuse; elle est cependant assez élevée pour échauffer Tes vagues
à plus de dix mètres de distance du rivage. Le thermomètre, plongé dans le canal
d’ou elhfsort, a indiqué 37° centigrades. On ne peut la visiter que par un temps
de calme, car la^ôle étant escarpée dans le canton, on ne pourrait l’y découvrir,
pour peu que les flots fussent agités.'
Cette source sortait auparavant d’un niveau assez élevé au-dessus de celui de
la mer, comme l’indiquent les ruines d’anciens bains dont les constructions nous
ont paru se rapporter au moyen âge, situées à cinquante ou soixante pieds au-dessus
du niveau actuel de la source, et une légère couche d’incrustation calcaire (cette
croûte calcaire, déposée par une source qui sort du milieu d’un Terrain trachytique,
est une circonstance assez remarquable), dont plusieurs rochers sont encore couverts,
et que les Grecs nous ont désignée sous le nom dé verre puant (oto7içct veço
Kovrcc sis To vccKo fyZpcc')- Elle dégage ü£e odeur bien prononcéè d’hydrogène
sulfuré et dépose une matière blanche d’où sont venus les noms de Vromà et d eau
blanche sous lesquels on la désigne. Nous ne pourrions affirmer que cette source
soit salée, puisqu’elle sort au milieu de la mer, seulement celle-ci nous a paru un
peu moins salée qu’ailleurs, en sorte que si elle l’est un peu, elle 1 est beaucoup
moins que la mer elle-même : circonstance qui ne répondrait pas a lépithète de
très-salée que donne Pausanias à la source qu’il dit être située a trente stades de la
ville.
Eri se rendant à Hagios-Théodoros, on trouve à environ un quart de lieue au-
delà de Vromo-Lynni plusieurs petits lambeaux tertiaires, composés des mêmes
Calcairês jaunes, schisteux, marneux et tufacés qu’on rencontre sur quelques points
à Égine; nous y avons remarqué, comme dans cette île, quelques empreintes coquil-
lières, notamment celle de XArca Noe, et au-dessus existe aussi un conglomérat
trachytique à très-gros fragmens et à riment calcarifère, mélangé de paillettes de
Mica et de petitssfragmens trachytiques. A Méthana comme à Égine, l’apparition
des Trachytes paraît donc avoir précédé le dépôt tertiaire subapennin, et quoiqu il
y ait été disloqué et relevé, il est évident que ce n’a été què par des soulèvemens
postérieurs à cette première apparition: sans cela il serait -impossible d expliquer
la formation du conglomérat trachyticpie contemporain du Terrain subapennin.
En- traversant le massif trachytique de Méthana par la haute montagne située
entre Kaymméni-Pétra et Kounoupitsa, pour se rendre à Vromo - Limm, on rencontre,
vers le village de Kato-Mouska, une espèce de Trass ou conglomérat