caractères des Marnes à Lignites et des dépôts mixtes, tandis que des Calcaires
marneux etcoquilliers, plus homogènes, exhaussent lentement le fond de la haute
mer: dépôts de diverses natures, dont chacun peut représenter toute la durée de
l’époque et appartient à des circonstances particulières de gisement, et non à une
subdivision de temps dans la période actuelle.
ARTICLE IV.
Soulèvemens et phénomènes volcaniques.
Le mouvement vertical, qui a élevé de 20 à 25 mètres les alluvions ferrugineuses
est le seul soulèvement qui ait affecté en Morée les Terrains plus récens
que la formaticm^subapennine ; il est indiqué par l'escarpement des alluvions sur
le rivage les excavations dans les vallées, les lignes de lithodomes et autres traces
d’un ancien rivage dans plusieurs localités. On en trouve encore la preuve dans lé
soulèvement des Calcaires sableux du cap Malée. Nous présumons que le diluvium
ferrugineux qui recouvre la dernière terrasse littorale dans la Messénie et la Laconie,
en est le résultat, et aurait précédé immédiatement l’époque actuelle.
Un phénomène, sur lequel nous appelons l’attention des voyageurs qui visiteront
la Grèce, est l’abaissement des rivages depuis l’époque historique. Nous
indiquerons rapidement les principaux faits sur lesquels nous croyons pouvoir
appuyer cette opinion.
En parcourant toute l’étendue des côtes orientales et méridionales de la Grèce,
nous ayons trouvé qu’une grande partie des ruines des villes maritimes était
aujourd’hui au-dessous du niveau de la mer. A Ëpidauré, ce fait avait déjà été
remarqué par le voyageur anglais Dodwel; ce ne sont pas seulement des bains,
mais des temples et autres constructions, que la mer recouvre. Près du cap Skili,
des ruines de ville, que nous attribuons à Éionée, sont, d’après MM. Vaudrimey et
■Virlet, en gfande partie sous la mer. M. le colonel Bory de Saint-Vincent a reconnu
sous les eaux de la mer une partie de l’ancienne ville de Salamine. Il en est de
même à Hermione, où ce fait a été remarqué par tous les voyageurs. Pendant notre
séjour à Nauplie, on à trouvé, en creusant un puits, les ruines d’un aqueduc, à
plus de 5 mètres au-dessous de l’aqueduc actuel et à peu près au niveau de la mer,
quoiqu’il en fut encore éloigné de plus de 3oo mètres. La description que Pau-
sanias nous donne des environs de Leme et de sa forêt de Platanes, avec temples
et statues , située entre la mer et le mont Pontinus, est tout-àîfait incompatible avec
l’état actuel des lieux. On ne conçoit même pas comment on put avoir la pensée
de fonder les édifices que l’on voit en partie dans la mer, en partie sur la digue
sablonneuse au nprd des Moulins. Une ancienne route conduisait de là à Nauplie,
en passant le long de la mer; et cependant le pavé, construit dans la même direction
par les Vénitiens, est de niveau avec la mer en plusieurs points; en'sorte qu’on
ne peut pas douter qu’il ne se soit abaissé.depuis cette époque récente. Sur les
côtes de la Laconie, l’île Élaphonisi était presqu’île au temps de Pausanias, et
probablement encore au temps de Ptolémée.
Asopus, situé au nord du cap Xili, montre au-dessous de la mer les ruines
de toute la ville basse.: celles que l’on voit sur un petit plateau peuvent en être
regardées comme la citadelle. Enfin, nous avons déjà dit qu’à Gythium on ÿeut
s’avancer jusqu’au-delà de 200 mètres au milieu de murailles submergées. Il est
vrai que le port de celte ville avait été fait de mains, d’hommes, et il est possible
que dans plusieurs cas semblables les ruines appartiennent,à d’anciennes fondations,
construites au-dessous>du niveau de la mer sur une côte basse, qu’elle aura détruite;
mais l’abaissement du rivage peut seul expliquer les faits relatifs à Lerne, à Nauplie
et à Épidaure. Nous pouvons d’ailleurs citer des exemples de semblables abaissemens :
ainsi le tremblement de terre qui fit disparaître Hélice, engloutit une portion de côtes
de douze stades de largeur; et tout récemment celui qui détruisit Vostiza (en 1814?),
submergea un cap qui s’avançait au nord de cette ville.
Il nous semble que le phénomène des tremblemens de terre, qui se répète sans
cesse dans la Grèce, doit nécessairement produire ces résultats : les rivages ne
forment qu’une étroite bordure de Terrains tertiaires et alluviens dans un état
presque meuble, appuyés sur les pentes très-inclinées d’un massif rocheux; l’effet
des tremblemens de terre, qui durant notre séjour se répétaient pendant des
mois en entier, doit être de produire à la fois un tassement et un glissement sur
les pentes du massif. Si nous n’avons que peu de témoignages de moùvemens
généraux du sol dans la période récente, nous trouvons au contraire beaucoup de
traces de modifications locales dues aux phénomènes volcaniques.
Nous avons dit que l’apparition des Trachytes avait précédé la formation subapennine,
mais que chaque massif soulevé sur les grandes fractures, dont les
phénomènes volcaniques sont Veffet et non la cause, avait conservé un centre
d’actions ignées jusqu’à l’époque historique; ainsi dans l ’île d’Égine, le dôme du
mont fendu, formé de Trachytes brisés et décomposés, avait apparu après le soulèvement
du Terrain tertiaire, peut-être même dans lepoque historique; et aujourd’hui
encore des émanations sulfureuses donnent naissance à des Gypses et à des
Roches alunifères. De même Milo, Santorin, l’Argentière, ont chacune conservé un
centre d’actions plus'ou moins actives; et, enfin, dans la partie nord de Méthana
une bouche ignivome' tenta de s’établir en soulevant des montagnes, s’il faut en
croire les anciens. Nous allons donner la description du peu de faits recueillis relativement
à ce phénomène remarquable.