et plus découpés qu’ils ne le sont aujourd’hui. Les mêmes effets se produisent
encore, et il y a la même variété dans les dépôts; mais, en même temps, même
régularité dans la stratification , produite par l'alternative des saisons sèche et
pluvieuse.
Sur les côtes très-escarpées et où- n’aboutissent pas des ' torrens, comme aux
îles rocheuses d’Ipsili et d’Hydra, il se forme sous la mer des amas détritiques
ou fragmentaires, qui acquièrent promptement une grande dureté.-Nous avons
rapporté en France- de ces Brèches, formées de Cailloux calcaires et de débris de
poteries, liées par un cimènt de Calcaire cristallin et très-péu ferrugineux, dont
la dureté est telle que les fragmens se brisent plutôt que de se séparer.
Dans certaines localités la -rapidité avec laquelle les fragmens sont saisis, est
si grande qu’on n’en trouve pas un de libre (au pied d’Ipsili, à Nauplie, etc.);
tandis que souvent, a peu de distance, tous les fragmens sont mobiles ou faiblement
engagés dans une boue marneuse. Quelle que soit la cause du phénomène,
il prouve que la formation de Roches dures, par la cristallisation du Calcaire,
est toujours une action de l’époque actuelle.
En avant des plages traversées par les torrens, comme celles des côtes de
l’Achaïe, il se forme des dépôts alternatifs de Sables et de Galets; dans la saison
sèche une barre de Galets et de débris ferme toutes les embouchures du torrent,
pendant que les Sables s’étendent au large; à la saison des pluies, la barre est
emportée, et s’étend au loin à la surface des Sables.
Ce ne sont pas là les seuls dépôts produits par les torrens; nous avons vu,
au moment de la fonte des neiges, le grand torrent d’Aglado-Kampo, près des
Moulins; tracer, au milieu de la mer, un fleuve rougeâtre, jusqu’à la distance
de plus de 1000 mètres. Là, il s’épanouissait et formait une large barre, parfaitement
prononcée, au-delà de laquelle la mer avait toute sa transparence : ces
troubles ne sont qu’en partie ramenés vers la côte; ils doivent, dans tous les golfes,
former des dépôts puissans, terminés par un talus sous-marin du côté du large.
Dans les golfes étroits, comme celui de Lépante, et.dont les toruens ont une
grande puissance, les alluvions se rejoignent et doivent former dans tout le centre
un dépôt rouge homogène. C’est au milieu de ces dépôts que percent un grand
nombre de fleuves souterrains, tels que celui de Dine; fleuves qui, dans certaines
circonstances, doivent mêler aux dépôts marins les ossemens et autres débris du
continent amoncelés dans les cavernes qu’ils traversent.
Calcaires sablonneux. Nous avons acquis la certitude que des Calcaires sablonneux
se forment dans certaines localités, et acquièrent une grande foyce de cohésion.
En général, les Sables s’entassent partout où les courans sont amortis, ou par
des détroits, ou par des bas-fonds, Ou par les enfoncemens de la côte : leur surface
seule est alors mobile; au-dessous ils ont une consistance plus ou moins
grande, due à un précipité ou calcaire ou marneux, qui agglutine Sables et
coquilles vivantes. Nous avons souvent observé ce fait, en nous baignant sur les
plages sablonneuses de la Morée, notamment à Gythium près Marathonisi, et
dans le petit détroit qui sépare Élaphonisi du continent; nulle part le.phénomène
n’est plus remarquable que dans cette dernière localité, où se sont déjà formés à
une époque antérieure, mais très-récente, les Calcaires dont nous avons décrit les
carrières. La mer a très-peu de profondeur, et l’on peut enlever de son fond des
croûtes calcaires toutes remplies de coquilles, non-sèulement avec leur couleur
mais avec les animaux vivans, quoique plus ou moins engagés dans la Roche.
Les sondages exécutés dans la Méditerranée indiquent, aux plus grandes profondeurs
où l’on ait-pu atteindre, et aux plus grandes distances du rivage des
fonds de vase; aux profondeurs moins grandes et dans la direction des courans,
des fonds de sables, mais jamais des fonds de roches. Indépendamment de ces
dépôts vaseux de la haute mer, il s’en forme de moins étendus, mais plus puissans,
dans les golfes et les ports à peu près fermés, comme à Poros, à Milo- à
Navarin nous avons vu pêcher des débris de l’incendie de la flotte d’Ibrahim,
recouverts,,après dix-huit mois d’immersion, d’une couche de Marne de plusieurs
lignes d’épaisseur, à laquelle adhéraient des Huîtres, des Serpules et des Madrépores :
le Fer contribuait sans doute à l’endurcir; mais partout ailleurs la sonde ramenait
une boue blanche de même nature.-
Tout ce qui est susceptible de flotter, est rejeté dans les parties les plus
reculées de cette rade, comme de celle de Poros; les dépôts vaseux, chargés de
matières organiques, sont noirs et fétides. A Poros, les débris des forêts de pins,
transportés par les torrens et flottés par la mer, y donnent naissance à tin véritable
dépôt de Lignite résineux, comme celui du Terrain tertiaire que nous avons
trouvé à Navarin.
Résumé. Nous voyons donc se former, dans les mers de la période actuelle,
tous les dépôts que nous avons reconnus dans les périodes antérieures et sur
une échelle comparable; nos talus sous-marins, formés de débris du continent,
sont comparables, par leur puissance, par la nature de leurs cimens ocreux ou
calcaire et par leur dureté, aux Brèches ferrugineuses des anciens rivages.
Des amas successifs de Sables et de Galets, s’étendent en avant des plages à la
surface des dépôts plus profonds, comme les PoUdinguês et les Sables de la partie
supérieure du Terrain subapennin. Des Calcaires sablonneux se forment, dans
certaines circonstances, au milieu des dépôts de Sables incohérens ; phénomène
que nous a présenté le Terrain tertiaire à Coron et dans plusieurs autres localités ;
enfin, des Marnes se déposent dans les enfoncemens du rivage, avec tous les