Les Roches du Groupe entritique, dues à l’épanchement le plus ancien qui ait
eu lieu sur le continent de la Morée, sont accompagnées de Roches clastiques,'
formées de leurs débris, telles que des Argilophyres ét Mimophyres, qui montrent
encore les traces d’une cristallisation imparfaite; puis de Roches seulement agrégées,
et enfin de sédimens schisteux verts et violets, que l’on peut considérer ou
comme des dépôts formés par les eaux avec les débris les plus ténus des Roches
massives, ou comme des Argiles schisteuses, modifiées par la sortie des Roches
plutoniques.
■ Or, nous avons vu que des Schistes de cette même nature alternaient constamment
avec les Marbres et les Anagénites du Terrain'càlcaréo-talqueux, et de plus,
que dans l’un et l’autre système ils se liaient par des Calschistes à des Marbres qui
ont souvent entre eux lés plus grands rapports. Des passages analogues se remarquent
entre les Amygdaloïdes et les Marbres talqueux, par l’intermédiaire d’Argi-
lophyres abondans en Calcairè et de Marbres à structure entrelacée, tels que les
Marbres campans. Cette liaison pourrait donc n’être qu’apparente et résulter de
l’introduction des Roches porphyriques au milieu de la série préexistante- des
Marbres et Schistes talqueux.
Le Groupe entritique renferme deux classes de Roches que l’on ne trouve -que
rarement réunies dans la même localité, et qui diffèrent essentiellement par leurs
caractères minéralogiques : ce sont les Roches amygdalaires ou Spilites,etles Roches
euriüques, dont le Prasophyre fait partie. Les premières sont plus intimement liées
aux Rochegggalcaires, au milieu desquelles elles percent constamment, et peut-être
que l’abondance du Calcaire, réuni en globules et disséminé dans leur pâte, tient à
cette circonstance. .
Les Roches euritiques, au contraire, qui la plupart contiennent de la Silice à.
l’état de Quartz, nous ont toujours paru associées à des Schistes et autres Roches
siliceuses ; en sorte que l’on pourrait penser qu’elles appartiennent à deux époques
différentes. Cependant, comme nous l’avons dit, ces deux Systèmes de Roches
se montrent quelquefois réunis et offrent de véritables passages de l’un à l’autre
par des Mimophyres, des Porphyres bruns calcarifères, à pâte d’Aphanite, et des
Variolites schisteuses feldspathiques et magnésiennes; en outre, tous les deux se
montrent associés au même Groupe schisteux et siliceux : considérations qui nous
ont décidés à les réunir non-seulement comme appartenant à la même origine, mais
encore à la même époque géognostique.
Les Terrains d’épànchement trachytique et basaltique présentent une grande uniformité
de composition dans une même localité et même dans des régions fort
éloignées. Il n’en est pas ainsi du Groupe qui nous occupe; il offre une telle variété
de Rochë£; dans un même canton et souvent dans une même colline, qu’il serait
difficile et de peu d’intérêt de les décrire toutes. Nous ne nous arrêterons-donc
qu’à celles qui jouent le principal rôla^ans chaque localité.
L’on rencontre cette formation sur un grand nombre de points de la Morée.
Quoiqu’elle y soit cependant fort peu développée, elle ne fait, pour ainsi dire,'
que percer cà et là dans le fond des vallées, où elle est bientôt recouverte par les
énormes masses du Calcaire bleu. Quelquefois aussi elle se montre au fond de gorges
ou de fractures que l’apparition des Roches ignées semble avoir produites au
sommet des montagnes. Cependant dans le midi de la Laconie elle se développe
sur une plus grande ètendue-j^elle occupe de vastes dénudations, qui forment en
partie les plaines de l’Hélos ; elle se montre en outre dans une suite de collines
arrondies qui bordent cette plaine du côté de l’ouest et s’étendent jusqu’au-delà de
la route de Lébetsova à Marathonisi.
Le peu de développement de cette formation ne permet pas de lui assigner des
caractères topographiques. Cependant, dans cette partie de la Laconie on ne peut
manquer d’être frappé de la différence d’aspect de ces collines à formes molles et
arrondies, à végétation forte et à teintes sombres, avec les crêtes blanches et
rocheuses des montagnes calcaires, ou avec les plateaux ravinés du terrain tertiaire.
La recherche du Porphyre vert antique nous ayant donné 'occasion d’étudier
cette localité avec soin, nous la décrirons dans tous ses détails, nous bornant
ensuite à indiquer les différences que présentent les autres gisemens.
La coupe que nous allons en donner ( voyez Pl. IX, fig. 2) s’étendra du torrent
de Skotinolangadi au sud-ouest, aux carrières antiques de Crocées, près le village
de Stéphania (voyez la vignette à la fin du présent chapitre). La stratification paraît
dirigée du N. N. O. au S. S. E. Quant à l’inclinaison, on doit y avoir peu d’égard;
les couches ayant probablement éprouvé des renversemens, on doit les considérer
comme placées verticalement dans l’ordre que nous indiquerons.
Gisement du Prasophyre en Laconie.
A. Calcaires et Brèches. Un premier Système de Roches, entièrement formé de
Calcaires bréchoïdes, renferme :
i.° Un Calcaire gris jaunâtre, subsaccharoïde, celluleux, renfermant des fragmens
de divers Calcaires saccharoïdes et même de Schistes anciens. Le ciment de cette
Brèche calcaire varie beaucoup d’aspect et semble appartenir à deux époques bien
distinctes de formation. Tantôt il est homogène et cristallin ; tantôt il ressemble
à un "Calcaire tertiaire.
2.0 Un Poudingue à ciment terne, presque argileux, souvent lâche et poreux,
et quelquefois spathique.
3.° Une Brèche à énormes fragmens des Calcaires grenus/blancs, gris, bleu
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