différens par tous leurs caractères : ce sont des amas détritiques et alluviens, des
alternances de Sables et de galets, des Sables et des dunes, et enfin des dépôts
lacustres, ou d’eau douce ou mixte. Ces divers produits peuvent être contemporains
dans des positions, différentes; mais dans une même localité ils doivent se
succéder de bas en haut dans l’ordre où nous les avons énumérés ; c’est-à-dire, qu’il
faut qu’une côte, profonde ait été à peu près comblée jusqu’à son niveau par des
dépôts hétérogènes, pour que les Sables puissent s’y amonceler et les galets s’y
former, que la nouvelle plage se' soit étendue pour recevoir les dunes et, enfin,
les dépôts lacustres.
ARTICLE III.
Phénomènes sous- marins.
Dépôts antérieurs à Vêpoque actuelle.
Les derniers.^soulèvemens n’ont mis au jour sur le sol de la Morée que très-
peu de dépôts sous-marins, d’une origine plus récente que le Terrain tertiaire
subapennin; tandis qu’en Sicile, où ils se combinent aux produits des volcans
sous-marins, ils acquièrent une énorme puissance, d’après MM;? Christie 1 et
Constant Prévost.
Gisement dé VArgolide. Le premier gisement que nous décrirons appartient
a 1 Argolide, ou il n’existe, en général, du Terrain tertiaire subapennin que les
Calcaires supérieurs, qui se montrent fréquemment isolés du reste de la formation,
e,t doivent former,, sans aucun doute, un groupe bien distinct; séparé par
une dëS: grandes modifications qu’éprouva cette contrée.
L’enfoncement situé sur le bord de la mer, entre le fort de Nauplie (Itchkalé)
et la Palamide, a déjà été cité pour ses dépôts littoraux de Brèches ferrugineuses.
Le Caleaire récent occupe la partie inférieure du rivage:- il repose sur un banc
de Calcaires grossiers, remplis de Madrépores, de Spondyles, d’Huîtres et autres
fossiles appartenant à la formation subapennine, et consiste en un Calcaire sablonneux
a grains fins, jaunâtre, semé de petits grains très-blancs, comme dans tous
les Calcairés dé cette époque. Il donne une très-belle pierre de construction quand
il est exempt des gros fragmens de Calcaire,compacte ou de Jaspe-qu’on y rencontre
souvent; il ne contient' que de très-petits fragmens de coquilles, et on voit
que, lorsquil se déposa, la mer brisait dans ce lieu comme elle le fait maintenant.
Dans la partie supérieure on trouve, au milieu de la masse grenue, des croûtes
d’un brun rougeâtre, compactes, ondulées et testacées, comme des dépôts lacustres
i . Ed. Pieu? phil. Joum., n.° xxm.
de Calcaires ferrugineux : c’est le passage à la Brèche ferrugineuse , qui recouvre
le Calcaire sur une épaisseur de ¿5 à 3o mètres. Sa partie inférieuré se lie au
Calcaire par le ciment qui. est de même nature, et par les gros Strombes (iStrom-
bus Mercati) qui s’y trouvent disséminés; pendant que la partie moyenne, qui
comble les fissures' et les cavernes littorales, est caractérisée par les Hélices (Hélix
Algira), et que la partie supérieure, produite pendant 3ooo ans par la destruction
du rocher d’Itchkalé et les débris qu’on a jetés de son sommet, est caractérisée;;
par les fragmens de poteries. Le Strombus Mercati étant reconnu par M. Deshayes
pour un fossile du Terrain subapennin, et le Calcaire-sablonneux ne renfermant
pas un seul fossile, nous devons penser qu’il provient dès couches inférieures qui
appartiennent à la formation subapennine.
On voit ici que le Calcaire sablonneux est contemporain du creusement des
cavernes, dont il affleure l’ouverture sans y pénétrer, et que la Brèche ferrugineuse
appartient à la même époque, mais seulement aux phénomènes littoraux.
Un soulèvement de 4 à 5 mètres est indiqué par la hauteur à laquelle s’élève
le Calcaire, et par une ligne de cavités dues aux Lithodomes, creusées dans les
blocs de la Brèche ferrugineuse, depuis Nauplie jusqu’au port Karatone.
On rencontre sur les collines basses de la plaine d’Argos un dépôt calcaire,
qui nous paraît contemporain du précédent : il consiste èn Calcaire tufacé,.blanc,
tendre et friable, recouvert par des.Calcaires ferrugineux, durs et compactes, en
croûtes ou nappes ondulées comme celles que nous venons de décrire; ce dépôt
paraît envelopper les collines. Nous l’avons observé, entre autres localités, sur
toute la colline d’Adriani près Katchingri, et jusque dans l’enceinte du joli monument
hellénique qu’elle supporte. Nous croyons que ce dépôt se formait sur les
bas-fonds du golfe, dans le moment où les alluvions ferrugineuses anciennes
s’entassaient sur les rivages et dans les vallées; et qu’il serait, comme les Calcaires
analogues de l’île d’Égine, le produit de sources thermales sous-marines de l’époque
des phénomènes volcaniques.
Gisement du cap Malée. La presqu’île du cap Malée présente, sur une grande
échelle, un dépôt analogue à celui de Nauplie. Le lieu, aussi remarquable sous
le rapport archéologique que minéralogique, où nous l’avons observé, porte
aujourd’hui le^nom de Spilæ, et est situé vis-à-vis Élaphonisi. Nous y trouvâmes,
en 1829, d’immeùses carrières antiques, exploitées à ciel ouvert, avec un grandiose
et une régularité qui reportaient avec certitude aux beaux temps de la Grèce. Le
sol est découpé en longues chambres rectangulaires, séparées entre elles par des
murs étroits,¡.qui ne sont autre chose que la Roche taillée en gradins ; leur profondeur
est de dix à douze pieds. La disposition du Calcaire en bancs superficiels
détermina ce mode d’exploitation. Nous avons constaté que la Pierre avec laquelle