le théâtre de Sparte et ses principaux monumens anciens sont construits, est identique
à celle-ci; en sorte qu’il nous paraît probable que, malgré la distance (huit
myriamètres), les Lacédémoniens préférèrent cette Pierre dite Poros, d’une extraction
et d’un travail faciles, aux Marbres qui entouraient leur capitale. Les bancs
s’élèvent en pente insensible depuis le rivage, Ou ils sont recouverts par des dunes,
jusqu’au pied de la montagne d’Aliki, qui est formée par le Calcaire subapennin :
celte montagne présente, de la manière la plus prononcéele phénomène des
terrasses avec cavernes -à-leur pied; on en compte deux, et le dépôt récent
que nous décrivons, situé ali pied de la dernière, en forme une troisième.
. La Roche est un Calcaire sablonneux,'fin et homogène, très-léger, poreux et
sans traces de fossiles; il est de couleur jaunâtre et semé d’une multitude de
petits points blancs, comme celui de Nauplie. Il durcit à l’air, devient un peu
sonore .et prend un fon de couleur fort harmonieux,. comme tous les voyageurs
ont pu en juger au théâtre de Sparte. On peut suivre cette Roche jusqu’à l’île
Elaphoriisi, qui, séparée aujourd’hui du continent, y était Téunie au temps de
Pausanias; et l’on voit, à n’en pouvoir douter, que le faible soulèvement qui a
mis au jour ce dépôt, n’a pas suspendu la cause locale qui lui donnait naissance;
qu’un dépôt analogue se continue de nos jours avec une grande rapidité, comme
nous le dirons bientôt en parlant des produits sous-marins actuels. Ces Calcaires
sablonneux paraissent identiques à ceux observés dans l’Egypte, dans le détroit
de Messine, sur les côtes de la Syrie, par M. Botta; sur les côtes de la Caramanie,
par M. de Beaufort qui, suivant M. L y e ll1, a constaté leur formation actuelle.
Falun de Tirynlhe. Des tranchées ouvertes dans la plaine au-dessous de
Tirynthe, ont mis à découvert un grand dépôt de faluns tout-à-fait incohérens, qui
nous paraît d’une origine encore plus récente ; il est entièrement composé de
petites coquilles univalves, dont un grand nombre est en quelque sorte microscopique.
Nous n’y avons pas trouvé une seule bivalve ; ce dépôt n’est recouvert
que par les alluvions du marais, formées de débris végétaux et de coquilles d’eau
douce, et au contact il y a mélange de fossiles. Cette circonstance et la faible
élévation du falun au-dessus de la mer, pourraient faire penser qu’il appartient
à l’époque actuelle; mais son étendue à plus de 200 mètres dans l’intérieur des
terres, l’état déjà altéré des fossiles, et cette, circonstance de la présence exclusive
des Sables et des petites univalves, lorsque, le rivage actuel du golfe ne renferme
que des vases remplies de bivalves, ne peuvent laisser douter qu’il n’appartienne
•à un ordre de faits antérieur à l’ordre actuel. Les fossiles les plus nombreux sont
les suivans, qui appartiennent tous aux espèces vivantes : Cerilhiumwiilgalum. —
1. lytlTs Prtnciplcs of Geology, vol. I , pag. 309.
Cerilhium anguslum. — Cerithium iricinctum. — Bulla slriala. — Conus méditer
ràneus. — Murex Brandaris. —— Nalice millepunctata. Il est à remarquer que
ce dépôt incohérent, qui n’est recouvert que par quelques pieds de terre tourbeuse,
a une surface parfaitement régulière, comme nous nous en sommes assuré en suivant
diverses tranchées; on peut en conclure que, depuis son dépôt, il n’y a eu aucun
mouvement violent de la mer à la surface du golfe d’Argos; fait peu compatible
avec les déluges historiques.
Dépôts sous-marins de Vépoqiijè$ actuelle.
Il ne serait pas nécessaire, pour pouvoir juger directement des produits sous-
marins de la période actuelle, qu’un soulèvement eût mis à découvèrt lé fond du
bassin des mers, et que notre période fût arrêtée par un changement général dans
les formes du continent; il suffirait qu’un soulèvement loc‘al, tel que ceux produits,
dit-on, quelquefois par les phénomènes volcaniques, eût porté au jour,
sans les détruire, les dépôts marins de notre époque; mais rien de pareil ne paraît
avoir eu lieu dans la période historique, les Kaymméni de Santorin, comme Julia,
n’ont élevé au-dessus de la mer que des débris ; rien n’annonce que des redressemens
de couches aient eu lieu à une certaine distance du foyer-d’éruption. Bien plus, à
Méthana, où l’on dit que des Roches solides (Trachytes) ont été élevées à plusieurs
centaines de mètres, on ne trouve aucun débris marin à leur surface; et les couches
voisines ont si peu suivi le mouvement d’ascension, que plusieurs acropoles, à 4
o,ù 5ooo mètres du soulèvement et d’une origine bien antérieure, n’ont pas été
entièrement détruites. La surface du continent, pas plus que celle des îles, ne
nous a montré les restes de l’homme ou de son industrie mêlés à des produits
de la mer ; et rien n’annonce, par conséquent, de soulèvement local dans la
période actuelle.
Nous ne pouvons donc étudier directement que les produits sous-marins des
rivages, en nous aidant des indications de la sonde, et juger des autres que par
analogie. On devra d’ailleurs regarder cette analogie comme bien établie, si l’on
observe que, déjà dans l’époque antérieure ( époque des dépôts récens de la Sicile),
le bassin de la Méditerranée avait déjà pris sa forme actuelle; que tous les êtres
qui la peuplaient, étaient identiques à ceux qui y vivent aujourd’hui, et que, si
l’apparition,de l’homme ne s’y était pas encore manifestée, ce phénomène moral,
plutôt que physique, ne peut seul faire supposer de changement dans la puissance
des agens naturels.
La forme et la nature des rivages déterminent la-nature de leurs dépôts sous-
marins; de la l’extrême variabilité des Terrains tertiaires de la Grèce, dont nous
ne voyons que la partie littorale, déposée sur des rivages encore plus anfractueux
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