Un talus faiblement incliné avait été dressé pour, descendre les blocs vers la plaine;
l’uhd’eux, parallélipipède régulier de im,5o de longueur, est resté à moitié chemin,
comme pour l’attester. La régularité avec laquelle ses faces sont ébauchées,
pourrait faire soupçonner'qu'il appartient à une époque moins ancienne que la
construction de Tirynthe; mais cette objection n’aurait de valeur que pour ceux
qui n’ont étudié l’architectüre cyclopéenne que sur des dessins peu corrects.-Nous
avons vu à Tirynthe, à Nauplie et surtout au port Tolon, dans les monumens du
style cyclppèen le plus pur, si l’on peut s’exprimer ainsi, des biseaux et des sillons
taillés siir les afêtes des tours ou près des portes avec la précision que donneraient
ños instrumens d’acier.
Après cette digression, jque les souvenirs attachés au nom de Tirynthe et les
trente siècles écoulés sur ses murs sans les détruire nous ont paru mériter, nous
revenons à la suite des Terrains secondaires.
2. S ystème.— Série marneusjî et arênacêe (Gres verts) et Craie compacte.
Nous venons de voir la partie moyenne du Terrain secondaire présenter uù
immense dépôt calcaire, formé sous l’influence-de causes uniformes et d’une longue
période de calme; au-dessus se manifeste un changement brusque dans la nature
des dépôts : des agglomérats grossiers, formés de débris transportés par les eaux,
annoncent que des causes violentes viennent d’interrompre la marche suivie par
la nature, et qu’une nouvelle période commence.
La suite de la coup'è'de la Palamide nous en offrira le premier exemple (voyez
PL III, fig. 2) : immédiatement au-dessus des bancs de Marbre bréchoïde s’observe
un agglomérat du plus grand intérêt, par sa composition minéralogique et par les
fossiles qu’il renferme (fig. 2, B. 1); il est principalement formé de fragmens arrondis
de Serpentine diallagique (Ophiolithe), auxquels se joignent des Euphotides, des
Jaspes, des Diorites, et diverses Roches aphanitiques à pâte verte ou brunâtre;
La pâte grossière et friable qui les unit est composée de petits fragmens de même
nature,, Kés par du Calcaire crétacé. Les fossiles nombreux qu’elle renferme, et
dont elle remplit l’intérieur, sont en>,général roulés et dans un état de conserva*
tion d’autant plus imparfait., que la rareté de la matière calcaire n'a permis que
difficilement leur pétrification, et a laissé la pâte ophiolifhique sans consistance;
en sorte que les plus volumineux, notamment les Dicérates,se brisent aussitôt qu’ils
sont extraits du rocher. ^
Près de là, dans la gorge en arrière du monastère d’Hagia-Moni (à une demi-
heure de Nauplie), on voit le même agglomérat, toujours abondant en Nérinées
et en Dicérates.,’reposer immédiatement sur les Ophiolithes, et celles-ci sur les Calcaïres
violets avec Jaspe, sans l’intermédiaire des Calcaires gris.de fumée. Il résulte
de laÿcomparaison de ces deux gisemens et de plusieurs autres, que nous citerons
en traitant <% l’âge des Gphiolithes, que leur apparition avait déj$ soulevé et* disloqué
les Terrains secondaires moyens, lorsque l’agglomérat à Dicérates, véritable
dépôt littoral, s’accumula sur les nouveaux rivages qui venaient de se former.
On peut conclure, enjputre, de la présence des fragmens d’Ophiolithes dans les
premières couches du Grès vert et dans toùt ce grand'Système »arénacé’, que c’est
à leur épanchement qu’est dû le changement brusque qui s’opère à cet Otage dans
la nature des dépôts et dans la stratification; changement tel qu’ilpourra motiver,
dans le bassin du midi, l’établissement d’une division du second ordre ou de'formation.
-i-j» *S _
Malgré le mauvais état de conservation des fossiles de^’agglomérat ophiolithique,
nous étions si, convaincu de^l’importance de notre découverte, dans une contrée
presque entièrement dépourvue de fossiles, que nous recueillîmes avec soin les débris
les plus im parfaits . M. Deshayes est parvenu à y reconnaître les espèces suivantes :
Diceras arietina, se trouve à SaintèMihieL
Dentalium quadrangulare.
Tornalella prisca.
Turritella antiqua.
Natica neritiformis.
Nerinea Defrançii, à Saint-Mihiel.
» Nerinea simples.
Nçrinea no du/osa.
Nerinea imbricata.
Turbo costarius ^ Saint-MihieL
Madrépores :
Caryophillia, indéterminable.
Une autre espèce, grande, aplatie, onduleuse, se trouvât a.Saint-Mihiel.
Astrea.
La plupart de ces fossiles doivent être considérés comme caractérisant le Grès
vert du midi de l’Europe; on ne peut avoir d’incertitude à cet égard, surtout
depuis les travaux classiques de M. Dufresnoy, sur l’es caractères de la Craie et du
Grès vert dans le midi de la France. Il est à remarquer cependant que l’abondance
des Nérinées dans ce gisement lui donne des^iapports avec le Coral-Rag, qui nous
frappèrent dès le premier moment, et que depuis notre retour M. Deshayes confirmé,
en y reconnaissant plusieurs espèces du gisement de Saint-Mihiel$ que 1 on
sait appartenir au Coral-Rag. L’existence d’espèces communes à la partie moyenne
de la série jurassiquevdu nord et à la partie inférieure de ce que Ion regarde