Zone noire ou cariée. Au-dessus de la limite supérieure du flot dans son état
de calme, s’étend une bande d’un brun verdâtre, qui paraît noire à une certaine
distance; sa hauteur varie suivant les localités : elle s’élève d’autant plus, que le
rivage est battu par le flot avec plus de violence. Au cap Matapan elle atteint 7 à 8
mètres : c’est la partie du rivage lavée par la lame après qu’elle a déferlé.
Dans toute cette zone, mais surtout dans sa partie inférieure, les Marbres ou
Calcaires compactes sont tellement corrodés, que ce ne sont plus que des branches
âpres, contournées, liées entre elles par quelques points, on dirait certains récifs
de Polypiers. Vers les points où c'es-.rameaux se rejoignent à la masse du rocher,
c’est-à-dire là où il commence à y avôir plus de plein que de vide, les fissures sont
très-élargies, des cavités tortueuses pénètrent dans la masse, et la destruction du
Calcaire est d’autant plus avancée, qu’on se rapproche davantage du niveau'de la
mer, où il ne faut plus qu’une faible action pour détruire les parties les plus corrodées
et les réunir au talus sous-marin.
C’est à cette hauteur que l’on remarque sur toutes les aspérités aiguës qui recouvrent
les rochers une substance d’un brun-noir éclatant, mamelonnée, lisse, plus
dure que le Calcaire, à cassure cireuse, rayonnée, légèrement translucide, ayant
toute l’apparence d’une fritte vitreuse grenue, distribuée inégalement sur toute la
surface. Nous la trouvâmes d’abord dans le golfe d’Égine et nous la crûmes le produit
de quelque phénomène local. Depuis, nous l’avons trouvée sur les Dolomies,
les Marbres et les Calcaires compactes de tout le littoral, mais seulement dans la
zone lavée par la lame. M. Bussy, qui a bien voulu l’analyser, l’a trouvée composée,
sur 100 parties, dé 87 de Carbonate de Chaux et de 13 de Fer, d’Alumine et de
matières organiques. Il résume la discussion de son analyse en émettant l’opinion
que ce 'Corps doit être une incrustation de Çhaux carbonatée bitumineuse.
Quand on voit cette zone si fortement corrodée et cependant recouverte d’une
pellicule légère de matière verte et d’incrustation de Calcaire bitumineux, on se
demande si cette action érosive se continue,-ou si elle ne daterait pas d’une époque
où la mer renferma momentanément quelques principes capables de produire une
telle action? On ne conçoit-pas, en effet, comment la décomposition pourrait avoir
lieu, à moins’ que cette matière verte, comme la globuline terrestre, n’en fut elle—
même l’agent intermédiaire. Pour donner une idée du faciès de cette singulière
substance, nous en faisons représenter un fragment dans la figure 2 delà Planche IX
soit. M. Deshajes, qui a...examiné les divers échantillons relatifs à ce phénomène., que nous avons
rapportés de Grèce, pense qu’il est dû à une Annelide; ainsi, tandis que les Testacés s’assimilent
une partie de la matière calcaire tenue en dissolution dans les eaux de la mer, ces Annelides tendent
sans cesse à rétablir l’équilibre dans sa composition, en détruisant les coquilles et les rivages
calcaires.
de la 2.0 série, et l’on pourra. jugéT'de l’effet général de cette zone noire dans la
vue de Pylos prise de Sphactérie (Pl. X de..la i.r0 série), où M. Bacuet l’a fait fort
bien sentir au-dessus de la crête des jugues.
Zone blanche (voyez Pl. VII, fig. 5). En continuant à nous élever, nous entrons
dans une zone que la lame brisée ne peut plus atteindre autrement que par une pluie
fine qu’emporte le vent; on peut la désigner sous le nom de zone blanche, parce
que le rocher est à nu et dépouillé de toute végétation,, non-seulement de celle des.
Lepra, mais même de la matière verte. Partout les surfaces sont vives et parfaitement
décapées, si l’on peut se servir de cette expression, en sorte qu’entre la partie
occupée par la matière verte d’origine marine et celle où commence à paraître la
végétation terrestre se trouve une zone entièrement à nu : elle est divisée en tous
sens par des fissures très-élargies et, quoique loin d’être aussi profondément cariée
que la zone précédente, elle présente de telles, aspérités qu’il est difficile d’y marcher
et surtout d’y appuyer les mains.
L’examen de la surface montre qu’elle est toute criblée de petites cavités arrondies,
de profondeur variée, mais qui ne dépassent pas 6 ou 8 millimètres; elles sont
creusées en dessous ou à bords minces et recouvrans ; les plus grandes s’observent
toujours sur de petites lignes de fissures. Il est important de remarquer que ces
Cavités se trouvent aussi bien sur les faces verticales que sur celles qui sont horizontales
ou inclinées., ce qui montré que la cause première du phénomène est
indépendante de la pesanteur.
Les mêmes surfaces présentent encore un phénomène plus intéressant, c’est celui
des nombreux sillons dirigés rigoureusement suivant les lignes de plus grande pente.
On les voit naître sur chaque arête culminante, creuser et s’élargir en descendant
vers l’extrémité du plan incliné. Les arêtes qui séparent les sillons "principaux sont
ellés-mêmes le point de départ de nouveaux sillons, qui convergent de toutes parts
vers le fond des premiers, en sorte qu’on ne peut mieux comparer ces surfaces
corrodées qu’au plan en relief d’une contrée montueuse.
Les petites cavités qui couvrent toutes les surfaces sont en général plus grandes
et plus profondes dans le fond des sillons; enfin, et cette observation est essentielle,
pendant que les cavités se montrent sur toutes les faces, les sillons de plus grande
pente n’existent ni sur les faces horizontales ni sur les faces verticales.
Un autre effet essentiel à remarquer, à cause des conséquences, que nous en déduirons,
est la production de l’Hydroxide de Fer, que tous les voyageurs ont pu
observer , en nappes d’un rouge d’ocre sur les Calcaires du littoral et .dans les fissures
les plus petites et les plus récentes.
La cause immédiate de la formation des sillons ne peut nous échapper, car le
phénomène se passe sous nos yeux : on voit chacun d’eux se former par la pro