sorte d’identité, o ù l’antériorité des erreurs est ¡pour Paris et le plagiat sans discernement
pou r Londres. Dans cette malheureuse, mais assez élégante prod u c tion ,
l’ensemble de la contrée est sensiblement éla rg i, la forme générale qu’on lu i a
donnée tenant trop du carré; Monembasie s’y trouve trop septentrionale de plus
de moitié de sa distance réelle au cap Malée; les grines de Sparte et Mistra y sont '
piacées précisément aussi près de la côte orientale du Péloponnèse et loin de celles
d u g o lfe de C oron, que ces lieu x sont, au contraire, lo in de l’une et près dès .autres^
^ jo n c t io n de l’A lphée avec l ’É rymanthe est portée excessivement a u n o rd^ c e qui
change considérablement la direction du cours de ces rivières; le Saint-ÉUe du
Taygète s’élève au centre de la La conie, tandis que A n s .la nature il cohronne la
bande: occidentale d#Magne à petite distance des rivages; les montagnes, ressemblant
àdes taupinières rayonnantes et sans enchaînement, ne donnent pas la moindre
idée dés systèmes de soulèvement auxquels leurs divers groupes doivent appartenir ; .
de npmbreuses forêts, presque toutes imaginaires, sont jetées çà et là , et p a rtq g to ù ,
pou r p ro d u im u n effet pittotesque, l’artiste a crifc ne pas devoir laisser d’espace en
blanc on sans hachures; les noms de lieu x , ordinairement mal orthographiés, sont
disséminés comme au hasard ;.et des villes indiquées par la nature du signe con ventionnel
ou par le caractère d’écriture, comme devant être d’une certaine impor- '
tance., n’existent .point et n’ont même jamais, existé. ®
Par une fatalité singulière, le même auteur, q ui avait d’abord défiguré la Morée
en largeur, ayant pris ses coordonnées pou r lé 5o ,' degré de latitude n ord, dans une
seconde carte qu’ü publia quatorze ans plus tard, défigura le pays en longueur, au
point de le rendre presque mécon«ùssable, qt comme si l'image en était réfléchie par
un de ces miroirs cylindriques qui donnent une figure si étrangement alongée aux-
objets qu’on expose à leu r foyer. Cette dernière publication de M. Barbier D ubocage,
membre de l’Académie des inscriptions et b elles-lettres, parut dans la première
édition de M- Pouqueville en i8 a i . P é n signalai a l ’instant l’étrange défaut devant
M. Cuvier, chez lequel je me trouvais lorsque l’auteur vint lu i en présenter un
exemplaire tiré sur grand papier; depuis ce temps, la carte ayant peu à peu disp
a ru , o h ne la trouve que fort rarement dans le. commercé; elle y a été remplacée
pa r celle que dressa pou r une seconde édition le savant géographe auquel l’Europe
savante allait devoir bientôt ce qu’on pouvait faire de mieux , avec les données
qu’on en avait,, sur la contrée qui nous occupe. .
La dernière révolution hellénique ayant appelé l’attention de l’E urope sur 1 Orient
et fait apparaître sur la devanture des boutiques du quai Yoltaire tou te sorte de cartes
des pays levantins, les marchands flottèrent, d’a b lrd , pou r la construction de leurs
Morées de circonstance, entre les formes, larges el les formes longues deM . Barbier
D ü b o c a g e ;il arriva même, comme en 1 7 7 0 , que les Péloponnèses et les Empires
o t â i a n s des Le fe r, des L e ro u g e , des L a r o c h e , è i autres vieux magasins de la
rue Saint-Jacques, furent remis en lumière, avec quelques changemens au titre et
au millésime. A u « e u de codébordement de barbouillages exécrables, qui, à la
Ëonte du siècle, trouvent toujours des acheteu rs, parut enfin la grande carte
en quatre feuilles et à l’échelle du 400,000.% qu’on do it à M. le colonel' Lapie. Les
personnes instruites, qui voulaient suivre , sur le meilleur figuré alors possible
du terrain, les événemens d’une sainte gue rre, purent seulement à dater de cë^të
publication prendre une idée des lieux qui chaque jo u r së rougissaient d’un sang
nouveau. L’ouvrage de M. Lapie , magnifique sous le rapport de l>xé cù tion, est
encore des plus remarquable^ sous celui des difficultés vaincues. L ’auteur, qui a dû
consulter pour son exécution une multitudè de matériaux négligés jusque!? à lu i,
lire tou t cè q ui fut éc rit par les anciens et par les modernes, peser la valeur d’une
infinité de renséignemens particuliers, qu’i l ne lu i était possible n i de rejeter entièrement
ni de vérifier, l ’auteur, d is - je , 4 mis à élaborer des choses disparates et
souvent contradictoires cette rarëf&agacité -géo graphique dont notre .grand Danville
seul avait fait preuve, lorsque, restaurant, s’il est permis d’employer cette expression,
la forme de toutes les contrées soumises à ,s a judicieuse investigation, ses
cartés immortelles vinrent rectifier les erreurs grossières qui menaçaient de p rendre
possession d’état en géographie. S’il s’est glissé quelques fautes dans la grande carte
de 18 26 , ce n’est que lorsque , enchaîné sous-lè jo u g dé traditions trop accréditées,
le colonel Lapie s’est cru obligé d’emprunter quelque chose de la carte de 1807.
T ou s les officiers qui ont été employés plus tard à la confection de la carte nou velle
dont notre ouvrage est en r ich i^ e t q u i, par devoir ou par g o u t , sè sont
occupés de topographie sur le terrain même, ont eu plus d’une -fois- occasion
d ’admirer comment M. Lapie avait pu parvenir a démêler le véritable état des choses
au milieu du chaos où elles avaient été confondues, et surtout comment il avait
pu signaler des accidèns physiques propres au pays èt tellement différens de ceux
qui frappent habituellement nos regards dans les parties occidentales de. 1 Eu rope,
qu’il fallut une sorte d’instinct divinatoire pou r les indiquer aux places mêmes o ù
nous avons, trois ans plus .tard, vérifié leu r existence.
M. Lapie a pris pour encadrement de son beau travail celui du capitaine anglais
Smith, q u i, en 18 2 5 , publia une excellente feuille des côtes de M o rée, depuis
Zante et le cap de^Clarenza, à l’extrémité nord-est de l’antique Ëlid e, jusqu’à l’île de
Cérigo et au cap Malée, à l’extrémité sud de la Laconie. Il a également employé
le s déterminations de M. Gauttier, capitaine français, qui fut chargé d’explorer
l’A rch ipel, dont il donna en 1827 deux feuilles, o ù se trouvent comprises les côtes
orientales de la péninsule.
Après la carte du colonel Lapie , parut à.Londres celle qu’on connaît dans le
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