de la nature et l’ambition d’attacher son nom aux plus brillantes spéculations
de l’esprit, et de l’autre par la multiplicité des faits qu’il fallait
recueillir sür une grande partie de la surface du globe ; tâche pénible
et sans gloire , qui ne pouvait être que l’oeuvre de plusieurs générations.
Loin (Jonc dè's’étonner de la marche que cette Science a suivie dans
son début, l’on doit reconnaître que c’est à l’éclat que jetèrent quelques
uns des systèmes: du dix-huitième Siècle, que la géologie d’observation
ou la géognosie dut la rapidité de ses progrès.
Aujourd’hui, après un demi-siècle d’observations, la science est entree
dans une ère nouvelle. Les théories succèdent aux systètties : elles en
diffèrent, en ce qu’elles ne sont que les lois des phénomènes dans les
limitas de Vobservation; elles sf bornent à la généralisation des faits
et dans quelques cas à la détermination de leurs causes immédiates :
mais si l’on françhit ces limites., on retombe, comme il n’est arrive que
trop souvent de nos jours, dans l’esprit de système si long-temps proscrit
par l’Académie, et que sa tolérance semble aujourd’hni laisser
renaître.
"Werner et de Saussure -peuvent être regardés comme les créateurs,
de la géognosie positive. Le dernier surtout, auquel les géologues
anglais ne paraissent pas rendre toute la justice qu’il mérite ; montra
l’esprit d’observation le plus juste, le plus;exempt de toüte idée systématique*
tellement , qu’on n'eut jusqu’à ces dernières années qu’à
suivre la route qu’il avait tracée. L’éçorce du globe fut étudiée avec
soin dans. ses diverses assises, et on chercha à en établir la succession,
en, se fondant principalement sur les caractères minéralogiques et sur
la superposition. Malheureusement, dans l’empressement de généraliser,
on voulut que la succession des formations reconnue en France, en
Allemagne ou en Angleterre, fût un type commun, sur lequel l’écorce
entière du globe devait se modeler. Nous voyons encore aujourd’hui
dans des . ouvrages récens, distinguer des formations locales et des
formations enveloppantes. L’observation a fait justice de ces generalisations
prématurées, et on n’a pas à craindre de lps voir renaître,
aujourd’hui que l’on reconnaît les limités naturelles des formations
dans le résultat des soulèvemens de la surface du globe : phénomènes
INTRODUCTION. 9
à «effets limités, mâlgré leur grande étendue dans le sens?de leur direction.
L’école allemande, influencée dès l’origine parles idées systématiques,
mit un Obstacle aux progrès de la science dans la grande question des
produits neptuniens et volcaniques. La question, sans être entièrement
résolue, approche de sa solution ; le domaine de l’action ignée s’est étendu,
et en reconnaissant dans certaines Roches cristallisées des Roches
de sédiment plus ou moins modifiées par l’action des phénomènes ignés ,
Ja plupart des difficultés que présentait la questionne sont éclaircies.
L’on est obligé de reconnaître aujourd’hui trois classes de Roches distinctes
sous le point de vue de leur origine : \.° Roches neptuniennes;
2 .° Roches plutoniques, et 3 .° Roches neptuniennes modifiées p a r les
agens d’origine ignée. Cette distinction, sur laquelle on n’a pas encore
assez appuyé dans les traités les plus récens de géognosie, exige la détermination
des caractères minéralogiques des Roches de la troisième
classe : caractères que la description de nos Terrains hémyMsiens nous
donnera de fréquentes occasions de signaler.
Les corps organisés fossiles, dont l’existence avait été reconnue dès
la plus haute antiquité, ne jouèrent long-temps qu’un rôle secondaire
dans la géognosie. Cependant l’étude toujours plus attentive des couches
secondaires , le besoin de trouver des moyens de comparaison entre des
gisemens analogues, mais éloignés l’un de l’autre, fixa enfin l’attention
sur les.corps organisés qu’ils renfermaient et conduisit à des résultats
aussi importans qu’inattendus.
L’écorce solide du globe, comme ces ruines de villes qui se sont
amoncelées d’âge en âge, ensevelissant les restes des peuples qui s’y
succédaient, offrit les débris de générations nombreuses d’êtres inconnus,
et d’autant plus différens de la création actuelle, qu’on s’éloignait
davantage de la surface. Une nouvelle carrière de recherches s’ouvre
aux naturalistes, et la palæonthologie ou science des êtres anciens, qui
déroule le tableau d’une création mobile, dont nous n’avions sous les
yeux que la dernière page, en est» le résultat.
Elle peut être envisagée de deux maniècps, ou comme instrument
utile dès aujourd’hui et peut-être indispensable un jour dans l’étude de
II.* 2