gisement contrastant, nous n’y avons reconnu qu’une immense formation, composée
de plusieurs systèmes de Calcaires compactes, de Marnes et de Grès, appartenant
au Terrain de la Craie et dji' Grès vert.
Cette formation .constitue plus des trois quarts de la surface du Péloponèse, et
y represente, on pourrait presque dire à elle seule, la.série des Terrains secondaires;
car on a vu au commencement de ce chapitre, qu’il serait possible qu’il fallût un
jour y rapporter les Marbres siliceux du Taygète, qui ne sont peut-être qu’une
modification deéette formation. Elle y présente des caractères minéralogiques tellement
différens de ceux qu’offre la Craie du bassin de Paris et du nord de l’Europe,
que de prime abord nous l’avions considérée comme beaucoup plus ancienne; ce
n’est que plus tard, après avoir rencontré jusque dans la partie inférieure quelques
fossiles caractéristiques de la Craie, que nous avons dû changer entièrement d’opinion
sur son âge.
Le Terrain jurassique qui, faute d’autres caractères, aurait pu servir, comme
dans le midi de la France, de point de départ, n’y existant pas, c’est à la présence
seule des Nummulithes et des.Hippurites, à la partie inférieure du Système des
Calcaires compactes secondaires de la Morée, que nous devons de pouvoir les
rapporter définitivement au Terrain de la Craie et du Grès vert.
Nous avons reconnu que ce grand Système crayeux, commençant par des Calcaires
noirs, a Nummulithes et Radiolithes, et finissant par des Calcaires blancs aussi
a Nummulithes et Hippurites, appartient à la seule Craie inférieure, quoiqu’il sé
subdivise en trois étages assez bien tranchés, comprenant cinq Groupes de Roches,
dont chacun a ses caractères particuliers : Vétage inférieur se compose d’un seul
Groupé, celui des Marnes et des Calcaires noirs, à Nummulithes, Dicérates et Radiolithes;
Vétage moyen en comprend deux : le premier Grès vert et la grande série
des Calcaires compactes et lithographiques; Y étage supérieur également deux : le
second Grès vert et les Calcaires blancs compactes, à Nummulithes et Hippurites.
Etage inférieur y composé de Marnes argileuses e t de Calcaires bleus e t noirs,
à Nummulithes, Hippurites, Radiolithes, Dicérates, etc.
La partie inférieure du grand Système crayeux de la Morée consiste en une
formation d’au moins trois cents mètres de puissance, composée de Calcaires bleus
et noirs compactes ou subsaccharoides,^et .dé Marnes noires et bleues, schisteuses et
micacées. Partout où nous avons pu i ’obsetwer, elle repose immédiatement;^ sur
les Grauwapkes et les Schistes anciens. La plaine de'^ripolitsa, entourée de tous
côtés par des montagnes de trois à quatre cents mètres de hauteur au-dessus de
son niveau, en grande partie composées de ces Calcaires, offre l’un des points
centraux où ils ont été particulièrement mis à découvert. La Haute-Arcadie présente,
vers le Ziria, un autre centre de soulèvemént, qui les a également mis a
jour, avec cette différence cependant qu’au lieu d’y former, comme aux environs
de Tripolitsa, une plaine profonde et fermée de toute'part, résultant du croisement
de plusieurs Systèmes de soulèvement, ils entourent au contraire d’une ceinture
à peu près circulaire la montagne du Ziria, qui a été?, en grande partie,
comme nous l’avons dit dans le chapitre premier, page 36, produite par un soulèvement
circulaireHrès-remarquable. Cette montagne, haute de 2374 mètres, se
présente de loin comme un mamelon au milieiï de montagnes moiris élevées. Elle
appartient aux Roches anciennes; tandis que le sommet et les montagnes du second
ordre qui l’entourent, sont composés de Calcaires bleus et noirs, qui contiennent,
comme au Mænale, beaucoup de Nummulithes, des Hippurites et quelques autres
fossiles indéterminables.
Ces mêmes Calcaires constituent également une partie de la chaîne de l’Oréxis,
du Saïta et toute la masse du Khelmos, où on les voit reposer sans intermédiaire
sur les Schistes anciens vert clair, qui percent dans le col de Dourdouvania.
Ainsi, là comme au Ziria, comme en Laconie, ils reposent immédiatement sur les
Terrains anciens.
Les mêmes circonstances de gisement caractérisent les Calcaires bleus et noirs
du Saïta et de l’Oréxis; ils y sont recouverts par les Grès vërts avec Jaspes , et les
Calcaires compactes et lithographiques à Silex, qui forment la partie moyenne du
Système crayeux. Ils commencent à percer du côté du lac Phonia, au-dessous du
village de GuiOsa, à la base occidentale du mont Oréxis, d’où ils s’élèvent au nord
vers* le Ziria, pour former à l’orient la partie supérieure de cette même^ montagne;
ils recouvrent les Schistes argileux verts et les Grauwackes schisteuses du
Groupe supérieur des Terrains anciens : cette formation schisteuse perce dans une
grande partie de la circonférence du lac Phonia, et y dessine une espèce de ceinture
qui est couronnée par la formation des Calcaires bleus ( voyez la coupe n.° 1,
planche n) ; dans la partie sud-est ils s’élèvent jusqu’au col de Kastania. C’est
dans le vôisinage de Guiosa que nous avqns trouvé, dans ces Calcaires noirs, des
fossiles fort singuliers, qui semblaient n’avoir de rapport avec rien de ce que l’on
avait observé jusqu’à présent, mais qu’un examen plus approfondi a fait reconnaître
cependant plus tard pour des restes de mollusques appartenant à la famille des
Rudistes.
La petite chaîne presque circulaire qui enveloppe une partie de la base du Ziria,
est composée de Calcaires à Nummulithes, souvent remarquables par leurs grandes
dimensions; elle s’étend depuis le mont Géronthius, voisin del’Oréxis, jusques au-
delà de Sténo, le long du torrent de l’Aroanius; et de l’autre, par les collines qui
flanquent au sud cette grande montagne, depuis Kastania et Lafka jusqu’à Bouzi.