l’endurcissement et la couleur paraissent résulter d’une modification postérieure;
on le trouve ordinairement dans les points où il paraît y avoir eu un accident
du sol; il renferme quelquefois des fragmens noirs trachytiquès; mais-il est géhé-
ralement composé de petits fragmens blanchâtres ou jaunâtres'comme la pâte elle-
même.
T h é r a s ia ((dtiçccfTta) est la seule des trois îles du ceintre qui ait conservé son nom
antique. Ptolémée y place une ville; mais il n’y existe aujourd’hui qu’un village,
dont la'population se livre plus particulièrement; comme celle de Santorin, à la
culture de la vigne. ThérasiaTbrïne la prolongation évidente de la poinie nord du
cerclé que décrit l'escarpement intérieur de Santorin, dont elle n’a été séparée, suivant
Pline, que par l’effet de violens tremblemens de terre. Le" compilateur romain fixe
l’époque de cet événement à’la quatrième année de la cent trente-cinquième olympiade,
c’est-à-dire deux cent trente-cinq ans avant l’ère chrétienne. Si l’on examine
les deux esoarpemens opposés, on reconnaît en effet qu’ils sont en grande partie
composés de la même succession de Roches.
M. John Hawkins, qui a rapporté lés' collections de Roches de ces îles que l’on
conserve à Goettingue, Berlin et Freiberg, prétend avoir observé et’'recueilli sur
la partie extérieure de Thérasia, des Schistes à aiguiser d’un gris verdâtre, à feuillets
épais, et de,la mine de Fer rouge (Rotheisensteiri) conchoïde, ressemblant au Jaspe;
Roches qui se trouvent ordinairement subordonnées aux Schistes argileux^ Il est
probable que ce voyageur a pris pour un minérai de Fer une variété de Porphyre
trachytique rouge-brun., à^cassure conchoïde et à peu près semblable à certains
Jaspes. Quant au Schiste gris-verdâtre qu’il signale, c’est sans doute le même .-Porphyre
lilhoïde schisteux quemous avons décrit n.° 27 de la coupe de Thira. Il n’y
aurait au reste rien d’étonnant à ce que des fragmens arrachés aux Roches de la partie
inférieure du;-Volcan aient été projetés en quelques points de-sa surface; nous en
avons cité dans lé^cogglomérat trachytique n.° i 5 de la mênfe coupe; l’île Julia,
le Vésuve, l’Etna et beaucoup d’autres volcans nous ont-montré quantité d’exemples
semblables. C’est donc à tort qu’on a voulu tirer du fait signalé par M. Hawkins des
conséquences exagérées, pour appuyer une hypothèse sans fondement.?
A s p r o n is i ( ’AG7rçov?i<Ti) ou Ile-Blanche, l’ancienne Automaté (AÙTo^oerti), qui
complète lé Cratère, n’est qu’un écueil inhabité, moins élevé que Santorin et que
Thérasia, et formé des mêmes Roches. La surface de ces deux dernières étant également
blanche, elles méritaient, tout aussi bien qû’Automaté, le nom d’Iles-Blanches,
qui n’a safis^doute été donné dans les temps modernes à cette petite île que pour
la distinguer des Kaÿmméni, dont la surface est presque entièrement noire.
La concordance que nous avops signalée'entre les escarpemëns opposés d.e Thérasia
et de^Saptorin ,^existe encore entre ceux d’Asp?rqnisi et de Impartie .ouest de
Thérasia d’une partit celui de la pointe d’Akrotiri de Santorin de l’autre. L’histoire
ne nous a pas conservé la date de la séparation d’Aftomaté des deux autres îles, et
elle ne nous dit rien non plus de l’époque de leur formation et de leur sortie du
sein de la mer; événement que nouS sommes porté à regarder comme étant de la
période actuelle. Il existait cependant, dans f antiquité, une tradition*mythologique,
rapportée par Pline1, qui semblerait indiquer quelles anciens . avaient conservé
quelque souvenir de l’apparition des trois îles ? suivant le témoignage des*ancieiïs
poètes, l’île de Tjiéra était née d’une moite.de terre qu’Euphème avait laissé tomber
par mégarde-dans la mer, d*èù elle sortit aussitôt^près. Le*nom d’Automaté, qui
signifie spontané, donné à la plus petite de ces îles, semble a^ssi indiquer, sinon
son apparition subite, du moins sa séparatiotî instantané^ L’opinion des anciens
hahitans sur leur sortie de la mer s’est transmise d’âge en âge, et elle existait encore
du temps du père Hardouin,'lequel rappoge dans son Histoire de la ville de Cyrène
(page 404) que les habitans de Santorin étaient dans l’opinion que leur île^’était
élevée du fond de la mer par la violence du volcan^üi depuis a produit plusieurs
autres îles dans son golfe. Il ne. faut cependant pas attacher une trop grande importance
à de. semblables traditions, qui, ainsi que nous 1 avon&*déjà ;dit ailleurs 2,
peuvent bien devoir leur origine à la comparaison que les habitans ont su faire
eux-mêmes de leur île avec celles qu’ils ont ,vues successivement apparaître dans
son voisinage.
Quoi qu’iî en soit, le Volcan de Santorin a bien perdu de la*force et de l’activité
qu’il devait avoir lorsqu’il s’éleva au-dessus du niveau de la mer et que l’île et ses
fragmens naquirent; il ne s’est manifeste depuis les temps historiques que de loin
en loin, à des époques dont l’histoire nous a en partie conservé le souvenir. Son
action s’est bornée à quelques éruptions sous-marines et à là formation des petites
îles qui occupent le centrefdp son cratère. Elles portent le*nom générique Àe
Kaymméni (brûlée), que les'Grecs donnent à toute terre qui leur paraît avoir une
origine ignée.
Hiéra. La plus ancienne des trois Kaymméni dont nous allons nous occuper,
reçut à l’époque de sa naissance le nom de Hiéra ( leçoc ), et fut dédiée a Plutôn et
aux dieux infernaux. Aujourd’hui elle porte indifféremment les noms de Hiéra-Nisi
1. Liv. n, cliap. 87, et liv. IV, chap. a3.
a. Lettre à M. Lettonne, membre de l’Institut, professeur d'histoire au collège de France, sur
le déluge de la Samothrace ; insérée dans le tome II du Bulletin de la Société géolégicpie de France
et dans la Revue des deux moudes, Avril i83a.