Égine, cité à Méthana; mais c’est surtout dans les îles du Groupe de Milo qu’elle
abonde, et si un jour l’Alun s’exploite dans ces îles, on pourra en tirer assez pour
fournir aux besoins de l’Europe entière ; ç’est une richesse ençore enfouie avec tant
d’autres ressources minérales que possèdent les Grecs ; et le temps n’est peut-être
pas bien éloigné fôù ils. pourront en i*etirer de grands avantages. Il doit rester bien
démontré, d’après tout ce que notis avons dit des Roches alunifères, que ce sont
des Roches de transmutation : qu’elles doivent se former toutes les fois que des
Roches à élémens de Feldspath se trouvent en contact avec l’Acide sulfureux. Il en
résulte nécessairement que l’Alunite n’est pas une Roche particulière seulement au
Terrain trachy tique, mais pourrait se rencontrer .également dans les Terrains por-
phyriques, basaltiques, laviques et même granitiques, etc., s’ils s’étaient trouvés
dans des circonstances convenables; mais l’on conçoit que les Trachy tes, Roches
en général très-poreuses, et par conséquent très-imprégnables, donnent plus facilement
accès à l’action des fluides élastiques que des Roches compactes, comme la
plupart de celles que nous venons de citer; et qu’ainsi il n’est pas étonnant qu’on
rencontre plus fréquemment l’Alunite dans ce Terrain. Les Trachytes d’ailleurs, à
ce qu’il nous a semblé résulter de tous les faits à notre connaissance, sont constant^
ment accompagnés de dégagemens d’Acide hydro-sulfurique, dont la-combustion
lente prodùit l’Acide sulfureux, le Soufre et l’eau, nécessaires au phénomène.de
leur transmutation en Alunite, de manière qu’il se trouve presque toujours dans les
conditions voulues.
ÉMANATIONS GAZEUSES, DANS L’ISTHME DE CORINTHE. Il existé dans
la partie orientale de l’isthme, à environ une lieue à l’ouest de Kalamakiyet à un
quart de lieue au nord de Sousaki, un ravin appelé Korantzia (Koçxvr&x), résultant
d’une fracture profonde, postérieure au dépôt tertiaire subapennin, qu’elle a
relevé en partie; endroit où ont lieu des éruptions gazeuses très-intéressantes. Le
ravin où elles se font, appartient, comme la chaîne des monts Géramens dans lesquels
il s’enfonce, au Système crayeux, et le'Calcaire tertiaire couronne seulement ses
bords. Le phénomène a lieu vers son extrémité dans un endroit où il est très-profond,
et„présente plus loin un coude vers l’est. Les fluides élastiques s’échappent à
travers les Ophiolithes diallagiques, bronzées et noirâtres, avec Jaspes qui occupent
la partie-inférieure du ravin; ils arrivent à la surface à une température encore
très-élevée, par les fentes, les fissures, les crevasses du terrain et les petits canaux
qui s’y sont formés, comme autant de cheminées qui présentent ide petits centres
d’éruption;:ils ont une odeur styptique et sulfureuse très-prononcée. Le sol .Aux
environs est tout imprégné de Soufre, et recouvert de concrétions blanches, alumi-
ET PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES.
neuses et magnésiennes, et il se forme partoutla surface une grande quantité de
Gypse; l’on en trouve en fer de lance et à cristaux raÿonnans : il sert souvent, de
ciment aux fragmens divers épars sur le sol , et donne lieu à-un conglomérat
gypseux très-bizarre. Les Grecs ontfiien su remarquer que ce Gypse, qu’ils viennent
ramasser pour leurs usages, se formait jçmrnellement et sortait en quelque sorte,
comme ils le disent,, de terre {Evyecivsi , ;
Il se forme aussi dans les cavités de petits cristaux très-déliés et tranparens de
Sulfate de Fer, et de Sulfate double d’Àlumine et de Magnésie; enfin, nous avons
vu sur quelques points suinter, a; travers le terrain, une liqueur épaisse, tantôt
d’un blanc de lait, tantôt d’un beau jaune citrin; elle ressemblait tellement a de
la Potasse déliquescente que.nous la prîmes d’abord pour cette substance; c était
la même que nous avions, déjà observée a Milo; fort heureusement qu’ici nqgs
pûmes en recueillir une certaine quantité : elle a, donné à l’essai du Sulfaie .de Fer
presque pur; ce doit être un Sulfate de Peroxide, car il serai^difficile d’expliquer
autrement l’état .de fluidité dans lequel nous l’ayons observé et recueilli. La cqpleur
jaune que cette liqueur a parfois est due aü mélange d’une petite quantité de vapeurs
de Soufre : c’est très- probablement l’Alun liquide des anciens et l’espèce ^qu’ils
désignaient par le nom de Phorimon.
Les parois à pic du.ravin étaient recouve^es, jusqu’à une certaine hauteur,
d’une matière blanche, îfès-légère et pulvérulente, que nous reconnûmes de suite
pour être de la Magnésie, ainsi.que l’ont confirmé plus tard les essais; elle-provenait
évidemment de la décomposition des Bronzites (Diallages compactes et
porphyroïdes)vpar l’action des fluides élastiques. La présence de cette terre à la
surface des parois nous surprit et nous donna de suite l’idée d’examiner si nous
ne. trouverions pas de Dolomie dans le voisinage : nos recherches ont été infructueuses
et n’ont abouti qu’à la découverte, de fragmens décomposés et passés à I état
de Rauwacke , de Calcaires gris de famée; ils étaient imprégnés de Muriate de
Soude, mais non dolomisés, et avaient été entraînés par les eaux à quelque distance
au-dessous du centre d’éruption. Tout cependant paraissait içi dans des circonstances
favorables à la production de la Dolomie, si toutefois il était vrai que cette
Roche pût se former par transmutation ; car, d’un coté, des Calcaires placés dans
le voisinage et sous l’influence des fluides élastiques, de l’autre, la présence,.à la
partie inférieure, du Terrain magnésien, traversé par cès fluides, ce qui, dans
l’hypothèse où le phénomène pourrait se produire, aurait pu faire supposer que,
si la Magnésie n’avait pas été amenée à l’état de' gaz, elle aurait été au moins entraînée
par l’effet de l’altération des Ophiolithes; mais il reste encore a démontrer
que cette substance puisse être ou vaporisée ou entraînée par des gaz; et comme
d’ailleurs on ne s’est pas encore occupé de constater par quelque analyse que toutes