ARTICLE PREMIER.
Formatiori *àes Marbres siliceux.
À la suite des Terrains anciens ^dont nous avons parlé dans le chapitre précédent
, ;jnous devons naturellement placer une formation calcaire que, par la nature
cristalline de'ses Roches, l’on n’aurait pas hésité jadis à ranger parmi les Terrains
primordiaux.; mais que nous avons dû en séparer, tant à cause des circonstances
de son gisement, que de la différence dé composition xninéralogique.
Cette différence consiste en ce que le Talc et d’autres sùbstances magnésiennes,
si abondantes dans les deux groupes précédens, disparaissent presque entièrement
dans celui-ci, et sont remplacés par la Silice unie intimement au carbonate de
Chaux par une cristallisation contemporaine.
La différence dans le gisement n’est pas moins prononcée : les assises peu inclinées
des Marbres siliceux reposent sur la tranche des couches du Terrain schisteux;
discordance qui prouve que celui-ci était déjà redressé lors du dépôt des
Marbres siliceux, et classe ces derniers dans les Terrains secondaires.
Mais, d’un autre côté, l’absence de toute formation superposée et par conséquent
d’origine plus récente, le peu de valeur des caractères minéralogiques et des
rapports de composition, et surtout l’absence de tous corps organisés fossiles,
ne nous permettent pas d’assigner à cette formation une place bien déterminée dans
la série géognostiqué*
Nous la désignerons donc sous le nom de formation des Marbres siliceux ou
Mç/moréo - siliceuse ^ dénomination qui aura l’avantage de ne rien préjuger sur la
question d’âge, et d’indiquer la nature cristalline de ses Roches çt leur composition
minéralogiquè.
Cette formation, que nous n’avons rencontrée qüe dans la Laconie, du moins
d’une manière bien caractérisée, occupe la partie la plus élevée de la* chaîne du
Taygète, dont elle forme les sommets dentelés. 4
On la retrouve sur plusieurs points peu éloignés du revers occidental de cette
chaîne, et aussi sur un point'de son revers oriental, près du moulin de Graphako,
à la base dès montagnes du canton de Saint-Nicolas ou de Skoufomiti.
Nous devons ranger aussi dans ce système les Marbres durs, siliceux, faisant souvent
feu sous le briquet, qui forment comme une énorme muraille, de 3 à 4°o
mètres de hauteur, au pied des deux pentes de la chaîne du Taygète (voyez la
coupe, Pl. VIII); ici les couches ne sont plus distinctes, elles semblent avoir été
fondues en une seule masse calcaréo-siliceuSë, qui ne serait autre chose q^e la
prolongation des couches du sommet rejetées à droite et à gauche de l’axe de
TERRAIN SECONDAIRE."
soulèvement;, ce n’est pas la première fois qu’on aurait remarqué que les parties
restées en place ou rejetées au pied du soulèvement auraient été plus altérées et
plus modifiées que celles soulevées sur l’axe même de là chaîne.
Cette formation s’est présentée dans les différentes localités oji nous avons pu
l’étudier, avec une puissance moyenne de,3 à .400ünètres; elle est composée, sur
le sommet de'da chaîne du Taygète, d’assises multipliées, très régulières, et, se
dirigeant, comme elle, du nord o4° ouest au sud X 'ê s t , ayéc:une inchnaison
moyenne de v5° à 20° vers l’ouest; tandis que les Schistes anciens, sur lesquels
elle repose, plongent au süd-ouest sous un angle de 45 à 70 degres.
C’est sans doute à quelques-Snes des couches de; cetle-ïormauon que devaient
appartenir ces pierres à aiguiser du Taygète, que Pline regardait comme les meilleures
après celles de la Crète. Quoique nous n’ayonsipas retrouve de u-aces de
leur exploitation plusieurs de ces Marbres, dans lesquels la Silice est inümement
unie au Calcaire en grains impalpables, pourraient encore servir au mê^ usage.
Les premières couches que l’on rencontre en partant de la parue, inférieure,
celles qui sont immédiatement en contact avec'la formation cakaréo-ialquaxst,
sont peu cristallines d’abord; mais à mesure que l’on s’élève, la cnstallméité semble
augmenter graduellement.
L’on observe successivement: '$-*• ^
■ i.° Des Calcaires jaunâtres subsaccharoïdes, un peu friables, souvent semblables
à la surfiice à un Grès à grains fins; circonstance qui est due à une mulutude de
petits cristaui de Quartz hyalin qui s’y trouvent disséminés.
Ces Calcaires présentent, dans la chaîne même du Taygète et sur quelques points
de son revers occidental, des caractères différens et une structure très-remarquable:
ils sont gris jaunâtre, pétris de Silice en grains non dfetincti, un peu ferrures, et
affectent une strufture compacte et parfois ichistoïde et fibreuse;, si la Silice est
disséminée uniformément, la Roche prend l’apparence d’un Quarcdté que n’entame
point l’Acier, et qui fait feu sous le briquet; dans le cas contri*^ la Silice ne
forme plus dans la masse que des nodules silicéo- calcaifes, à formes irréguhères
et sans contours distincts.
L’action des agens atmosphériques sur les surfaces depuis long-temps exposées
à l’air, y fait saillir ces espèces de tubercules, beaucoup plus durs et moins alterables
que les parties simplement calcaires qui les enveloppent; la Silice et le Cal-
cairen’étant pas nettement séparés, mais se pénétrant mutuellement, les surfaces
des nodules sont toujours rugueuses et couvertes de petites cavités qui leur don-
nent une apparence spongieuse.
2:” Des Calcaires,,compactes, communs, renfermant aussi de très-gros noyaux
silicéo-calcaires, mais en moins grande abondance que dans les bancs precédens.