
 
		CHAPITRE  T. 
 Terrain  tertiaire. 
 P a r   MM.  BOBLAYE  et  VIRLET. 
 La iMofêé renferme deux formations tertiaires, que leur gisement et leurs caractères  
 mirtéralogiques  rendent parfaitement distinctes. La plus ancienne, limitée au  
 nord  de la presqu’île, se compose de nombreuses alternances de Poudingues poly-  
 géniques, de Sables et d’Argiles calcarifères, reposant en  gisement non concordant  
 sur  le Terrain  de  Craie dont  elle  renferme  les  nombreux  débris.  Aucune liaison  
 géognostique n’existe entre les  couches  les plus récentes  de  la Craie  de Morée  et  
 ce dépôt tertiaire, qui  se sépare d’une manière tout» aussi tranchée de la formation  
 qui lui a  succédé; 
 Ainsi,  dans  tout  le  nord  de  la Morée,  la  formation  des  Poudingues  ou  des  
 Gompholithes s’élève jusqu’à 1800 mètres sur les  trancheë des couches redressées  
 du Terrain  de Craie,  tandis  que le second  Terrain  tertiaire,  ou la  formation  sub-  
 apennine, dessiné à la base des montagnes une ceinture horizontale dont l’élévation  
 dépasse  rarement 3 00-mètres. 
 La formation-la plus ancienne annonce, par ses nombreuses alternances de Sables  
 et  dg Poudingues  à  galets marins, qu’elle est le produit de la destruction; du Grès  
 vert des anciens  rivages par l’action puissante du  flot et des marées,  et sans doute  
 aussi des courans littoraux; action  comparable à celle qui s’exerce aujourd’hui sur  
 les  rivages  océaniques. La formation  subapennine,  au-contraire, montre, cjans ses  
 dépôts meubles et ténus,  dans ses Marnes abondantes, ses Graviers à peine roulés,  
 l’absence des marées, des rivages tranquilles et des mers à peu près fermées, comme  
 elles  le sont  aujourd’hui; en un mot, les  différences que présentent  ces deux  formations  
 tertiaires, annoncent que  la Morée, était une île  océanique  à la première  
 époque,  et  déjà méditerranéenne  à la  seconçle.- 
 Nous ignorons queUe était la forme intérieure du Péloponèse pendant la première  
 époqpe; mais à la seconde, tous les grands traits de son.relief étaient déjà dessinés,  
 et il devait  y  exister des bassins  fermés,  qui  recevaient des dépôts  continentaux;  
 contemporains de la période tertiaire. Ces dépôts ont été recouverts par les produits  
 plu^récens,  soit des  lacs,  soit  des  agens  atmosphériques;  et la  difficulté  de  les  
 distinguer nous  engage  à reporter  leurs descriptions au chapitre  des phénomènes  
 récens.  • 
 ARTICLE  PREMIER. 
 Formation  tertiaire  des  Gompholithes. 
 Une  énorme  formation  de Molasse  et  de  Gpmpholithes,  Poudingue  calcaire  
 désigné  par  les  Suisses  sous  le nom de  Nagelflue,  embrasse  tout  le  nord  de  la  
 Morée.(Ces Poudingues ne  se distinguent de ceux du Grès vert de la Messéniè que  
 par  la nature  du  ciment,  calcairè*dans  les premiers  et  siliceux^8ans  les  seconds;  
 les élémens ou lès  galets qui les composent, sont absolument les'mêmes/Ce  s'Ônt :  
 des Calcaires compactes noirs, bleus,  jaunes,  gris de-fumée, lie de vin,  op blanc-  
 . mats,  comme dans là Scaglia,  etc.; des  Jaspes, des Silex  et dés Grès.des différens  
 étages  dû  Terrain  crayeux,  liés  par  un  çiment calcaire ^quelquefois  très-dur et  
 cristallin,  quelquefois  tendre  et  friable.  Dans  les  Poudingues de la Messénie,  au  
 contraire, le  ciment,  rarement  effervescent,  est formé par la pate même des Grès  
 : vèrts ou des Macignos. 
 Gisement  et  étendue.  L'île de Spezzia,  entièrement formée par cet ancien dépôt  
 tertiaire, montre qu’il n’a pas moins de 3oo mètres de puissance, et quil  se  com-  
 pose  de  nombreuses  alternances-des  Poudingues  que  nous  venons  de  décrire,  
 avec  des  couches  de Calcaires  sablonneux  et  graveleux  sans  consistance,  de Calcaires  
 marneux, friables, semblables  à  une  cendre  blanchâtre,  et  enfin,  d Argiles  
 marneuses,  rougeâtres  ou brunâtres,  à pâte  très-fine et  très-homogène. 
 Toutes. Ces  couches  sablonneuses, marneuses  et  argileuses  ont? à  peu  près'la  
 même puissance (un à deux mètres) que les bancs de Pôudingue^avec lesquels elles  
 alternent;  cependant  elles  sont  quelquefois  beaucoup  plus  épaisses ;'ainsi,  près  
 delà source  ouïes  habitans  de  la  ville  vont puiser,  on .observe  quelifues .bancs  
 de  Gompholithes  qui ont plus de vingt pieds  d’épaisseur,  reposant  sûr des bancs  
 d’Argiles  rougeâtres  extrêmement  fines,  d’une  épaisseur  às/peu  près  égale  et  renfermant  
 de  petites  zones  calcarifères.  Les  couchés,,en  général  peu  inclinées,  
 plongent de  10 à*12°  au  S.-O.;  en  sorte  que,  se  rèndant de*la  ville  au mont  
 "Vigla,  on  en gravit  successivement  toutes  les tranches; 
 Sur  le  revers occidental,  on  trouve  dans  le  voismage-d’une  petite  anse  située  
 près  de  la  chapelle  des  saints ;;Anargyres,  une  caverne  assez  profonde,  appelée  
 Békiri, crêusée dans une Argile rougeâtre, marneuse,  à pate  extrêmement fine,  et  
 de sept à huit pieds de puissance. Ce banc d’Argile nous paraît la continuation  de  
 celui que nous avons reconnu .près de lâr source  sur le revers oriental;  il pourrait  
 fournir une  excellente terre à poterie,  qui n’aurait besoin d’être épurée par auqune  
 préparation; il serait même possible que la caverne dût  son excavation plutôt à une  
 exploitation  ancienne  qu’à  l’action de la mer ,  qui ne  pénètre que dans, sa  partie