l i l e , S. E .-N . O ., q ui est celle du Système Olympique. Sa surface ayant été peu
modifiée par les soulèvemens postérieurs, c’est l’une des îles de l’Arch ipel qui
indiquent le mieux la direction première de ce grand Système.
XIV. SANTORIN1 , l ’ancienne Théra ( ^ quoique presque entièrement
d’o rigine vo lcan iqu e, n’en appartient pas moins pou r une petite portion à la
classe des Roches anciennes qui constituent en grande partie les autres îles de
l’Archipel. Ainsi la montagne de Saint-Ëtienne et de S a in t-É lie , dont le point
culminant s’élève à près de 760 mètres, est formée de Calcaires blancs et gris
grenus, reposant sur les Schistes argileux qui en constituent la base. Ce groupe de
Roches anciennes, situé dans la partie méridionale, forme une espèce d’île primitive,
qui se termine, d’u n côté, à la mer, et de l’autre est entourée par les débris
incohérens de l’agglomérat trachytique b lanc, tufacé, dont le so l de l ’île est presque
entièrement composé. Le mont Saint-Guillaume, situé au sud du Saint-Élie, montagne
qui n’avait encore été indiquée sur aucune carte, ainsi qu’une petite crête
calcaire, appelée Monolithe, qui perce au milieu des agglomérats trachy tiques, à
quelque distance du bourg de Messaria, sont, avec le groupe du Saint-Élie, les seuls
points non volcaniques de l’île. Les Calcaires y sont pou r la plupart ou blancs ou
gris, très-grenus, à grandes lames nacrées, et ne paraissent avoir subi aucune de ces
altérations que l’on pourrait attribuer aux phénomènes volcaniques récens; ils renferment
de nombreuses concrétions calcaires. Près du contact avec les Schistes
argileux ils deviennent schisteux et ternes, passent à des Calschistes d’un aspect
terreux qui deviennent de plus en plus schisteux, et auxquels succèdent enfin dès
Schistes argileux verdâtres, renfermant quelques zones ou assises piquetées de points
blancs. La direction des couches paraît être encore ic i, comme dans la plupart
des autres îles, N. O. - S. E . L ’ancienne ville d ’Éleusis, qui était située sur le mont
Saint-Étienne, et les divers monumens dont on trouve les ruines aux environs,
furent en grande partie construits avec les Marbres extraits des lieux mêmes.
Nous reviendrons avec beaucoup plus de détails sur 111e de Santorin, lorsque
nous traiterons des phénomènes volcaniques.
XV . ZÉA ou ZIA (£/«)> l’ancienne Céos (77 Klwff ) , présente une forme à peu
près ellipsoïdale; elle a environ trente-cinq milles de tour; sa p lus grande dimension
d u nord au sud est de douze milles, et sa plus grande largeur de sept; son sol est
très-montagneux et la cime la plus élevée, celle du Saint-Élie, a , d’après Gauthier,
5 70 mètres d’élévation. Elle appartient essentiellement au Système schisteux ancien;.
1. Voyez la carte donnée par M. le colonel Bory de Saint-Vincent, planche V, i.re série.
on y trouve des Gneiss recouverts par des Micaschistes grenatifëres et amphibo-
leu x , et des Schistes talqueux et à Serpentine; au milieu de ces Schistes et dans
les environs du couvent de Sainte-Marie, on rencontre quelques filons de Plomb
sulfuré, qui ne paraissent pas encore'avoir été exploités. L e Stéaschiste des environs
ressemble assez à la Roch e talqueuse ou Pierre ollàire, connue en France
sous le nom de Craie de Briançon. On y trouve aussi des Calcaires grenus, mais
beaucoup moins développés que dans la plupart des autres îles; et enfin des mines
d’un Ocre ro u g e , qui était, suivant Théophraste, le plus estimé dans l’antiquité.
Les Marbres de cette île avaient servi à la construction des monumens et des
villes assez importantes qu’on y voyait, et dont on ne trouve plus aujourd’h u i que
les ruines. Il existe encore, à un quart de lieue au nord du chef-lieu, un lion colossal,
couché sur le flanc gauche; il a vingt-huit pieds de longueur, depuis le mufle
jusqu’à la naissance de la queue. I l domine un ravin creusé dans les bancs d’un
Calcaire gris grenu silic eu x, d e 'l’un des blocs duquel i l a été sculpté sur place.
Brôndsted, qui a donné la description de ce singulier d éb r is1 , trompé par les
apparences, a cru reconnaître dans ce b lo c calcaire une masse de Grès.
Suivant Pline, Zéa aurait été anciennement soumise à de grandes catastrophes :
d’abord une portion de l’île , de p lus de trente mille pas de to u r , aurait été engloutie
avec un grand nombre d’hommes £ et antérieurement une communication, q u i,
suivant lu i, l’unissait à l’Eubée, aurait été engloutie au fond de la mer, à la suite
de violens tremblemens de terre, ou d’éruptions volcaniques sous-marines. De telles
assertions sont trop peu fondées, surtout la dernière, pou r mériter d’être réfutées.
L a direction de son grand axe est comme celui de l’île Longue ou Macronisi2
et une partie du relie f de l’A ttique, très-voisin de la ligne N.-S. Ce Système de
relief, soit qu’i l doive être rapporté au soulèvement du Système de la Corse, ou à
celui du Téna re, paraît être indépendant de la direction générale des couches, qui
est N O. - S. E . , comme nous l ’avons très - bien reconnu au cap Sunium et sur
d’autres points de l’Attique ; il paraît avoir affecté une grande partie des îles de
l ’Arch ipel, comme Thermia, S y ra , Paros, Naxie, etc. C’est aussi la direction principale
des îles de Chio et Scarpanthos.
1. Voyez, dans l’onvrage que publie ce savant helléniste sons le titre de Voyages dans la Grèce,
et dont il n'a para que deux livraisons, ou un volume, la vne qu’il a donnée de ce monument
gigantesque.
a. L’ile de Macronisi, où nous n’avons fait que toucher en passant, est un point important à
signaler pour l’étude du Système de dislocation N.-S. des îles, parce que, paraissant être le résultat
de ce seul soulèvement, elle présente, comme l’ile d’Hydra pour le Système de l’Eiymanthe, une
localité où le relief de ce Système, n’ayant éprouvé aucune espèce de modifications postérieures ,
peut servir de point de départ pour arriver à la détermination rigoureuse de son âge relatif et de
sa véritable direction.