Nous avons vu dans le Groupe inférieur dominer, au milieu des Roches schisteuses
et calcaires qui le composent, les couleurs bleues foncées et bleues grisâtres.
Dans celui-ci les Schistes argileux sont ou rouge violâtre ou vert clair, et les
Marbres, qui sont les Roches prédominantes, affectent les mêmes couleurs.
Le passage de l’une de ces couleurs à l’autre est toujours brusque, sans qu’il
paraisse y avoir d’autre changement dans la nature de la Roche qu’une modification
du principe colorant Ainsi, dans les feuillets multipliés de l’Ardoise tal-
queuse qui forme une des Roches caractéristiques de ce Groupe, à des feuillets
d’un vert clair succèdent immédiatement des feuillets violet foncé et vice versa;
souvent aussi un même feuillet est marbré et diversement nuancé de ces deux
couleurs. Il en est ainsi des Calcaires, un banc verdâtre se trouve quelquefois
intercalé entre deux bancs violets ou fleur de pêcher, et l’on voit même des
bancs qui renferment à la fois des zones vertes et violettes avec des zones blanches.
Les Anagénites et les Calschistes montrent aussi les mêmes associations de couleurs.
C’est ainsi que dans les Ardennes, aux Schistes argileux bleus et cristallins de
Deville et de laSemoy, on voit succéder les alternances multipliées d’Ardoises tal-
queuses vertes et violettes de Rimogne et de Charleville; que dans la Bretagne, le
Terrain d’Ardoises bleues à Trilobites, de Quartzites et de Grès blancs, se montre
(Ille-et-Vilaine) recouvert en gisement non concordant par une formation remarquable
par les couleurs violette et vert clair de ses Roches. Nous reviendrons
plus tard sur cette analogie de couleurs, qui n’est pas la seule que présente ce
Terrain avec celui de la Morée, lorsque nous discuterons son âge relatif.
L’agrégation mécanique et la dissolution chimique ont présidé l’une et l’autre
à la formation du Groupe qui nous occupe : il renferme peu de Roches qui ne
montrent à la fois les caractères de l’une et de l’autre structure; mais il est remarquable
que ce soit dans la partie supérieure de ce Système et non dans l’inférieure
que les Roches acquièrent au plus haut point la structure cristalline.
D’après ce que nous venons de voir, la limite inférieure de ce Groupe est assez
facile à saisir; elle est signalée par le changement dans la stratification, l’apparition
du Fer oxidé rouge, comme élément constituant et matière colorante des
Roches, et le remplacement brusque des Schistes cristallins par des Schistes argileux
ternes et par dçs Roches d’agrégation mécanique.
La limité supérieure est beaucoup plus difficile à établir; déjà au milieu des
Marbres les plus cristallins de ce Groupe paraissent quelques bancs qui, par leur
texture, ne différent pas beaucoup des Calcaires compactes dont se compose une
grande partie des Groupes supérieurs, et nous verrons en outre reparaître, dans
la formation qui le recouvre immédiatement dans les chaînes Monembasique et
du Taygète, une série de Marbres cristallins difficiles à distinguer, sans le secours
des superpositions, de Ceux que nous allons décrire.
Le Groupe calcaréo-talqueux est bien plus développé que le précédent, qu’il
recouvre presque partout; il forme d’abord la plus grande partie de la chaîne du
Taygète, où il règne depuis Léondari jusqu’à l’extrémité du cap Ténare. C’est dans
cette chaîne qu’il se présente avec toute son énorme puissance et s’élève jusqu’à
deux mille mètres au-dessus du niveau de la mer. On peut le diviser en deux étages,
caractérisés par la différence des Calcaires : l’étage inférieur se compose de Schistes
argileux très-variés, de Quartzites, d’Anagénites et de Calcaires rouges, verts et
blancs; l’étage supérieur, d’une partie des mêmes Schistes argileux, avec une série
de Calcaires remarquables par leur texture globuleuse, et dont les couleurs varient
depuis le gris tendre jusqu’au noir le plus intense.
Si l’on part du sommet du Saint-Élie (Pl. Vin, fig. 3), point le plus élevé de
la chaîne, pour descendre à Scardamoula, on commence à rencontrer, à environ
4oo mètres au-dessous du sommet, les Roches de ce Groupe, que nous divisons
en deux séries, l’une comprenant les Schistes argileux et les Stéaschistes verdâtres,
avec les Marbres verts, blancs et lie de vin, et l’autre, les Stéaschistes violets et
tous les Calcaires tigrés; elles reposent sur la grande formation des Schistes argileux
luisans, glandulèux, qui forment en grande partie le revers opposé, et que nous
avons décrite dans le Groupe précédent.
Schistes argileux. Les premières Roches sont des Schistes argileux luisans et
verdâtres; ils constituent la variété la plus commune, et on les rencontre à toutes
les hauteurs de la formation : à ces Schistes en succèdent d’autres, verdâtres et
ternes, unis ou ondulés, peu fissiles, traversés de quelques filons de Quartz blanc
et de fissures ferrugineuses; puis des Schistes argileux gris-bleus et gris jaunâtres,
très-feuilletés, qui présentent une suite d’alternances nombreuses, avec des Schistes
argileux violets et verdâtres, et se divisent en plaques très-minces; on s’en sert pour
la couverture des maisons et chapelles du voisinage. Le plus souvent les change-
mens de couleurs sont brusques, particulièrement quand ils passent de la teinte
claire au violet; quelques-uns de ces Schistes paraissent carburés, tandis que d’autres
sont très-ferrugineux et contiennent plus ou moins de Fer oligiste écailleux.
Au-dessus paraissent des Schistes argileux d’un gris rougeâtre, un peu ferrugineux,
très-contournés, passant aux Schistes violets tégulaires, et enfin, des Schistes
quartzeux verdâtres luisans, satinés, tantôt ondulés ou contournés, tantôt unis et
fissiles , et se divisant en plaques rhomboïdales, quelquefois à surface dendritique:
c’est le passage aux Quartzites.
Anagénites. Cest dans les Schistes violets, contenant le Fer oligiste écailleux,
que se trouvent des bancs d’Anagénites violettes (certaines Grauwackes des Aile