Nous avons retrouvé la formation trachytique dans les îles de la Thrace; Imbros,
Samothraki, Lemnos, Ténédos »-appartiennent en partie à cette formation; elle nous
a paru exister dans la Chersônèse de Thrace, le long de la falaise que cette pres-
qu’üe présenté dans le golfe de Saros à l’ouest et au nord-ouest de Gallipoli; mais
nous n’avong pu, à cause du,mauvais temps, approcher à plus de deux ou trois
encablures de la côte.Enfin, nous avons encore reconnu cette formation à Smyrne,
a J>erêame > dans la Troade, où elle constitue une chaîne de montagnes à l’est
dÎEski-Stambotfl (Alexandrin T%oas), et sur les deux rives du Bosphore de Thrace,
vers son embouchure dans la mer Noire, où elle forme les fameuses îles Cyanées
(Symplégades), que les anciens croyaient avoir été flottantes-jusqu’à l’époque de
l’expédition des Argonautes.
Caractères généraux. Les .caractères de cette formation sont de présenter, en
général, un aspect apre, rude, raboteux (rfas%uff), sombre et aride, quoiqu’elle
ne soit pas toujours dépourvue de végétation. C’est ainsi, par exemple, que l’énOrme
massif trachytique de Méthana paraît particulièrement convenir au Caroubier; il y
cr^t en plfrs grande abondance qu’en aucun autre point de la Grèce ; l’Olivier et
1 Arbousier aux fruits éPégans y mennent également bien. Quelques-unes des vallées
élevées que présente dans son intérieur ce massif si découpé -, offrent même une
culture assez riche en blé, orge et vignes, et les sources qu’on rencontre dans
plusieurs de ces vallées, ressemblant à autant de grands cratères profondément
échancrés, annoncent assez que si lès Trachytes pouvaient retenir les eaux, ils
procureraient une végétation épaisse et très-vigoureuse; car les terres auxquelles
leur altération donne lieu, sont, comme celles qui résultent de la décomposition
des Terrains feldspathiques, très-favorables à la végétation; mais, comme la plupart
des .poches plutoniques, et principalement les TracHytes, ont une ^structure fragmentaire,
ils laissent infiltrer les eaux et avec elles l’humidité nécessaire’! l’entretien
de la vie des plantes, ce qui les rend arides et stériles. A Égine l’Amandier est
très - commun ; mais il croit plus particulièrement sur le Terrain tertiaire ou les
conglomérats trachytiques; et à Milo nous avons trouvé les Trachytes bruns abondamment
recouverts par le Clematis cirrhosa L. (n.° 712 de la Flore).
Caractères topographiques et mode de formation. Les caractères topographiques
de la formation trachytique sont assez difficiles à généraliser, car ils dépendent
en grande partie du mode d’épanchement des Trachytes à la surface et de leur
structure particulière. En général ce sont, ainsi que les Granités et les Porphyres,
des masses fendillées et fragmentaires, sans aucune espèce de stratification; ils
paraissent avoir été soulevés à l’état solide ou à peine pâteux*. On conçoit queues
masses déjà consolidées, soulevées par une cause quelconque, ont pu s’épancher à
la surface de certains terrains comme des monceaux de débris-ou de Roches brisées,
sans cependant qu’on puisse en inférer qu’elles soient d’une origine plus récente; càr
elles pouvaient être depuis long-temps consolidées lorsqu’elles ont été poussées à
la surface. Nous pensons qu’on pourrait expliquer ainsi la présence des Granités
au-dessüs de certaines formations récentes, plutôt que de leur supposer une origine
plus rapprochée. Il aurait pu arriver dans de-telles* circonstances que des actions
chimiques et volcaniques, résultant, non de l’apparition des.Granités, mais d’autres
Roches qui, sans paraître jusqu’à la surface, auraient occàsibné leur soulèvemjnt,
se soient manifestées et aient agi sur les Roche* en contact avec Tes Granités, -:3e
manière à les altérer et à produire ces espèces de passages qu’qn trouve parfois
au contact des Roches ignées avec les autres Roches, et qui peuvent induire en
erreur..
Cette espèce de pointement prismatique des Trachytes à l’état^ solide nous parait
avoir été leur mode d’apparition le plus fréquent dans la Grèce ; ils présentent
alojsides pitons ou mamelons, tantôt isolés, comme irPoros ou à Milo, tantôt
en groupes réunis, comnie à Méthana, & Égine, etc. Ces dômes trachytiques sont
le. plus souvent à pentes raides, très-escarpées et d’un accès fort difficile ;*par
exemple, à Méthana, près de l’endroit appelé Râymméni, on trouve à vingt ou
vingt-cinq pas du rivage de la mer un fond de plus de quatre-vingts brasses; le
massif de Trachyte formantjeet escarpement sous-marin s’élève très-rapid entent au-
dessus du niveau des flots jusqu’à près de 700 mètres. Le pic Oros (Saint-Élie)' à Égine
se.présente de loin comme un cône d’éruption et s’élève à 534 mètre! ; celui de
Kastrqoa à Milo, offrant aussi une forme de pain de sucre, n’est guère moins élevé.
Cependant, comme les Trachytes sont des »Roches la plupart du temps fragmentaires,
ils donnent rarement lieu à des falaises; nous en avons vu pourtant quelles
unes assez remarquables, mais elles étaient dues à un mode de structure
différent. Ainsi, par exemple, e.elle*qu’on désigne à Égine sous le nom de Péninda
Vrakia (-zssyrjvnz rot /3 les cinquante brasses), est composée d’un Trachyte
gris blanchâtre, affectant le*formes prismatiques des Basaltes. La montagne au sud
du Saint-Élie, dans la même île, présente également, le long des rivages, la même
structure : les Trachytes y forment des colonnes verticales fissurées dans tous les
sens. A Milo il en existe aussi, comme on le verra dans l’article consacré à cette île.
On a long-temps douté qu’aucun Trachyte ait jamais pu couler; la nature
minéralogique de cette Roche semblait même être un caractère exclusif de ce mode
d’origine, et la plupart des^tits observés tendaient-à confirmer cette opinion; on
regardait donc comme une condition essentielle de cette formations, de ne montrer
toujours que des Roches massives : si alors une’ séparation minéralogique bien
tranchée des Trachytes avec les autres Roches volcaniques était la plupart du temps
difficile à établir, elle l’est devenue bien plus aujourd’hui que le Mont-Dore, le