ici que les torrens aient changé de cours, et après vingt-quatre siècles les ruines
de Mégalopolis sont à peine recouvertes de quelques pieds d’alluvion.
Près de là est la plaine de Francovrysi, bassin fermé au temps de Pausanias et
dont les eaux s’engouffraient pour former de l’autre côté dès montagnes les sources
de l’Alphée et celle de l’Eurotas. Elle est aujourd’hui entièrement comblée par les
alluvions, et les eaux torrentielles de l’hiver franchissent les* cols pour descendre
dans les vallées inférieures.
Au nombre des bassins fermés qui ont achevé d’être comblés dans la période
historique, nous pouvons citer encore la plaine de Stényclaros, partie supérieure de
la vallée de la Messénie. Elle se trouve aujourd’hui de niveau avec la barrière des
rochers qui là séparent de la vallée inférieure, et la nature tourbeuse du sol, son
nom moderne Laki, ainsi que les marais qui y existent encore, prouvent qu’elle
dut former un lac antérieurement à la période historique.
Dépôts des vallées torrentielles et des plateaux.
Parmi les alluvions qui encombrent aujourd’hui le lit des vallées ouvertes de
la Morée, les unes sont évidemment antérieures au dernier soulèvement qu’elle
éprouva ou à l’époque actuelle ; les autres, beaucoup moins puissantes, appartiennent,
par leur position et leurs caractères, aux dépôts qui se forment encore
aujourd’hui.
Les Alluvions anciennes, dont nous parlerons d’abord, peuvent remonter à une
époque géogénique plus ©u moins reculée; cependant, si nous remarquons?'¿pie
presque toutes les Vallées de la Morée ont une pente très - rapide qui aboutit à la
mer, et que celles dont la pente est plus douce n’étaient pas à découvert lors du
dépôt du Terrain tertiaire, nous devrons penser que les alluvions contemporaines
de ce Terrain ont dû être détruites lors des soulèvemeris qui le mirent à nu, et
que celles que nous voyons aujourd’hui sont le produit de l’époque intermédiaire
entre l’apparition des Terrains tertiaires et le faible soulèvement qui marque dans
la Grèce lé commencement de la période actuelle.
Les torrens qui descendent vers la mer, soit de la chaîne Achaïque, soit des
montagnes de la Laconie et de l’Argolide, ont une pente énorme, qui dépasse souvent
5° à 70, et atteint jusqu’à a 5° dans certaines localités (la presqu’île du cap
Matapan, etc.). Les alluvions encombrent les lits de ces vallées torrentielles à une
grande hauteur, et c’est au milieu de leurs masses que les torrens actuels creusent
leur lit. Quand la vallée est évasée, les alluvions anciennes forment plusieurs gradins
correspiondans sur les deux versans, comme si le lit moderne du torrent s’était
abaissé à plusieurs reprises. Les alluvions descendent vers la mer aveè' une pente
assez régulière; mais arrivées sur le rivage, au lieu de se raccorder par une pente
douce avec le niveau de la mer, elles se soutiennent à i 5 et 20 mètres d’élévation,
formant un rivage abrupte des deux côtés de l’ouverture du torrent. Ce fait, par-
ticulièremént.remarquable dans toute l’Argolide, depuis les torrens près d’Astros et
des moulins jusqu’à ceux de Candia, de Kastri et d’Épidaure, nous parait la preuve
d’un exhaussement récent du sol de la Morée.
Ces alluvions se composent uniquement de terre rouge et .des Roches qui appartiennent
à chaque vallée; mais leur nature varié suivant la place .qu’elles occupent^
au pied des grands escarpemens, principalement dans les cirques à la naissance des
vallées, elles ont tous les caractères des dépôts détritiques; on y trouve, au milieu
de beaucoup de terre rouge, des fragmens anguleux de plus d’un mètre de longueur,
très-peu de fragméns arrondis et aucune trace de couches distinctes.
Vers les plaines et au bord de la mer, les fragmens sont moins anguleux; la terre
rouge est plus rare, et des zones de Sables, de Graviers ou de Cailloux de volume
homogène, indiquent une succession de temps et de conditions d’équilibre entre
la puissance et les dépôts des torrens.
Dans la partie moyenne des vallées, et quelquefois jusqu’au bord de la mer, il y
a un mélange constant des débris détritiques qui proviennent des pentes latérales
et des véritables produits du torrent, dont les caractères sont fort différens. Enfin,
dans quelques localités (les côtes dé l’Achaïe, etc.), les alluvions sont principalement'
formées des débris de' Poudingues du Terrain tertiaire ancien , et alors les
véritables Galets et Sables marins y dominent.
On voit, d’après ce qui précède, qu’il serait impossible de considérer ces immenses
amas rougeâtres qui comblent les vallées de la Grèce comme le résultat
d’une catastrophe instantanée on d’un diluvium, quoique la grande masse des débris
détritiques, de terres rouges et de fragmens anguleux de toutes dimensions annonce
que de fréquens tremblemens de terre, des fractures de rochers et des pluies tropicales
accompagnèrent leur formation, soumise d’ailleurs dans son ensemble aux
lois qui partout régissent cet ordre de phénomènes. Dès-lors le creusement de ces
dépôts par les torrens de notre époque, et leur élévation en falaises sur le bord de
la mer, ne: peuvent s’expliquer que de deux manières : ou par la destruction d’une
partie de l’ancien rivage par l’action de la mer, action qu’on serait obligé de supposer
violente et anormale pour qu’elle put détruire ce qui a été créé sous l’influence
de l’action régulière ; ou par l’exhaussement du sol à une hauteur de 20
à 25 mètres depuis le dépôt de ces alluvions.
Il est facile de voir que dans les deux cas il y aurait production de falaises dans
les alluvions anciennes et creusement du lit du torrent dans sa partie inférieure par
suite de l’accroissement de sa pente. Mais l’hypothèse de soulèvemens successifs
pouvant seule rendre compte des lignes de Pholades que l’on remarque à la surface