sans, les effets sont un peu différens; les fragmens entassés sont plus arrondis et
la terre rouge moins abondante. Les petits ports se comblent, les rivages s’exhaussent
et des deltas cailloutëux, qui s’avancent en face de l’ouverture des vallées,
et dont l’origine ést bien antérieure à l’époque actuelle, se prolongent dans la mer.
Galets et Sables. Les dépôts 4e Galets marins, si communs sur les rivages
océaniques, sont très-rares sur ceux de la Grèce, et ils n’ont jamais que peu
d’épaisseur et d’étendue, ce qui tient sans doute à la rareté,des plages et au peu
de puissance du flot; aussi ce bruissement sonore des grèves, qui annonce le
voisinage de la mer-sur le littoral de la Bretagne et de la Normandie, ne se fait-il
presque jamais entendre sur celui de; la Grèce.
Sables. Il existe dans l’Elide et dans la vallée’ de la Messénie; aux environs de
Nisi et vers Androussa, des dépôts de Sables.que l’on peut attribuer aux atterris-
semens de l’époque alluvienne; ils ne contiennent d’autres fossiles que les débris
de ceux du Terrain tertiaire, s’étendent au sommet de petites collines de 20
à 25 mètres au-dessus du niveau de la mer, et nous paraissent trop homogènes
pour être attribués à la seule action des alluvions. Nous avons aussi remarqué
dans l’Hélos, entre Skalà et Brinico, de nombreuses alternances de couches de
sables et de petits graviers marins, formant des talus qui semblent taillés de mains
d’hommes, au pied des collines tertiaires. La nature de ce dépôt et son élévation
de 10 à 12 mètres au-dessus- de la mer, nous engagent à le classer dans les atter-
rissemens sablonneux de l’époque immédiatement antérieure à l’époque actuelle.
La plus importante des modifications du littoral qù’on puisse attribuer .à cette
période et en partie à l’époque actuelle, est la réunion au continent de tout un
petit archipel-des côtes de l’Élide, par l’effet des atterrissemens sablonneux.
Cet archipel se composait de la colline rocheuse appelée Mavron-Oros, près
des lagunes et des dunes du cap Papas (A ra xus ), que des Sables rattachent seuls
au continent, du rocher de ¡Kounoupéli et des presqu’îles Clarentsa et Scaphidaki,
qui ne cessèrent probablement d’être* des îles qu’après le soulèvement des alluvions
anciennes. Les produits de l’époque actuelle se distinguent bien sur ce rivage de
ceux de l’époque antérieure; ils forment une bande de 4 à 6000 mètres de largeur,
qui s’étend depuis le capJPapàs jusqu’à l’embouchure de XAnigrus, au sud du
défilé de Kléidi, et dont la plus grande partie est occupée par des étangs salés ou
saumâtres, que des dunes séparent de la mer.
Deux causes ont. donné lieu à ce grand dépôt de Sables et à la création des
lagunes : la première, toute continentale, est la destruction des Terrains tertiaires
anciens et récens de l’Élide, par les torrens et par la mer à ses différens niveaux
successifs ; la seconde est Tacdon particulière de la mer dans tëette partie des
fivages Adriatiques. Un courant rapide sort du gOlfe Adriatique, en longeant les
côtes de l’Albanie et de l’Épire, amorti par la rencontre des îles Santa-Maura,
Céphalonie etZante, entre lesquelles il pénètre; il jette sur les côtes qui forment
l’ouverture du golfe de Patras et sur. la totalité des^côtes de l’Elide, les troubles
et les Sables qu’il .entraîne.' Les eaux du golfe de Patras lui opposent une résistance
qui est en grand^ partie la cause des immenses dépôts de l’embouchure de l’Aspro-
Potamos et des lagunes de Missolonghi. De là, la-réunion des îles Échinades au
continent, phénomène prévu dès les temp§ d’Hësiode et d’Hérodote; mais que
tous les écrivains dje l’antiquité, Hérodote., Thucydide, Strabon, Pausanias, attribuaient
aux seuls dépôts de l’Àchéloüs; erreur que beaucoup de naturalistes modernes
partagent encore : quelque grand et limoneux que soit un fleuve, il ne se
formera que de faibles dépôts à son embouchure, si elle est balayée par un’ courant
littoral; tandis que près de là , un golfe qui ne reçoit pas un ruisseau, peut être
comblé, rapidement par les troubles et les Sables que la mer y entraîne.
Les atterrissemens du golfe de l’A earnanie, à l’embouchure de l’Achéloüs, doivent
être regardés comme le.produit de la mer, plutôt que du fleuve1. Au reste,
l’effet tend à atteindre sa limite, les Sables et les vases.-se dirigent presque en
ligne droite de l’île Oxia au château de Boumélie; ligne que le courant du golfe
de Lépante les empêchera de dépasser. 2
Sur la côte opposée,les Sables s’amoncellent autour du cap-Papas et s’avancent,
à une grande distapce sous la mer, vers^a pointe Bakari; if*en, résulte un premier
resserrement du golfe, qui tend sans cesse à se fermer. Mü's l’effet le plus remar-
1. Les rases de mer ont presque entièrement comblé la petite mer intérieure appelée Morbihan
sur les côtes de Bretagne, dans laquelle il ne se jette pas un ruisseau, et le port de Lorient, où
tombent deux rivières à pentes rapides, a conservé sa profondeur, du moins dans le centre, en
sorte que l’on doit dire que Sur la côte méridionale de Bretagneries golfes et ports ne s’envasent que
maigri et non par l’action des rivières. Il en est de même, selon M. le colonel Bory de Saint-Vincent
au bassin d’Arcacbon sur la.côte de Gascogne.
2. Nous croyons devoir citer ici les réflexions faites par Strabon àu sujet des atterrissemens de
l’Achêloüs; il'n’envisage que l’action du flot, mais aygc une justesse de vues comparable à tout
ce qui a été dit de mieux sur ce phénomène. « Ce qui empêche le limon charié par les fleuves de
« s’avancer beaucoup, dans la mer, c’est que la mer, dans son balancement naturel, le repousse en
« arrière; en effet, pareille aux animaux qui continuellement expirent et aspirent l’aity la mer fait
« sans cesse une sorte de mouvement alternatif en dehors et en dedans d’elle-même.. . . Comme le
« flot, en arrivant, même dans sa plus grande tranquillité, a toujours une certaine force, il rejette
« sur la tèrre tout corps étrangerc’est ainsi, comme on dit, que la mer se purge. Mais quand le flot
« se retire, il n’a plus assez d’action pour ramener avec soi ni les débris, ni les cadavres, ni même
« les moindres morceaux ae liège qu’il a précédemment amenés sur le rivage, etc.» (Strab., 1 .1,
liv. II, trad. de Gosselin.) Toute la suite de ce passage de Strabon et une grande partie du livre II,
notamment ce qu’il dit d'unemianière si positive du soulèvement des montagnes, passage cité dans
l’introduction, montrent que l’observation des principaux phénomènes naturels ne lui était pas étrangère.
On trouve les mêmes connaissances et le même esprit d’observation dans les écrits d'Ovide.