Dans plusieurs localités les Jaspes présentent des rognons sphéroïdaux, tout-à-
fait semblables, pour la forme et même les couleurs, aux rognons de Fer carbo-
naté lithoïde des Terrains houillers. Ces nodules, plus ou moins volumineux et à
structure testacée, sont presque toujours plus épais que les couches qui les renferment
5 ils interrompent ainsi la régularité ordinairement si parfaite des assises de
Jaspe. Il serait difficile d’expliquer cette disposition singulière au milieu des couches,
si l’on n’admettâit qu’elle est le résultat d’une modification postérieure, à laquelle
les Jaspes eux-mêmes doivent peut-être aussi leur existence.
En Argolide, où les Ophiolithes sont si répandues, nous avons cru remarquer
que cette disposition paraissait plus fréquente, et qu’elle existait surtout quand ces
Roches avaient pénétré au milieu des Jaspes; en sorte qu’on pourrait supposer que
la présence des Serpentines n’est pas étrangère à cette manière d’être des Jaspes.
Serait-il donc possible qu’il en fût de cette formation comme des Quarto-Rock de
TÉcosse, qui résultent, suivant M. Mac Culloçh, de Roches arénacêes, quartzeuses,
modifiées; ou bien des'Quartzites de la Tarentaise, que M. Élie de Bèaumont a
constaté n’être que des Grès secondaires également modifiés ?
Quoi qu’il en soit, il est remarquable de voir la tendance qu’ont les Jaspes,
ainsi qu’un grand nombre d’autres Roches, à prendre, lorsqu’ils ont éprouvé quelques
modifications postérieures-à leur dépôt, des formes globulaires. La Grèce nous
a fourni*beaucoup d’exemples de Roches ainsi modifiées, parmi lesquelles nous
pourrions rappeler les Granités de Tine, de Mycone; les Quaftzites ovulaires de
la chaîne du Kourkoula (Laconie) et des monts Adhères (Argolide), que nous
regardons comme des Grauwackes modifiées, et les Calcaires de transition des
montagnes du Sandgia (presqu’île du cap Ténare), qui présentent des noyaux d’un
gris bleu, à formes peu arrêtées et sphériques, au milieu de la masse devenue
jaunâtre et terreuse. Nous pourrions encore ajouter , que sur quelques points, et
•nntaminp.nl au nord du khan de Sakona (route de Karitæna), le Grès vert lui-même
a aussrime tendance à se décomposer en boules.
Les Jaspes et lès Grès passent des uns aux autres, par des. Argiles très-siliceuses,
d’un rouge brun, tenant des Grès par la nature arénacée plus ou moins apparente,
et des Jaspes par la couléur, la texture et les, formes -fragmentaires qu’elles offrent
quelquefois en même temps qu’elles se délitent comme eux en fragmens anguleux:
elles sont .ordinairement schisteuses ou en couches très-minces, alternent avee les
Jaspes et leur- servent aussi d’intermédiaire pour passer aux Calcaires, quand ceux-ci
ne reposent pas immédiatement au-dessus*; elles deviennent alors calcarifères et
passent aux Calcaires marneux, violets, sehisteux; ces Argiles marneuses acquièrent
sur quelques points, comme les Jaspes, un assez grand développement, et forment
des collines entières.
Tout ce Système arénacé du Grès vert inférieur occupe presque toujours le
fond dés vallées et forme la base des montagnes; il donne lieu à des collines basses,
que l’on reconnaît de loin à leursfformes molles et arrondies, et à leurs teintes rembrunies,
qui contrastent avec la couleur claire et les formes toujours escarpées et
abruptes- des montagnes calcaires qui les dominent. Toutes les Roches de'ce Système
se désagrègent facilement, et donnent naissance à un Îèrrain en général maigre
et peu propre à la végétation^
L’existence de ce Système de Grès indique évidemment qu’une période de trouble
a succédé à la période de- calme, pendant laquelle se sont déposés les Calcaires
bleus à Nummulithes, et pourrait faire soupçonner seule* qu’une dislocation, sinon
générale, du‘moins partielle, est venue interrompre le dépôt de ces Calcaires, pour
donner lieu au dépôt arénacé qui lui a succédé, si nous n’avions vu celui-ci reposer,
en quelques points, en gisement, contrastant au-dessus, ou bien etre adossé soit a
la tranche des Calcaires, soit k la Brèche-Portor (route de Mistra à Lénidi, plaine
de Tripolitsa, etc.; voyez la coupe n.° î , Pl. m).
Principales localités où se trouve WSystème du Grcs^ vert inférieur. Les principaux
lieux où nous avons rencontré le Système du Grès vert inférieur avec ses
Jaspes, sont d’abord entre Arcadia et Pavlitsa, où on le voit former une suite de
collines assez élevées, occupant le pied des montagnes calcaires. Au pied de la montagne
sur laquelle est situé le village de Sidéro-Kastro, on voit les Jaspes rouges
à nodules testacës, sphéroïdaux, associés à un véritable agglomérat vert, feldspa-
thique, qui occupe tout-à-fait la base, et que l’on retrouve également plus loin
au pied du mont Slilou (Kotylius). Il constitue les collines basses, situées entre les
montagnes de Saint-Basile, de Vourcano et de Psoriari, où était située l’ancienne
Messène, et une grande partie de la vallée dü Pamisus, où il est généralement
recouvert par le Terrain tertiaire; les villages de Lézi, de Méligala, de Tséphérémini
et autres, y sont situés sur le Grès vert, A l’est de Kalamata on voit le Grès vert
percer avec des Serpentines au-dessous des Calcaires gris de fumée, composant,
avec des Calcaires lie^de vin et à Silex, le premier chaînon qui flanque le pied
du Taygètë; et plus au sud, ou aux environs de Skardamoula, on le voit encore
percer, associé à des Jaspes rouges.
Le Grès vert inférieur, avec Jaspes rouges et verts, règne encore à la base des
montagnes situées à l’est du camp de Sakona, et plus au nord, sur la route de
Karitène, le Grès acquiert beaucoup de développement, ses couches deviennent
assez puissantes, et ont une tendant à se décomposer en boules testacées. Il passe
à un Jaspe d’un vert foncé, qui alterne avec des Argiles marneuses, feuilletées, rouges
et verdâtres. Dans le fond des gorges qui conduisent de Kara-Moustapha à Kou-
véla, on voit percer les Jaspes rouges et verts, liés aux agglomérats verts, ophio- 11 \ »4