504 TERRAIN TRÀCHYTIQUE
l’Alun, la Potasse, qui est fournie par le Feldspath, manquait, il n’a pu s’y former
de l’Alun tandis que l’Acide sulfureux'a pu s’emparer de la Chaux,»du Fer et de
l’Alumine qui y étaient contenus, pour les transformer en Sulfate de Chaux et en
Sulfate double d’Alumine et de Fer ou Alun de plume, qu’on y rencontre aussi
quelquefois. Quant à la présence des Pyrites, elle est bien difficile à expliquer.
La Cimolithe est une excellente Terre à foulon, dont les habitans d’aujourd’hui
font encore, comme ceux d’autrefois, usage pour le dégraissage des habits. Les
marins grecs qui abordent en ces parages ne manquent jamais d’en faire une ample
provision; on l’exploite dans plusieurs endroits, mais celle que l’on relire du fond
dé la mer, au mouillage situé en face de Polyno, est préférée, parce qu’elle est
d’une pâte beaucoup plus fine, qu’elle se délaie mieux que celle qu’on exploite à la
surface de l’île et que, contenant moins de Pyrites et de grains de Sable, elle perce
moins le linge. Les anciens distinguaient deux espèces de Cimolithe, la Cimolia aïba
et la Cimolia purpurescens; il n’est question ici que de la première;,ils l’employaient
beaucoup en médecine, et elle passait pour résoudre les tumeurs et surtout pour
Arrêter les vomissemens de sang.
Nous n’abandonnerons pas Cimolis sans faire remarquer qu’il existe, à quelque
distance au nord-ouest, un rocher volcanique qui porte le nom de Thermo-Pétra,
parce qu’il s’y dégageait, dit-on, anciennement beaucoup de chaleur tout autour,
et qu’il était lui-même à une haute température.
POLYNO, qu’on appelle aussi Y Ile-Brûlée (Yiccvfxpèvti), est située à trois milles
à l’est-nord-est de Milo, et seulement à un au sud-est, de Cimolis; l’intervalle qui
la sépare de la première se trouve divisé à peu près par moitié par l’îlot de Saint-
George, qui appartient aux mêmes formations que les trois îles qui l’entourent.
Polyno a environ douze milles de circonférence; mais comme elle manque tout-
à-fait d’eau, elle est inhabitée et n’est fréquentée, dans certaines saisons, que par
les pêcheurs et les pâtres de Milo et de l’Argentière. Son sol est assez élevé; à
quelque distance il offre l’apparence d’un mamelon, et sa constitution géognostique
est absolument la même que celle de ces deux dernières îles; elle a été volcanisée,
et porte comme elles les traces évidentes de l’action des feux souterrains et des gaz
.acides; elle présente aussi l’image d’un vaste incendie, qui en aurait calciné toutes
les Roches qui appartiennent aux formations primordiales, aux Trachytes, au Terrain
tertiaire subapennin, à des conglomérats trachytiques et ponceux, à des Trass,
etc. Ces dernières .sont aussi passées à l’état d’Alunites pulvérulentes ou silicifères»
Il s’y trouve, dit-on, cémme à Milo, des excavations souterraines, soutenues par
des espèces de piliers, qui paraissent être d’anciennes exploitations pratiquées dans
le Calcaire Poros, ou peut-être dans des couches gypseuses ou de Cimolithe.
Tout concourt à démontrer que Polÿno, Cimolis, Milo et les écueils qui les
entourent, font partie d’un seul et même groupe, tout-a-fait distinct, et en grajnde
partie d’une origine beaucoup plus moderne que le reste des îles de 1 Archipel;
ce .groupe repose au-dessus d’un vaste.foyer volcanique, qui a commencé à se
manifester, avant lé dépôt du Terrain subapennin, par l’apparition de plusieurs
massifs trachÿtiques, et plus tard, par des éruptions sous-marines, contemporaines
et postérieures à ce dépôt»
Depuis l’entier soulèvement de ces ¿les et le relèvement du Terrain tertiaire,
son action ne paraît s’être manifestée à leur surface que par des émanations gazeuses
à travers les crevasses du sol, et la haute température qui s’y est toujours développée
depuis les temps les plus reculés.
POLYKANDROS (rioÀuxavt^o?) > l’ancienne Pholégandros (QoXéyceviïços), qu’Ara-
tus, d’après Strqbon, appelait l'Ile de Fer, appartient aussi, en partie du moins, au
Système volcanique ; elle est située entre Milo et Santorin, à six lieues de la première
et à neuf lieues de la seconde; de sorte qu’elle paraît établir une liaison entre ces
deux points volcaniques et confirmer, comme nous l’avons indiqué au commencement
de ce chapitre, les rapport* de direction qui semblent particulièrement
exister entre les .phénomènes volcaniques du sud de la Grèce et le Système de
dislocation Achaïque. Quoique nous n’ayons pas visité Polykandros, sa constitution
géognostique, si l’on doit s’en rapporter au peu d’indications qu’ont données de
cette île les voyageurs modernes, paraît être semblable à celle des îles du groupe
de Milo, c’est-à-dire quelle, serait en partie volcanique et en partie volcanisée; on
y cite des Trachytes recouverts partout de fragmens trachytiques et de Ponce.
Il existe dans l’île une caverne assez spacieuse, dont. Sigaud-Lafond, dans son
Dictionnaire des merveilles de la nature, donne une description extraite du
Voyage en France, en Italie et aux îles de VArchipel, traduit de l’anglais et
publié en 176S. Cette grotte, partout tapissée.de Stalactites rougeâtres et noirâtres,
semblerait appartenir aux Terrains, anciens, si, comme le disent les deux
voyageurs anglais qui l ’ont visitée, on y trouve en quantité le'Fer oligiste étoilé;
ils ajoutent cependant plus loin que, ayârit soulevé une plaque de Stalactite d’une
des parois, une couche pulvérulente, mélangée de nombreuses paillettes de Mica,
s’en éboula. Ôr, nous n’avons vu que le d’épôt sableux souvent très-micacé de la
partie moyenne du Terrain subapennin que »cette couche meuble pourrait représenter,
à moins que lâ grotte- n’ait été creusée dans des conglomérats trachytiques
et des Cinérites; ce qui pourrait expliquer la présence des^ïhaqères pulvérulentes
et mica'cées des parois, avec la présence du Fer spéculaire, ainsi qu’on
en- trouve au Puy-de-Dôme et dans beaucoup d’autres volcans. Enfin, les mêmes
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