est probable que ce n’était autre chosefqu’une de ces Brèches analogues au Portor,
que nous ayons rencontrées à Marathonisi et en plusieurs lieux de la presqu’île
du cap Ténare. f'Voyez la Pl. X, fig. 4 de la 2.0 série.)
§. 5. Nous pouvons donc regarder comme démontré que la Rochas Célèbre
dans l’antiquité sous le nom de Marbre lacédémonien, n’est autre chose que le
Porphyre yert antique, et paèser à l’examen d’une autre question, débattue par les
archéologues et les naturalistes depuis le moyen âge jusqu’à nos jours.
Quelle est la Roche désignée par Pline, Dioscoride et quelques autres, sous
le nom d'Ophites?
Matthiole, Bruckmann, Wallérius, etc., nous apprennent que depuis long-temps
on attribuait, en Italie, le nom (X Ophifes'a notre Porphyre vert, que Ton rencontrait
fréquemment dans les ruines des monumens anciens et dont on ignorait
l’origine; mais ils ne partageaient pas cette opinion, populaire suivant euïyiet la
regardaient comme incompatible avec le? caractères assignés à l'Ophites p r Pline
et Diosèoride.
Un écrivain, qui malheureusement ne paraît pas avoir joint de connaissances
minéralogiqqes a sa profonde érudition, Blasius Caryophilus, traite également de
lOphite et du Marbre lacédémonien, comme de deux Roches distinctes. Enfin,
tout récemment ( i8t>3) Delaunajr, dans un Traité spécial sur la minéralogie des
anciens, ne parut pas soupçonner que le Marbre lacédémonien fût le Porphyre
vert,.ni que celui-ci^¿eût été désigné.sous Je nom d’Ophite par le compilateur
romain. Cependant, sans être arrêté par ces autorités ,&un? de nos maîtres en
géologie, qui joint en oûtre l’esprit de critique à l’érudiuon (M. Brongniart), vient
de consacrer l’opinion contraire, en donnantfau Porphyre vert le nom d’Ophite
dans sa Classification des Roches, et dans l’article Terrains dû dictionnaire des
sciences naturelles.
Il Nous allons faire vôir que cette opinion, qui ’ne pouvait avoir pour elle que
d assez faibles probabilités, en ^acquiert de nouvelles;par la découverte que nous
ayons faite de la véritable nature du Marmor Laçsdoemonium.
Voici le pàÉsage de Pline, dont l’obscurité a donné heu à toute la discussion :
Non omnia (Marmora) in lapicidinis gignunlur, sed mulla et sub,terra spart a ,
pretiosissimi quoedam generis, sicut Lacedcemonium viride, cunctiscjne hilarius.
Sic et Augusium, ac deinde Tiberium, m Ægypto reperta. Différent,iaque
eorum est ab- O p h it e , quum sit illud serpentiurn maculis sim ¿le, unde et nom en
accepil : quod hoec maculas diverso modo "colligunl, Augusium undalim cnspum
in vertices, Tiberium sparsa non convoluta.canilie. (Plin. 1. 36, c. 7.)
La construction générale de ce passage paraît avoir fait soupçonner à plusieurs
commentateurs que l’Ophite, que l’on comparaît ici aux seuls Marbres Auguste et
Tibérien, devait être le premier des trois dont il avait d’abord été question, ou le
Marbre lacédémonien. Mais^ils étaient, comme nous l’avons vu, si?éloignés de
penser que le Marbre lacédémonien fût par son aspect susceptible d’être comparé
à la peau d’un serpent, qu’ils abandonnaient cette Drésomption grammaticale, et
faisaient de XOphites un quatrième Marbre, diflër^^es trois précédens.
Cette opinion ne fut cependant pas générale. Aii»î nousdlsons dans un géo1-
graphe de l’époque de la renaissance des lettres, Dominicus Niger, que l’on trouve
en Laconie un Marbre vert que les Grecs nomment Ophites et les Latins Serpentine f
et que l’on désigne aussi sous le nom de Marbre lacédémonien. Cet auteur paraît
avoir puisé à d’autres sources <quë Pline et Dioscoride, et s’il avait été plus connu
ou mieux apprécié, il ¿ût depuis long-temps décidé la question.
Albert le Grand, daiîs un passage1 qui nous a échappé, quoique nous ayons çu la
patiefièfrîde lire son Traité des minéraux, paraît avoic^putenu la même opinion:
aujourd’hui que nous avons reconnu que leMarbrelacédémonien^’était autr&çhose
que ce Porphyre vert, tacheté de blanc, désigné par les modernes souslle nom
d’Ophite, à raison de son seul aspect, une nouvelle probabilité, fondai sur la
convenance du nom d’Ophite au Marbre lacédémonien, . r e joint a velie fondée
sur la construction grammaticale,vet nous devons penser, comme les auteurs qui
viennenfrd’être cités, que Pliner sans nous en prévenir, s’est sèrvi du mot d’Ophite
comme synonyme de Marbre lacédémonien. Nous ne dissimulerons cependant pas
les objections contraires à ce sentiment; d’âbord, il doit paraître bien étonnant que,
parmi tant d’écrivains qui ont parlé du Marbre lacédémonien^ un seul, Pline, lait
désigné sous le nom d’Ophite; en second lieu, Stace (Débalneo Etrusci, v. 35),
et Martial (lib. VI, epig. 4.2), dans le petit nombre des âùteurs' qüi nomment
l’Ophite, signalât son emploi dans la décoration-d’un même bain-, après avoir
déjà parlé du Marbre lacédémonien, et semblent ainsi les distinguer.
En outre, les caractère? assignés à l’Ophite par le compilateur romain, ne s appliquent
qu’en parue au Porphyre vert; ainsi, après avoir dit qu’on ne pouvait
en faire que des colonnes de; petites diniensions ;,il ajoute qu’il y en avait de
deux espècês’, l’une mollè et de couleur claire,* l’autre dure èt de couleur sombre;
et que dé l’Ophite blanche on faisait des vasesvet même des amphores. Il est évident
que par l’ÔpÎiîte blanche U a désigné les Roches serpentineuses ou ophio-
lithiques de M. Brongniart, dont il indique même un gisement encore exploité
de nos jours (Còme en Italie), et que l’Ophite dure et de couleur sombre pourrait
seule être notre Porphyre. De même Dioscoride (lib. V, cap. CLXII|> ;qui
1. Ce passage est citò dans l’édition de Pline traduit par Poinsinet, liv. XI, cliap. XXXVI;
Paris, 1782.