Laconie, nous allons voir qu’il est très-probable qu’ils ont tous eu en vue la même
Roche que Pausanias, ou le Porphyre vert antique; un passage d’îtn auteur peu
connu, le Periegetes anonymus vient d’abord à l’appui de cette opinion. L’auteur
de ce mauvais Abrégé de géographie veut signaler chaque province de la Grèce par
un lieu, un fait ou une production remarquable; il dit, en parlant de la Laconie:
Laconica vero solo Cronico lapide (voyez Perieg. anon., page 3o, édit. de
Genève, 1628).
Il est étonnant que le savant Paulmier de Grentemesnïl (Exercitationes in
auclores groecos, page 286), n’ait pas reconnu ici une altération de Croceate
lapide, plutôt que d’avoir recours au mont'Cronius de l’Élide,
Stace, auquel on ne peut refuser le mérite d’un choix heureux d’expressions
pour caractériser,’ à la manière d’Homère, les lieux-ou les objets qu’il décrit,
s’exprime ainsi :
,, Hic Libycus Phrygiusque s ilex , hic dura Laconum Saxa virent.-¿($tat.,
Epith. Stellæ et Violant. Silv., libjl, v. 149.) Je ne crois pas qu’il soit possible à.
un poète de caractériser en moins de mots et d’une manière plus exacte le Porphyre
vert de Crocées, et nous sommes surpris que quelques éditeurs aient voulu
remplacer par clarq l’épithète si bien choisie de dura, qu’ils regardaient comme
oisgusjgi
Nous retrouvons la Pierre de Laconie, employée à décorer des pièces ‘d’eau,
où, suivant Pausanias, elle produisait un si bon effet, dans ces -passages de Lucien
et d’Eustathe :
« A c media domus très aquoe frigides piscinas habens, Laconico lapide exor-
a nata. ¡? (Lucian. in Hippia), . 1,
Ambilum puteiornabat lapis Chius et Laconicus. (Eustath., de Am. Ism., lib.I.)
De même M^rtial, dans deux occasions différentes.* signale l’emploi du Marbre
laconien dans la ?déco ration des. thermes :
Jdem beat as La ut us exiruit tkermqs.
Dei marmore omni..., QÏÊÊ'
E t quod virenii fonte" lavitOEurotas. (Mart., lib. IX, 76.)
IlUc Taygeti virent métallo. E t çertant vario décore saxa. (Idem, DeEtrusci
thermis, VI, 43-)
Expressions poétiques, dont la première a donné lieu à dé singuliers commentaires
de la part d’un traducteur de Pline, qui attribue la couleur verte du Marbre
de Laconie à une propriété des eaux de.pEurotas; et. la seconde a fait croire à
l’existence de mines métalliques dans le^Taygète.
Deux passages différens de Lampride. font encore voir que" sous les noms de
Saxum et de Marmor Lacedoemonium cet ’auteur désigne: le Porphyre vert de
Laconie ; dans l’un il parle d’un Opus Alcxandrmum, fait en deux espèces de
Marbres, le pgrphyritiqueset le lacédëmonien : « Opus Alexandrinum'lnarmoris,
„ de duobus Marmoribus, hoc est, porphynetico et Lacedoemoniofyrimus instituit.*
(Lamprid. in Alexand. SeriVcap. a5.) Et dans l’autre il décrit les cours de «intérieur
d’un palais pavées en Pierres lacédémoniennesiet porpbyÿtiques : „Slraoit et
« saxis lacedoemoniis et porphyrelicis plateas in palatio..» (Idem, in Anton. Heliogab.,
cap.. 24*) ! < -
Il est évident qpe.àpour un tel usage, on ne pouvait associer à une Roche aussi
dure que le Porphyre, des Marbres verts, qui eussent bientôt perdu leur éclat, et
qu’il ne peut'être question que dimevRoche d’une égale dureté ou du Porphyre
vert antique.
jSa couleur vert de prétest signalée par Stace :
« . . . . Amycloei coesum de monte Lycùrgi
x- « Quod viret, et molles imitqtur rupibus herbas. ”
(Statÿin Vîll. Surrent., Silv. II, 99.)
Et par Sèdonius, dans le Panégyrique de Majorien -. „Laconum mormoro herbosi
« radians inlmirel ordo.%, (Sidon. in Paneg.JMajor.) Tandis-que frocope (De
ædiôc. Justin.)-la compare à'celle de l’Émeraudéfx -
Je pSbrrais encore riter Pollux, Juvenal, Prudence, qui tO«S caractérisent, a*ec
plussou moins de préciÿon, le Marbre-de Laconie comme" éumt la même Rgclre
que Pausanias nous a montrée dans les carrières de Crocées, c’est-à-dire le Porphyre
vert antique.
C’-est donc à tort que les modernes, méconnaissant dans le Marbre lacédémo-
nien, si célèbre dans l’antiquité, ce Porphyre que leur offraient-les riiines de la
Grèce et de l’Itàlie, ont désigné sons son nom de véritables Marbres verts, Ou la
superbe Brèche, dont le Musée possède plusieurs colonnes. (Ydysez le Catalogué
du Musée, par M. le conste de Glarac.) - ;
Il est sans doute possiblejjue les Romains aient exploité, en outre, de véritables
Marbres dans la çhamqsslu Taygète, qui,- de Ja base au sommet, offre les
variétés lestplu^, belles èt les plus nombreuses; Strabon même nous le dit positivement.
Mût pour celui qui est familiarisé aveë le peu de précision de cet auteur,
cette assertion n’est pas d’un plus grand ppids que les expressions poétiques
Taygeti mctalla ou Marmor Amycloei coesum de monte Lycurgi des poètes Martial
et Staqe; et ü est très-permis de.penser qu’ils ont tous*voulu„désigner lés exploitations
de Crocées, situées à peu de distance du pied oriental du Taygète.
Le Marbre du Ténare jouissait encooe d’une certaine célébrité (voyez Pline,
TibSUe, Properce,-Sextus -Empiricus); mais les anciens l’ont parfaitement distingué
du Marbre vert laconien par sa couleur noire, semée de taches jaunes; et il