
 
        
         
		sons  par  leur  duvet,  auxquels  il  s'affectionne  
 par  reconnaissance,  qu’il  rappelle  
 quand  ils  le  quittent,  dont  on  augmente  
 le  nombre  tous  les  jours  jusqu’à  ce  qu’il  
 en  ait  autant  que  le  volume  de  son  
 corps  et  l’ampleur  de  ses  ailes  peuvent  
 en  couvrir.  Quand  il  a  avec  lui  tous 
 les  Poulets  qu’ on  veut  lui  faire  conduire, 
 il  faut  le  laisser  encore  deux  jours  avec; 
 eux  dans  la  grande  cage,  puis  lui  permettre  
 de  se  promener  en  conduisant  son  
 troupeau.  Il  le  soigne  aussi  bien  et  
 avec  autant  d’attention  que  la  Poule  la  
 plus  attentive. 
 Il  étoit  sans  doute  bien  utile  de  déterminer  
 le  Chapon  à  remplacer  la  Poule  
 dans  la  conduite  des  poussins ;  mais  ne  
 pouvoit - on  pas  imaginer  un  procédé 
 moins  cruel?  c’ est  ce  qu’a  fait  Réaumur ;  
 il  a  pensé  qu’il  n’étoit  pas  ne'cessaire  d’enivrer  
 le  Chapon  pour  lui  apprendre  le 
 métier  de  conducteur,  encore  moins  de  
 lui  arracher  des  plumes  qui  pouroient  contribuer  
 à  mieux réchauffer  les  Poulets  II 
 a  cru,  et  il  a  prouvé,  qu’il  suffiroît  de  
 le  mettre  seul  d’abord  dans  un  baquet 
 peu  large et assez  profond,  de  le  couvrir  
 pour lui  laisser  peu  de  lumière,  de 
 le  retirer  deux  ou  trois  fois  par  jour  du  
 baquet  pour  le  mettre  sous  une  cage  où  
 il  trouvoit  du  grain,  puis  de  lui  donner  
 deux  ou  trois  Poulets  qu’on  '  porte  et 
 qu’on  fait  manger  avec  lui  sous  la  cage »  
 pour  l’accoutumer  non  seulement  à  les 
 souffrir,  mais  encore  à  en  recevoir  d’autres, 
   dont  on  augmentoit  successivement  
 le  nombre  jusqu’à  quarante  ou  cinquante,  
 comme  dans  le  premier  procédé,  et  qu’il  
 conduisoit  de  même. 
 Le  Chapon,  devenu  conducteur  de  poulets,  
 reparoit  à  leur  tête  dans  la  basse-cour  
 non  comme il  étoit  avant,  triste,  honteux 
 et  humilié,  mais  fier,  altier  et  triomphant,  
 et  telle est  l’influence  de  l’audace  sur 
 tous  les  animaux,  que  cet  air  emprunté 
 en  impose  tellement aux  Coqs  et  aux 
 poules,  qu’ils  ne  cherchent  point  à  le 
 troubler  dans  l’ exercise  de  sa  charge.  
 D’abord  il  y   est  un  peu  gauche;  l’envie  
 qu’il  a  de  prendre  dans  sa  démarche  la 
 dignité,  la  majesté  du  Coq,  fait  quil