
Bengale ni dans l’Ile de Java ; Buffon même
donne une citation qui doit déjà en partie
détruire son opinion; l’histoire des voyages
nous transmet, dit cet auteur, que Ton trouve
des Paons blancs à l’Ile de Madère, (a)
Je ne conteste pas qu’il est possible qud
les Paons blancs qui se trouvaient dans cette
île y fussent transportés ; mais ' il est hors
de toute doute que l’on ne sauroit présumer
avec quelque fondement une pareille transplantation
aux Indes Orientales.
Ce n’est pas sans un laps de tems con-
„ sidérable , poursuit Mr. de Buffon , et sans
,, des Circonstances singulières qu’un oiseau
„ né dans les climats si doux de' l’Inde et
„ de l’Asie a pu s’accoutumer a l’ âpreté des
„ pays septentrionaux; s’il n’y à pas été
„ transporté par les hommes, il a pu y
„ passer, soit par le nord de l’Asie soit
par le nord de l’Europe : quoiqu’on ne
„ sache pas précisément l’époque de cette
, émigration, je soupçonne qu’elle n’est pas
„ fort ancienne.” (&)
(V) Histoire générale des voyages tom. 2, p. 270.
. (b~) Baffin Edition de Sonnhù y. 6. p. 15° '
Le Paon blanc n’a pu former dans les pays
septentrionaux une race constante qui auroit
été transportée des Indes par les hommes,
ou bien, qui auroit emigrée par le nord de
l’Asie pour se rendre dans ces régions glaciales,
puisque ces pays ne nourrissent point
une pareille race et qu’aucun auteur n’en
parle ; ces oiseaux entièrement blancs sont
aussi rares, même moins abondants dans
l’état de sauvage aux Indes, qu’ils ne le
sont chez nous dans l’état de domesticité.
Un ami qui avait longteins séjourné dans
l’inde m’a assuré avoir rencontré dans
ces partages des Paons entièrement blancs;
ceux-ci volent avec les grandes troupes de
Paons sauvages, décorés de couleurs brillantes.
Ce fait, qui m’a été confirmé par des
personnes qui ont visité ces contrées, vient
encore à l’appui d’autres de la même nature,
qui prouvent évidemment que l’influence des
Climats n’opère point aussi puissamment sur
la livrée des oiseaux, que Mr. de Buflon
paroit le présumer ; de là l’origine des
erreurs dans lesquelles ce grand génie
est souvent tombé, en cherchant des analo-
* J