occupe en largeur une grande étendue ; la plus
orientale se nomme Dreqeh : une multitude do
roches saillantes qui avoisinent ces îles forment
une petite cataracte. Ne pouvant atteindre aucun
village, nous fîmes halte, à trois heures un quart,
au bord du fleuve, sous des doums, dans l’in-
tention d’y passer la nuit. Nous rencontrâmes
là une caravane qui s y était arrêtée aussi. Ses
objets de négoce consistaient en esclaves des
deux sexes, ivoire et tamarin : elle devait quitter
cette route à Abou-Hamed, pour traverser le
désert.
Le 11, nous partîmes à sept heures. A l’extrémité
septentrionale de l’île de Dreqeh, finit
la province de Barbar, et commence celle dé
Robâtât. La route près du fleuve devenant difficile
à cause des nombreux rochers qui le
bordent, nous fûmes obligés de cheminer durant
six heures dans le désert. Le sol y est de
roches feld-spathiques : à sa surface, on trouve
des blocs roulés d’un calcaire dur et rubané en
bleu. A une heure, nous revîmes le Nil : en face
de nous était la grande île de Qandeyssi. Nous
continuâmes à faire route entre de petites collines
sablonneuses, où végètent des doums et des
acacias clairsemés. A trois heures, nous àrrivàmes
enfin à Nédi, petit village près du Nil.
Nous nous aperçûmes ici de l’approche des bons
pays ; car on vint nous offrir du froment à échanger
contre une égale quantité de dourah, qui y est
plus rare que le froment. Celui-ci, qui se vendait
à Chendy dix-huit sous la livre, n’en valait que
quatre à Nédi; et cependant il ny a que cinq
jours de distance d’un lieu à 1 autre.
Le 12, à six heures et demie, nous continuâmes
notre route en longeant le fleuve à un
quart de lieue. Çà et là sur ses bords en partie
couverts de doums, se montraient quelques maisonnettes.
Nous dépassâmes les îles d’Yangué,
d’ArtoI et autres qui sont indiquées sur la carte.
Si les terres riveraines sont en général mal cultivées,
les îles offrent en revanche l’image de la
fertilité. On y trouve beaucoup de doums et des
dattiers de peu de rapport. Nous passâmes au petit
village d’Abâ-Hachym ; et à une heure et demie,
nous prîmes gîte dans celui d’Abou-Hachym.
Le 13, à six heures et demie» nous longeâmes
encore le fleuve à la même distance que la veillç.
Ce n’étaient plus ces belles routes unies qui traversent
les plaines duChendy et du Barbar : celle
que nous suivions, couverte de sables monvans
et rocailleuse, fatiguait beaucoup nos chameaux.