revînmes au camp, et je portai au pacha toute
ma récolte, qui consistait en un grain pesant
de parcelles d’or. II ne parut pas enchanté
d’une si riche trouvaille; quoi qu’il en fût, nous
remîmes au lendemain à faire de plus amples
recherches.
Le 20, le pacha prit 30 hommes d’escorte,
son maître mineur, quelques ouvriers , et nous
allâmes au torrent d’AbqouIgui. Je dispersai
quelques-uns de ces derniers sur divers points
et leur fis ouvrir de nouvelles excavations; j’en
occupai d’autres à continuer celles qui étaient
commencées ; on m’apportait les terres au bord
de l’eau, où je les lavais : chaque opération ne
me fournissait que quelques molécules d’or. Le
pacha, inf^atient de n en point voir paraître de
gros morceaux, se dépitait, et parlait déjà de
décamper bien vîte ; il avouait que ce que je
lui avais prédit commençait à se réaliser. Les
Turcs prirent des sébiles, et tous, à mon exemple,
se mirent à laver le sable : mais sans doute ils
s’y prenaient mal ; car, moins heureux que moi
encore, ils vidaient leurs jattes sans y trouver
même un atome de ce métal tant désiré. Les
puits que je voyais ici étaient si peu de chose,
que je supposai qu’il devait y en avoir de'plus
considérables, et j’engageai le pacha à en ordonner
la recherche. Gomme aucun de nos
guides ne connaissait bien le pays, le prince
conçut le projet d’envoyer dçg troupes à la poursuite
des nègres, pour obtenir de ceux que l’on
prendrait des renseignemens qu’il était presque
impossible de se procurer sans cela. Nous revînmes
de bonne heure au camp. Ce jour-Ià,
un centaine de Turcs s’étaient réunis pour aller
en maraude dans les environs; il fallait bien
qu’ils se procurassent par la violence des moyens
de subsister , puisqu'on n’avait fait aucune distribution
de vivres depuis le départ de Sennâr. A
une lieue du camp, ils trouvèrent un village où
ils n’aperçurent d’abord que quelques nègres, sur
lesquels, se croyant en force et tentés parla vuç de
quelques bestiaux, ils fondirent avec impétuosité.
Tout-à-coup il en sortit des cabanes une fouie
d’autres. Les maraudeurs s’étaient trop avancés
pour reculer :, ils firent bonne contenance et
tirèrent sur cette nuée de pauvres gens. Plusieurs
de ces derniers , qui avaient des lances,, accoururent
bravement les jeter sur leurs injustes
agresseurs, et s’enfuirent ensuite avec la rapidité
de l’éclair. Les Turcs ramenèrent au camp
le soir quelques bestiaux et du dourah : trois