distance du fleuve, sur lequel on avait gravé
deux tableaux hiéroglyphiques, un de 2 mètres,
l’autre de 50 centimètres de hauteur; leur état
d’oblitération ne me permit point de les copier.
Iis avaient été tracés négligemment sur la pierre
brute, dont on n’avait pas même pris la peine
d’enlever les aspérités. A cent pas environ dans
l’est, je trouvai une statue de 4 mètres [12 pieds
4 pouces] de hauteur, y compris le socle, qui a
43 centimètres [15 pouces]. Le style de ce colosse
est assez bon ; ses deux bras sont alongés
contre les hanches; de chaque main, il semble
tenir un manuscrit roulé, de même que les statues
d’Argo*. Le bas des reins est entouré d’une large
ceinture rayée qui descend au milieu des cuisses;
le reste est nu et sans ornemens : la tête est
mutilée. Cette statue est couchée au milieu de
rochers de granit gris, qui semblent appartenir
à une carrière d’où le bloc dont elle est faite a
été extrait ; je présume qu’elle est restée là sans
ayoir été achevée dans toutes ses parties. J ’en
fis le dessin , avec les rochers qui l’entourent
(voy. pl. VI, vol. 2). II est vraisemblable , vu la
* Ce que celle-ci tient à la main est carré ; mais il est possible
que cet accessoire n’ait point reçu les derniers coups de ciseau
qui devaient l’arrondir.
C H A P IT R E L 1II.
proximité du lieu et l’identité du granit, que c’est
de cètte carrière qu’ont été tirés les matériaux
employés à la confection des colosses d’Argo.
Depuis long-temps des Arabes m avaient assuré
qu’il existait de grandes ruines dans l’oasis de
Sélimeh, au désert de Libye : on y voyait, disaient
ils, un monument comparable au grand
temple du Khargeh. Je résolus d’entreprendre
cette exfcursion. J ’avais d’ailleurs la certitude
que jusqu’à A’mârah, là rive que je suivais ne
m’offrirait rien d’intéressant à voir. N’ayant
point de barque à Tombos pour traverser le
fleuve , il fallut revenir sur nos pas : après une
heure et demie de chemin, nous en trouvâmes
enfin une petite qui nous transporta avec nos
bagages, d’abord sur une pétite île, et de là sur
là grande île de Daqarty; on passa les chameaux
à la nage. Tout cela ne se fît point sans perte
de temps. Un de mes1 singes cynocéphales se
jeta de lui-même à l’eau, et acheva la traversée
en nageant. Le soir nous nous arrêtâmes au
petit hameau de Maqassi, sur l’île de Daqarty :
cette île est longue de deux lieues, et large d’un
quart de lieue. Toute la partie du fleuve qui
traverse lesprovinces de Dongolah et de Chaykye,
est ainsi parsemée de grandes îles.