antique cité, s’appelle aujourd’hui N aga; on
lui donne aussi le nom de Djébel-Ardân, qui
est celui d’une montagne qu’on voit dans le sud ,
près de laquelle passe une route qui va en
Abyssinie. Divers Arabes et mes guides eux-
mêmes m’assurèrent que sur cette route, à deux
jours de marche environ, on trouve des ruines
aussi considérables que celles-ci et chargées de
même de sculptures : cette position répondrait
parfaitement à celle de Mandeyr , ancienne
capitale des Arabes pasteurs. Enfin , suivant
eux, à un jour et dèmi plus loin encore, dans
la même direction, il y en a d’autres de la même
nature qui occupent une grande surface', dans
un lieu nommé Kély. Là', ajoutaient-ils, il y a
une route qui conduit à Abou-Ahrâz dans le
même espace de temps. Près de cette route , on
trouve des puits qui furent taillés dans le roc à
une époque que la tradition dit être fort reculée.
D’après ces renseignemens assez positifs, elle est
l’ancienne communication, qui du Nil, à la hauteur
de Naga, conduisait à Axumetau port d’A-
dulis (voy. la carte générale pl. LIV, vol. H). Une
autre route, fréquentée aujourd’hui pour aller
à Saouâkin, fut en partie tracée par les anciens,
depuis Abou-Ahrâz, près du fleuve Bleu , jusqu’à
Goss-Regeab*. Entre ces deux points, elle passait
à Mandeyr, et continuait sans doute toujours
vers le nord dans l’ancienne Troglodytique.
Notre provision d’eau commençait à s’épuiser
: cependant j’avais encore à visiter les
antiquités d’el-Meçaourât ; je ne pus donc rester
ici que trois jours et demi. Je m’efforçai de suppléer
à l’insuffisance du temps, en mettant à
mon travail toute l’activité dont j’étais capable.
Tant que le jour durait , je faisais sur place des
esquisses; puis, retiré dans mon temple de
l’ouest, je consacrais une partie de la nuit à les
retoucher et à écrire mes observations. Heureux
d’avoir pu, par ce moyen, fixer sur le papier avec
une exactitude satisfaisante, quoique à la hâte,
tout ce que ces lieux solitaires offraient d’intéressant,
je fis faire pour le lendemain les préparatifs
du départ.
* Burckhardt a parlé des ruines contenues dans ce fieu voisin
de l’Atbarah.