C H A P IT R E X L IV .
Entrevue avec Divan - Effendy. — Rapport sur l’expédition
d’Ibrahym pacha. — Province de Dinka. — Caractère et
usages des nègres qui i’habitent. — Leur nourriture. — Entrevue
avec Toussoun bey.— Départ de Sennâr; aspect du
pays. — Passage du fleuve Bleu, Arrivée à Haifây.
Le 27 février, au jour, je montai à la ville et
allai frapper à la porte de notre ancien domicile.
J ’y retrouvai nos bonnes hôtesses , et le plaisir de
se revoir fut égal de part et d’autre. Elles nous
témoignèrent la surprise et ia joie qu’elles ressentaient
de notre retour, et nous félicitèrent
avec effusion d’avoir échappé aux dangers que
nous avions courus. En moins d’une demi-heure,
nous fûmes arrangés dans notre logement. J ’alfai
aussitôt faire une visite à Divan-Eflfendy, qui
* commandait la garnison. II parut charmé de mon
arrivée, et m’accabia de questions sur toutes les
particularités de notre laborieuse et à-peu-près
insignifiante campagne. Lorsque je lui dis que
le revenu de ces mines d*or sur lequel on comptait
tant, ne méritait pas qu’on prolongeât l’expéditipn
actuelle, ni qu’on en entreprît de nouvelles,
son visage s’épanouit; car il ne doutait pas que
s’il en eût été autrement, son tour serait bientôt
venu d’aller parcourir ces contrées sauvages, dont
je n’avais pas lieu de lui faire un tableau séduisant.
Je lui remis les lettres qu’Ismâyl m avait confiées
pour lui : après en avoir pris lecture, il me dit
qu’elles contenaient l’ordre de me fournir tous
les chameaux dont j’aurais besoin pour retourner
en Egypte ; qu’on le chargeait en outre de m’avancer
les fonds nécessaires pour ce voyage.
Comme je pouvais m’en procurer dans le Don-
golah, je ne pris que cinq mille piastres turques,
et j’en donnai avis à mes correspondans au Caire,
pour qu’ils en fissent le remboursement au khaz-
neh d’Ismâyl pacha. Divan-EfFendy me raconta
toutes les inquiétudes auxquelles il n’avait cessé
d’être en proie, soit sur notre sort, soit Sur celui
des troupes confiées à son commandement. Les
couriÿers qu’envoyait Ismâyl étaient arrêtés sur
les routes. Les factieux, profitant de cette interruption
totale des communications^ faisaient
courir les bruits les plus sinistres sur les désastres
de l’armée du pacha i la persuasion que cette
armée n’existait plus avait enhardi les indigènes *
la sédition prenait les caractères les plus alar