d’Espagne). Les balègues sont celles qui ont
passé la quinzième année ; elles ne valent déjà
plus que de 8 à 12 talaris. De vingt à trente
ans, elles sont réputées vieilles, et l’on répugne
à s’en charger, à moins qu’elles n’aient été précédemment
en service, et qu’elles ne sachent coudre
ou faire la cuisine , ce qui met une grande différence
dans le prix. L’esclave qui a eu la petite
vérole, acquiert aussi une valeur plus considérable;
car on dit que, dans le Dar four, il en périt
un cinquième de cette maladie. Les esclaves
mâles se vendent toujours trente pour cent au-
dessous de ceux de l’autre sexe. Les Abyssiniennes
sont les plus recherchées; elles ont la
réputation d’être intelligentes. Les Noubas sont
bons ; les nègres du Kourdofan et du Darfour
sont moins dociles; on dit que ceux de Fertit
sont cruels et féroces. Un marchand d’esclaves a
un grand intérêt à les bien traiter, et Ces pauvres
gens, sans chercher à pénétrer le motif des soins
qu’il leur prodigue, lui donnent, par reconnaissance,
le nom de père \Lqbou~\. Les nègres appréhendent
beaucoup d’aller chez les blancs ,
où un petit insecte, la puce, suce le sang humain,
et fait beaucoup souffrir; ils sont en général
persuadés, et je ne sais sur quoi ils fondent cette
opinion, que les blancs eux-mêmes finiront par
les manger. Lorsqu’un Turc achète un esclave,
il le fait circoncire et lui choisit un nom bien
bizarre, de peur de lui en donner un qu’un homme
pourrait porter. Les esclaves passent sans cesse
d’un marchand à l’autre, et ont souvent appartenu
à huit ou dix, avant de recevoir une destination
fixe. Mâles et femelles se livrent dans ces
entrefaites, sans pudeur et sans retenue, à tous
les excès de la lubricité , et il n’est pas une de
celles-ci qui arrive intacte au Caire, à l’Okal
Gellabe, lieu d’entrepôt que les marchands tiennent
toujours bien approvisionné en ce genre. Là
chaque esclave est vendu à fessai'; car il est une
foule de vices rédhibitoires dont on ne peut juger
à la simple vue : par exemple, il faut s’assurer s’il
n’a pas l’habitude, la nuit, de ronfler, d’uriner,
de grincer les dents, &c. On estime qu’il y a
en Egypte quarante mille esclaves, moitié de
chaque sexe. II y vient quelques eunuques de
Borgo ; mais c’est à Tahtah, près de Syout, qu’on
en fait le plus grand nombre : ce sont des Coptes
qui, au moyen d’un droit qu’ils paient au gouvernement,
jouissent du privilège d’exercer l’in-
fame métier de mutiler ainsi de malheureux
enfans de huit ou dix ans; c’est avec le rasoir