en diminuait la quantité d’une manière sensible;
j’avais en conséquence mis tout le monde à la
ration. Mais cette sage précaution fut à-peu-près
sans objet; car nous étions près du Nil. Bientôt
nous aperçûmes, dans le lointain, des zones de
verdure qui bordaient l’horizon ; et à sept heures
du soir, nous étions hors du mauvais'pas où je
m’étais inconsidérément engagé ; car, dans ce
pénible et long trajet, mes regards n’avaient découvert
ni monumens antiques, ni monumens
modernes.
Il nous restait au moins l’avantage d’avoir
abrégé de six jours notre voyage ; et cette considération
était bien capable de nous consoler du
mal que nous avions eu. Nous nous trouvions
dans la province de Dongolah, en face de l’île
d’Argo. Nous passâmes à gué pour nous rendre
sur cette île, en nous dirigeant vers sa partie
septentrionale, pour aller prendre gîte au hameau
de Serrar-Nârti. Depuis Barkal, nous
avions marché quarante-quatre heures.
Le 17 fut pour nous un jour chômé. Il nous
fallut participer à une fête que célébraient les
habitans en mémoire d’un ancien cheykh qui
y était en grande vénération. Tous les ans, ses
parens et ses amis se réunissaient en grand
nombre, et donnaient un festin pour solenni-
serl’époquede sa mort. La chair d’un boeuf entier,
force galettes et diverses autres pâtes de dourah,
formaient la base du régal; la meryse et la bulbul
y furent versées à longs traits. Après le repas, les
femmes se mirent à danser et à pousser des cris
produits par un roulement de langue tout particulier,
et que je jugeai être l’expression des regrets
que faisait naître le souvenir du défunt.
Le 18, à cinq heures du matin, nous nous
acheminâmes vers la province d’el-Mahas : à huit
heures et demie, nous étions à el-Kirmân, ruine
en terre dont j’ai parlé, et que j’examinai de
nouveau. A dix heures, la grande chaleur nous
obligea de faire une pause à Askan, lieu qui consiste
en cabanes de paille , près desquelles les
habitans cultivent quelques parcelles de terre.
En général, la partie opposée du fleuve, dans le
Dongolah, est plus riche et mieux cultivée que
celle-ci. Nous fîmes encore une traite d’une
heure et demie, et couchâmes, àTombos hameau
composé d’un petit nombre de cabanes en paille,
en face duquel est une île du mémç nom. Ayant
appris là qu’il y avait des antiquités dans les environs,
je m’y fis conduire le lendemain, 19 mai.
Je vis d’abord un rocher de granit, à peu de