Beçtât. Ils broient, entre deux pierres, la pâte
qu’ils font avec la farine de dourah, et la
laissent fermenter vingt - quatre heures pour
qu’elle s’aigrisse; puis ils la font cuire dans des
vases de terre, et la mangent toute chaude, après
l’avoir assaisonnée de graisse et de sel, parfois
avec du lait aigre, ou avec des gombauts pilés et
bouillis; à défaut de ces fruits, ils font sécher
au feu des tiges de dourah vertes, les pilent, les
font bouilür de même, et en obtiennent une eau
sucrée qui- leur sert de condiment. Ils aiment
beaucoup la chair de boeuf, et font très-peu de
cas de celle delà chèvre ou du mouton; la chair
de l’éléphant est fort de leur goût; ils mangent
aussi celle de la giraffç, du cerf, du boeuf
sauvage et d’autres animaux. Ces viandes leur
sont apportées par les Arabes du Bertât et du
Bouroum, et ils donnent en échange des moutons
ou du coton filé. Ils ont pour armes des lances
très-lourdes : le fer dont elles sont munies a jusqu’à
un pied et demi de longueur et cinq pouces
de largeur. Ils emmanchent aussi sur des bâtons,
des cornes droites et aiguës, et quelquefois des
dards en fer. Enfin, ils se servent d’espèces de
massues courtes, grosses par un bout et pointues
par l’autre : ils lancent cette arme avec adresse,
à une grande distance, en lui imprimant un
mouvement de rotation, de manière qu’une des
deux extrémités doit frapper au but. Leurs boucliers
, faits, dit-on, en peau d’éléphant, sont
très-grands et très-lourds.
Par leur courage et leur nombre, ils se
rendent redoutables à leurs voisins du Bouroum
et du Bertât, chez lesquels ils font des
incursions. Ces hostilités leur attirent parfois de
fâcheuses représailles de la part de ces derniers ,
qui se réunissent pour en tirer vengeance. Au
moment d’accepter le combat, ils placent leurs
femmes et leurs enfans au milieu d’eux, et attendent
l’ennemi de pied ferme. Dès qu’il avance,
des pelotons de six ou huit se détachent alternativement,
et, vibrant d’une main sûre et exercée
leurs pesantes lances, les font voler sur lui à
un intervalle de trente et quarante pas. S’ils se
voient hors d’état de faire une plus longue résistance
, iis prennent la fuite , et laissent là
femmes et enfans, qui restent au pouvoir des
vainqueurs. Si les femmes reconnaissent que
l’ennemi est trop nombreux pour qu’il soit possible
de lui faire face avec quelque espoir de
succès, elles se jettent sur leurs maris, les saisissent
par le milieu du corps et les conjurent de
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