à qui assénera les plus furieux coups. Dès que
les femmes, spectatrices du combat, s’aperçoivent
que ceux de leur parti ont le dessous et que de
plus longs efforts seraient inutiles, elles se précipitent
sur eux et* les engagent à se rendre.
Alors les vainqueurs emmènent hommes ,
femmes et enfans, et vont les. vendre aux nomades
pour des bestiaux. Quant aux Gallahs,
leurs ennemis naturels, ils ne leur font aucun
quartier;' et même , avant de tuer ceux qu’ils
font prisonniers, ils leur font subir la même mutilation
qu’aux malheureux soldats turcs qui
leur tombaient entre les mains: les Gallahs, de
leur côté, usent de la loi du talion sur les cadavres
des nègres qui périssent en se défendant.
A I issue d une bataille , les vainqueurs apportent
à leurs femmes ces dépouilles obscènes : celles-
ci ,s’en parent avec ostentation; elles se les suspendent
au cou et en enfilent pour les porter
en guise de bracelets : plus le nombre de ces
dégoûtans joyaux est grand, plus elles acquièrent
de considération aux yeux: de la tribu;
ce sont des témoignages éclatans de la bravoure
de leurs maris. Cette coutume infâme, qui
décèle Fabsence de toute pudeur parmi ces
hommes grossiers, paraît avoir été en vigueur
chez les anciens peuples de l’Egypte. On voit sur
un bas-relief du temple de Médynet-Abou * les
vainqueurs occupés à faire compter des trophées
de cette nature enlevés aux cadavres de leurs
ennemis. Sur d’autres représentations, ce sont
des mains que Fon compte. Aujourd’hui, comme
on sait, les Turcs, mieux policés, mais non
moins féroces néanmoins, constatent par des
oreilles le nombre des malheureux qui succombent
sous leurs coups.
Les habitations des nègres du Qamâmyl et
du Beriât en général sont construites avec plus
d’art et de goût que celles du Fazoql et du
Sennar; ils ont, il est vrai, à leur disposition,
une espèce de bambou qui croît abondamment
dans le pays, et qu’ils emploient à cet usage
d’une manière fort industrieuse. Ces habitations
sont divisées en plusieurs cases : la principale,
le corps de logis proprement dit, est élevée de
3 pieds au-dessus du sol et repose sur de grosses
pierres (voy. la coupe vol. II, pl. LVI, fig. 2 ,
et le plan, fig. 1). Cette attention d’exhausser ainsi
le heu qu’ils habitent, a pour but d’en préserver
l’intérieur de l’invasion de Feaü, et de le rendre
moins accessible aux termes (arda des Arabes),
* Description de l’Êgypte, vol. I I , pl. 12. m. 3