tranquilles: je suppose qu’il sentait l'indispensable
nécessité de ménager sa poudre. A quatre
heures du soir, Haggi-Hammed arriva : épouvanté
du nombre d’ennemis qu’il avait vus, il
revenait en toute hâte , sans avoir osé rien entreprendre.
Le pacha, travaillé par la fièvre, s’était
proposé de prendre ici deux jours de repos;
mais le rapport de Haggi-Hammed le décida à
partir dès le lendemain. Sur ces entrefaites, des
habitans de Qassân, sans doute pour se débarrasser
plus promptement de notre voisinage ,
vinrent donner avis qu’un nombre prodigieux
dè nègres étaient à peu de distance, et qu’ils se
proposaient d’attaquer l’armée dans la nuit : ce
rapport était confirmé par nos guides eux-mêmes,
et s’accordait d’ailleurs avec celui de Haggi-Hammed.
Le pacha, au lieu de prendre du repos, se
vit donc obligé de se tenir sur la défensive; il
put faire encore une distribution de cartouches,
plaça des avant-postes, et l’armée entière resta
éveillée. Pas un seul nègre ne parut.
Quoi qu’il en fût, on s’empressa de décamper
le 13 à six heures et demie. L’armée prit, pour
se rendre directement au Fazoql, une route à
l’est de celle que nous avions suivie en venant.
A un quart de lieue de Qassân, on passa le
Tournât sur le même point qu’auparavant ; puis
on se rapprocha des montagnes de Fâkoumkom
et de Farogne, que nous avions à l’orient. Vers
le soir, la route, moins mauvaise, était dans un
bois. Cependant les animaux tombaient de fatigue
et ne pouvaient arrive!” jusqu à la station
indiquée par les guides pour trouver de leau.
Enfin, après une traite de dix heures trois quarts,
on fit halte dans le bois. Ceux des soldats qui ne
s’étaient pas munis d’eau, et c était le plus grand
nombre, eurent cette nuit-là à souffrir de la soif.
Nous aurions été réduits nous-mêmes à cette
cruelle privation, si le pacha neut pas eu la
complaisance de venir à notre secours.
Le 14, le départ eut lieu à cinq heures et
demie. Nous avions laissé à l’ouest la montagne
d’Aqarô. On se dirigeait dans une vallée remplie
de grands arbres. A huit heures, nous rencontrâmes
un village qui dépendait de la province
de Fazoql; à onze heures et demie, nous arrivâmes
à Adâssy, près du NîL Avec quelle joie lès
troupes se précipitèrent vers ce fleuve! C’était
à qui y boirait le premier, à qui se plongerait le
premier dans sês eaux. Notre arrivée ici était
déjà, pour nous tous, un jour de fête.
La faiblesse extrême île M. Letorzec lé mettait