que c’était là le motif qui les avait portés à
senfuir. Nous montâmes sur une barque’avec
nos bagages ; deux autres firent passer nos chameaux
à la nage. Sur les trois- quarts de sa
largeur, le fleuve n’avait que 4 pieds d’eau. Nous
n eûmes qu’à nous louer du zèle de nos bateliers,
qui, de leur côté, furent fort contens, mais bien
étonnés qu’un Turc leur eût procuré une si
bonne aubaine. Nous mîmes pied à terre sur la
province d’Halfây, jadis l’île de Méroé. Après une
heure et demie de marche, nous vînmes coucher
à ei-Hassaïat, grand village près du fleuve.
J ’avais suivi presque toujours, en allant, la rive
ouest du fleuve; je voulus désormais suivre, autant
qu’il serait possible, la rive orientale, pour acquérir
une idée plus juste du pays, et reconnaître
avec exactitude le grand coude que fait le
fleuve dans la province de Robâtât. Le 9 mars,
nous rencontrâmes el-E’ylfoun et Hellet-Édris,
deux villages de quelque apparence, dont l’un
est à un quart de lieue, et l’autre à une demi-
lieue du fleuve. Nous passâmes de bonne heure
sur les décombres de Sôbah : je m’y arrêtai de
nouveau, pour les parcourir encore une fois;
je n’y trouvai rien de plus que ce que j’avais observé
en allant : nous laissâmes ensuite derrière
nous les villages d’Amdôm, Korkol, Meryok.
Ici la route s’écarte du fleuve pour couper l’angle
que fait le Nil à sa jonction avec le fleuve Bleu.
Tout le pays entre el-E’ylfoun et Halfây est
nommé GoubaOyéli. A sept heures du soir, nous
arrivâmes à Halfây.
C H A PIT R E X LV .
Insurrection d’Halfây.— Rapport sur le fleuve Blanc.— Province
d’ei-Aïze.— Torrens.— Chronologie des cheikhs d’Halfây.—
Départ pour Chendy..—Petit village. — Merraeh ou Merreh.—
Arabes; leur commerce.—-Ruines’des temples de Naga, près
du fleuve; position d’une vifle antique.— Arrivée à Chendy.
A notre arrivée, nous allâmes prendre gîte
chez le gouverneur turc, Mohammed aga, pour
qui j’avais des lettres de Divan-EfFendy; je passai
avec lui la journée du 10. II m’apprit que vingt
jours auparavant, un soulèvement avait éclaté
dans le pays, sur la fausse nouvelle, qui s’était
répandue, de la mort d’Ismâyl et de la perte de
son armée dans les montagnes des nègres. Le
mélik, n’ayant pu contenir son peuple’ mutiné,
en fit prévenir Mohammed aga, qui, avec ses
soixante-dix hommes de garnison, s’esquiva dans
la nuit, et se replia sur Chendy : à peu de distance