Enfin, je me rapprochai de notre bivouac : je ne
pus y jouir que de quelques instans d’un sommeil
agité. Impatient de ne point voir venir le
jour, j’allai l’attendre sur les ruines. A peine les
reflets de l’aurore eurent répandu sur elles une
clarté douteuse, que, saisissant mes crayons,
je me mis à en lever le plan général (voL I,
pl. XXII, fig. 2). J’aurais voulu que le jour
s’écoulât avec moins de rapidité; je regrettais les
heures que l’impérieuse nature me commandait
de donner au repos : établi en permanence sur
des monceaux de décombres, j’oubliais quelquefois
de prendre la nourriture qu’on venait m’y
apporter ; le plaisir que j’éprouvais à dessiner et
à mesurer, semblait être un aliment suffisant
pour réparer mes forces.
En décrivant ces ruines, .je considérai, comme
point de départ, l’édifice central. La plus grande
longueur de celui-ci est de 14 mètres 77 centimètres
[45 pieds et demi environ] (voy. les détails
du plan, pl. XXIX, fig. 1 ) : il consiste en
une seule salle à quatre colonnes; au fond, et à
gauche, deux niches sont pratiquées dans l’épaisseur
des murs. Les portes latérales ne sont point
symétriques, et, comme toutes les autres, ne
présentent point de feuillures où des battans aient
pu s’emboîter. Les quatre angles extérieurs de
l’édifice portent le bourrelet arrondi que l’on voit
dans les monumens égyptiens ; ici il a un petit
socle carré qui lui sert de base, et l’on a conservé
de plus un entablement carré aussi qui l’accompagne
dans toute sa hauteur. L’axe du monument
fait avec le nord magnétique un angle de 50 degrés
vers l’ouest. Cet édifice est entouré de vingt-huit
colonnes. J’en pris deux vues {voy. pl. XXIV et
XXV). On peut regarder ces colonnes comme
ayant été érigées à deux,époques différentes (voy.
pl. XXIX, fig. 1 ) ; dans le principe, le portique
n’en avait que huit, comme dans la fig. 2 de la
même planche; on le reconnaît sans peine au
style des ornemens, à la nature du grès et au
défaut d’accord des colonnes plus modernes avec
celles qui existaient originairement *. Les colonnes
élevées après coup sur les côtés et le derrière
de.l’édifice, sont d’un grès plus blanchâtre
que celui qui a* été employé pour l’ensemble
des constructions; elles sont dépourvues d’or-
nemèns : les huit anciennes, au contraire, sont
* Siir'Ie plan , deux, de ces dernières colonnes, près de la façade,
ne sont pas juste à leur place : c’est une erreur du lithographe qui
a copié mon dessin. Elles doivent être rapprochées du premier
rang pour former un carré avec les trois autres.
III. 1 0