citer à venger tant d’outrages dans le sang de
leurs iniques oppresseurs. L’état critique où je
voyais les affaires d’Ismâyl me faisait faire des
réflexions peu riantes. Persisterait-il à porter ses
armes encore plus loin? j’avais lieu d’en douter.
Je m empressai donc de recueillir ici les ren-
seignemens que purent me donner les guides
qui conduisaient l’armée.
Les Arabes de Singué tannent et préparent
beaucoup de peaux; iis les exportent jusqu’au
Sennâr. Leurs habitations sont semblables à
celles de Qamâmyl; j’en ai levé un plan et une
coupe (voî.n, pl. LVT, fîg. 1 et 2). Plusieurs
petits torrens procurent aux habitans l’eau nécessaire
à leurs besoins; le plus considérable se
pomme Khor Serqoli. Le territoire de Singué,
dépend du Dâr Fôq [la province d’en haut] : en
effet, cette province est la plus méridionale du
Bertât. Elle s’étend de deux jours de marche
dans fe sud jusquà Fadassy, heu qui comprend
plusieurs villages, et qui confine avec le
pays des Gallahs. Entre Singué et Fadâssy, est
Doqochi, village qui, comme le précédent,, est
habite par des Arabes miisulmans. Fadâssy occupe
les bords de l’Yabouss, rivière assez forte,
dit-on, qui vient de Dâr ef-GalIah : elfe passe à
deux journées dans Test de Qamâmy I, et se jette
dans le Nil à la hauteur du viliage de Fakanka,
au nord, et près de Fâliti et deBel-Oye, à deux
journées aussi au-dessus du Fazoqi. L’Yabouss
a beaucoup d’eau toute Fannée : on ne Je passe
qua la nage ou sur des radeaux. Les hippopotames
et les crocodiles y abondent.
Fadâssy, par sa position, est devenu un fieu
de quelque importance : cest une place de marché
où les Abyssins conduisent des chevaux,
des bestiaux, des fers de lance, des casse-tètes
en fer, des couteaux, des haches, &c.; du blé,
du café, du,miel, des épices, des indiennes de
l’Inde pour les méfiks, des peaux tannées, &c.
Les Arabes de Dâr Fôq et de tout le Bertât y
viennent échanger, contre ces marchandises, de
la poudre d’or, du sel, des conteries de Venise.
Les villages des Gallahs les plus voisins de
Fadâssy sont à deux jours dans , le sud : on les
nomme Gambelet Dallalte. Dans ce dernier fieu,
les Abyssins exploitent des mines de fer : ils y
ont des forges, et fabriquent, avec ce métal, des
armes et divers instrumens tranchaus. Ganty est
une ville des Gallahs; on la dit plus éloignée.
Je mis tout en oeuvre pour me procurer ici
quelques renseignemens sur le fleuve Blanc;