consiste dans ia vente ou l’échange de leur
poudre d’or : ils ne savent pas la fondre; ils la
livrent telle qu’ils l’on recueillie aux Arabes
nomades du Bertât et de Singué, qui leur
donnent en retour des bestiaux, des fers de
lance et autres instrumens du même métal,
provenant de l’Abyssinie, tels que haches et
couteaux. Les nègres du Bertât en général ne
connaissent aucune écriture , aucun système de
numération ; ils comptent difficilement sur leurs
doigts des mains et des pieds. Leur langage
diffère souvent d’une montagne à l’autre, et ces
différences deviennent plus sensibles en raison
de Féloignement des lieux; car les diverses peuplades
ne communiquent point entre elles. J’ai
écrit sous la dictée de quelques nègres de Q.amâ-
myl tout ce qu’ii m’a été possible de leur désigner;
j’en donne le vocabulaire à la fin du tome II.
Dix-sept jours s’étaient écoulés depuis notre
arrivée à Qamâmyl : j’avais éprouvé beaucoup
de fatigues; et cependant ma §anté n’en était
que meilleure. Chaque jour je montais à cheval
pour parcourir les environs, et faire la recherche
des sables aurifères : nous avions beau
multiplier les essais, peser les sables, faire des
calculs de proportion entre une quantité donnée
de ces sables et son produit en o r, nous n’arrivions
jamais à un résultat qui pût donner au
pacha la moindre lueur d’espérance. Son dépit
était au comble. Ces monceaux d’or sur
lesquels il comptait tant, s’évanouissaient donc
en fumée! ces trentre mille nègres au moins
qu’il devait prendre s’étaient donc jusque-là réduits
à quelques centaines de ces pauvres gens !
Hélas! oui : ainsi l’avait réglé le destin. Il fallait
aller tenter fortune ailleurs : en conséquence,
ïsmâyl ordonna les préparatifs du départ. Je
n’avais plus que mon cheval et trois chameaux;
le pacha lui-même ne pouvait se procurer un
nombre suffisant de ces derniers : je m’estimai
très-heureux d’en trouver deux à acheter pour
sept cents piastres turques, c’est-à-dire, pour le
double de leur valeur. Je n’en fus pas moins
obligé d’abandonner une collection de beaux
échantillons de roches que j’avais rassemblés
dans mes dernières excursions. M. Letorzec,
accablé par la fièvre, était demeuré presque
toujours couché pendant notre séjour ici; ses
forces diminuaient à vue d’oeil ; son état me
donnait les plus vives inquiétudes. Lorsqu’il
apprit que Ion allait partir pour s’éloigner encore
dans le sud, le chagrin qu’il en ressentit