font toutes les caravanes, les langues de terre
qui remplissent les coudes que fait le fleuve,
comme dans les provinces d’el-Mahas et de
Sokfeot, on trouvera que cette distance de huit
cent soixante-treize milles romains conduit juste
à TAtbarah, commencement de l’île de Méroé.
Les mêmes envoyés de Néron* rapportaient
q u a trois cent soixante milles de Napata, ils
trouvèrent l’île de Méroé; qu’ils y aperçurent
des herbes plus vertes, des bosquets, des traces
de rhinocéros et d’éléphans. Si nous partons de
Barkal, lieu qui devait être l’ancienne Napata,
en suivant le fleuve dans tous ses contours,
nous trouverons la distance au plus de trois cents
milles pour arriver à l’Atbarah : il y aurait donc
soixante milles d’erreur. Mais les centurions
purent bien avoir voulu parler de la yille même
de Méroé; et nous aurions alors plus de trois
cent quarante milles ; ce qui paraîtra s’éloigner
fort peu de la distance énoncée, si l’on considère
que leurs évaluations, comme il est présumable,
étaient basées sur les journées de marche ;
portait Méroé sous le 9 .e d eg ré, n’est pas exacte: Les centurions
établissent leur mesure sur le nombre de milles parcourus en
suivant une partie des sinuosités du fleuve, et non en ïign e directe.
* Plin. liv .v , chap. 9.
manière de compter peu susceptible d’une précision
rigoureuse. Il est naturel que les centurions,
arrivés aux limites des pluies, aient vu la végétation
s’améliorer sensiblement; et c’est bien sur
l’Atbarah qu’ils ont pu commencer à trou ver les
traces d’animaux qui y sont communs.
Diodore de Sicile semble avoir puisé à la
même source queStrabon; comme lui il estime
que l’étendue en longueur de l’île de Méroé est
de trois mille stades, qui, à dix stades par mille,
donneraient trois cents milles romains : cette
mesure correspond parfaitement à la distance
qui existe à partir du confluent de l’Atbarah jusqu’au
point où ses sources et celles du Rahad se
rapprochent dans le sud. On trouvera aisément
la largeur de mille stades que lui assignent ces
mêmes écrivains , puisqu’ils ne disent point à
quelle hauteur de l’île on doit la prendre, et que
cette île est d’une forme triangulaire très-
prononcée.
II serait facile de multiplier les citations propres
à confirmer l’identité de l’ancienne île de Méroé
avec la province actuelle de l’Atbarah, enclavée
entre la rivière de ce nom, vers l’orient, le Nil,
Liv. x v ii, page 821. Bruce a reconnu toute la justesse de
cette évaluation, et il l’a citée.